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Le Borussia Dortmund, le roi du marché des transferts va-t-il se réinventer ?

En cédant Erling Haaland à Manchester City, le Borussia Dortmund a de nouveau réalisé des millions d’euros de bénéfices. Une tactique qui fonctionne bien pour remplir le compte en banque, mais pas la vitrine à trophées. Le nouveau directeur sportif Sebastian Kehl va-t-il changer de cap dans les prochaines années ?

Soixante millions, mais probablement cinquante millions d’euros quand les primes pour l’agent et la famille d’Erling Haaland auront été déduites, devraient aller garnir le compte en banque du Borussia Dortmund dans les prochaines semaines. La caisse enregistreuse des Borussen était râvie de s’ouvrir pour recevoir les fonds qui vont permettre à Pep Guardiola de signer le numéro neuf qu’il attend depuis de nombreuses années. Ce transfert confirme également la réputation du Borussia Dortmund en tant que roi du marché des transferts. Au cours des neuf dernières années, le club de la Ruhr a réalisé pas moins de 540 millions d’euros de bénéfices sur les transferts sortants. Dortmund se constitue petit à petit un trésor de guerre, même si ce dernier ne lui permet pas encore de rivaliser avec le puissant Bayern.

L’architecte de ce succès financier est Michael Zorc, le directeur technique qui a été associé au club toute sa vie, d’abord en tant que joueur puis en tant que manager. Il est l’homme qui a ramené Dortmund au sommet du football allemand, qui a attiré l’entraîneur à succès Jürgen Klopp au Signal Iduna Park et qui a permis au BVB de prospérer financièrement. Ce dernier point n’est pas négligeable quand on se souvient de la faillite de 2005. La tactique de Zorc a été la suivante : attirer les plus grands talents d’Europe à Dortmund pour un prix abordable avant de les revendre au prix fort. Ousmane Dembélé a ainsi généré 105 millions de bénéfices, Jadon Sancho 77,5 et Christian Pulisic 64.

Les 10 plus gros transferts des dix dernières années.

Prix de vente (en millions d’euros Prix d’achat (en millions d’euros) Bénéfice (en millions d’euros)
Ousmane Dembélé 140 35 + 105
Jadon Sancho 85 7,5 + 77,5
Erling Haaland 60 20 + 40
Christian Pulisic 64 / + 64
Pierre-Emerick Aubameyang 64 15 + 49
Henrikh Mkhitaryan 42 27 + 15
Mario Götze 37 / + 37
Mats Hummels 35 4 + 31
Abdou Diallo 32 28 + 4
Ilkay Gündogan 27 5 + 22

Tous ces joueurs ont constitué des réussites, mais pendant ces neuf années, Dortmund n’a jamais vraiment été en mesure de lutter pour le titre, restant toujours à distance très respectable du Bayern Munich. Avec seulement deux Coupes d’Allemagne et trois Supercoupes, la récolte de titres pendant cette période est très faible pour un club du standing de Dortmund. Et en Europe, au cours des cinq dernières saisons, le BVB a même été éliminé deux fois en phase de groupe de la Ligue des champions. Peut-on encore parler de Dortmund comme d’un vrai club de haut niveau ou les Borussen sont-ils devenus une simple intermédiaire vers le top ? Lorsque le grand talent Karim Adeyemi , le successeur attendu d’Haaland, a été présenté à Dortmund la semaine dernière, la question n’était pas de savoir s’il était l’homme qui allait offrir le titre de champion au Borussia, mais combien d’argent il rapporter à long terme.

Cette situation est symbolique de la situation du club en ce moment. Le Borussia Dortmund, tout en recevant des millions chaque année, est devenu une « souris grise » en Europe. Tout comme le Bayern est certain de remporter la Bundesliga chaque année, il est presque toujours acquis que le BVB, à distance respectable, prendra la deuxième marche du podium.

L'ancienne icône du Borussia Dortmund Sebastian Kehl a remplacé Michael Zorc comme directeur sportif. Le club de la Ruhr va-t-il changer pour autant de cap dans sa politique de transferts ?
L’ancienne icône du Borussia Dortmund Sebastian Kehl a remplacé Michael Zorc comme directeur sportif. Le club de la Ruhr va-t-il changer pour autant de cap dans sa politique de transferts ?© iStock

Les jeunes talents qui enfilent la tunique des Schwarz-Gelben voient d’ailleurs le club comme une étape intermédiaire vers le top. On peut goûter aux succès, mais l’on a aucune certitude de pouvoir brandir des coupes à la fin de la saison. Il est donc logique qu’après un certain temps, il préfère aller voir ailleurs s’ils ne peuvent pas remplir leur armoire à trophées collectifs. Cette politique rejaillit également sur les supporters, qui continuent d’affluer massivement au stade pour garnir le célèbre mur jaune, mais sont surtout frustrés par le manque de succès de leurs favoris. « La saison s’est bien déroulée pour nous » , affirmait l’entraîneur Marco Rose. « Mais nous n’avons pas réussi à obtenir le soutien total de nos supporters en nous adjugeant une victoire spéciale ou une victoire en DFB Pokal. Nous devons faire en sorte que les supporters s’identifient à nouveau à notre club pour qu’ils éprouvent à nouveau du plaisir à venir au stade« , avait poursuivi celui qui a enfilé le costume de T1 des Borussen au début de la saison.

Pour progresser, il faudra que Dortmund prenne de nouvelles mesures et peut-être qu’il faudra changer d’architecte pour bâtir ce nouveau BVB. Michael Zorc vient d’ailleurs de rendre son tablier après 44 ans de bons et loyaux services. C’est une autre ancienne icône des Schwarz-Gelben qui va prendre le relais. Sebastian Kehl va-t-il poursuivre le travail de son prédécesseur ou va-t-il prendre un nouveau cap pour rendre le club à nouveau vraiment sexy ? Dortmund arrive à un moment charnière de son histoire et le départ de Haaland pourrait bien être la fin d’une époque.

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