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Le foot français à la peine en Europe

Une locomotive du PSG en panne en Ligue des champions, Marseille au bord de l’élimination en Ligue Europa… Les clubs français connaissent leur pire début de saison depuis 46 ans sur la scène européenne, ce qui relance le débat de la compétitivité de la Ligue 1 par rapport aux championnats concurrents.

Cette saison, six clubs français disputent les compétitions continentales: le PSG, Lyon et Monaco en Ligue des champions (C1) et Marseille, Bordeaux et Rennes en Ligue Europa (C3). Le bilan jusqu’ici ? Seulement trois victoires en 18 matches, le ratio le plus faible depuis 1972-1973.

La semaine écoulée illustre cruellement ces difficultés avec trois nuls des écuries tricolores en C1, dont un PSG malmené par Naples au Parc des Princes (2-2), et trois sèches défaites en C3.

A Marseille, l’entraîneur Rudi Garcia a analysé lucidement le fiasco de son équipe contre la Lazio Rome (3-1) en Ligue Europa : « La meilleure équipe a gagné. Nous avons été trop faibles ce soir, sur tous les plans, offensivement très stériles. (…) Nous sommes quasi éliminés ». Les Marseillais s’étaient pourtant distingués la saison dernière en se hissant jusqu’en finale de C3, perdue logiquement face à l’Atlético Madrid (3-0).

. Le PSG cale

Cette saison, hormis l’exploit de Lyon à Manchester City (2-1), les signaux ne sont guère rassurants pour le football français.

D’abord parce que le PSG, en dépit d’investissements colossaux, ne parvient toujours pas à franchir un cap en Ligue des champions, même s’il faudra attendre la suite de son parcours en C1 pour dresser un véritable état des lieux.

Depuis l’arrivée des propriétaires qataris, Paris n’a jamais dépassé les quarts de finale et cale face aux « gros clubs » européens (Barcelone, Chelsea, Real Madrid, Manchester City, Arsenal, Bayern Munich, Liverpool et Naples, dans l’ordre des confrontations depuis 2012) avec un bilan de six victoires en vingt-six rencontres, pour neuf nuls et onze défaites.

Cette année, dans une poule C très relevée, le PSG ne figure qu’en troisième position derrière Liverpool et Naples et devra se battre pour se qualifier pour le tour suivant. Ne pas disputer les 8es de finale constituerait un immense revers pour la locomotive du football français, qui a dépensé 400 millions d’euros à l’été 2017 pour attirer Neymar et Kylian Mbappé.

– Trop d’écart en Ligue 1 ?

Paris, toujours 7e club européen au classement UEFA, est-il pénalisé par le niveau global de la Ligue 1, un championnat insuffisamment concurrentiel pour préparer les grandes joutes continentales ? « Il ne faut pas dire que c’est la L1 notre problème, c’est nous-mêmes », a relativisé le défenseur Marquinhos après le match nul contre Naples.

Mais sur le terrain, des joueurs comme Adrien Rabiot ou Marco Verratti, pourtant dominateurs en championnat, ont encore eu du mal à se hisser au « niveau Ligue des champions » et ont souffert de la comparaison avec le milieu brésilien du Napoli, Allan.

A côté, la L1 ressemble pour le club parisien à une promenade de santé avec une série impressionnante de dix victoires en dix matches depuis le début de la saison.

Dans l’ombre de Paris (500 millions EUR de budget), les plus gros budgets du foot français (Lyon, Monaco et Marseille) manquent de régularité, avec le cas particulier de Monaco dont le modèle économique est fondé sur l’éclosion puis la revente de joueurs.

En Ligue 1, ils peuvent légitiment invoquer le gouffre financier qui les sépare du PSG. Mais l’argument ne tient pas forcément en Coupe d’Europe. Mercredi, Lyon, 285 millions d’euros de budget, rêvait d’un « exploit » en Allemagne sur le terrain d’Hoffenheim, dont le budget est plus de trois fois inférieur, mais l’OL a été rattrapé en fin de match par le club allemand (3-3).

– Deux Coupes d’Europe –

Par conséquent, les clubs français n’affichent qu’une moyenne d’1,11 point par match en Ligue des champions cette saison. Seules les écuries russes font pire.

Du côté de la Ligue de football, en 2007, le président de l’époque Frédéric Thiriez avait présenté un audacieux plan FootPro, en rêvant d’une victoire en Ligue des champions à l’horizon 2012.

L’actuelle présidente Nathalie Boy de la Tour a une feuille de route plus réaliste: permettre au football français d’intégrer le top 4 européen d’ici 2022, alors qu’il figure actuellement à la cinquième place au coefficient UEFA, derrière l’Espagne, l’Angleterre, l’Italie et l’Allemagne.

Il faudra des résultats bien différents pour y parvenir. Jusqu’ici le football français n’a remporté que deux Coupes d’Europe: la Ligue des champions de Marseille en 1993 et la Coupe des Coupes du PSG en 1996. Un plafond de verre toujours à briser.

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