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Le « Blockbuster Juve »

Quintuple championne d’Italie en titre, la Juventus ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Sa somptueuse campagne de transferts, avec Gonzalo Higuain en tête de gondole, la hisse désormais au niveau des meilleures formations européennes. La Serie A ne suffit plus.

Le « Blockbuster Juve ». C’est ce que titrait la Gazzetta dello Sport la semaine passée. Le casting est effectivement édifiant, mais attention, cela peut parfois déboucher sur un navet. Imperméable à la pression grâce à une capacité déconcertante à tout dédramatiser, Max Allegri affronte ce chantier avec détachement. Mais il le sait : le sixième titre de champion consécutif (ce qui serait une première dans l’histoire du football italien) est un impératif.

Quant à la Champions League, elle a beau dépendre de beaucoup trop d’impondérables, on n’est pas du genre à se chercher des excuses à Turin. Sa marge d’erreur est là aussi réduite. D’où la tentation de retoucher sa formation de base. Le 3-5-2 sera-t-il toujours aussi indiscutable ? Lors de la saison qui a amené la Juve à deux doigts du triplé, le Toscan avait volontiers basculé vers une défense à 4. La base, paraît-il, de toute formation voulant s’imposer sur la scène européenne.

L’arrière-garde des bianconeri maîtrise les deux systèmes et deux de ses recrues y trouveraient leur compte, Mehdi Benatia et Dani Alves, à condition qu’ils s’intègrent rapidement. Le Marocain connaît très bien les rouages de la Serie A, mais le latéral droit brésilien découvrira, lui, un championnat beaucoup plus rigide tactiquement et ne pourra plus partir à l’abordage comme il le faisait sur la pelouse du Camp Nou. La recherche de l’équilibre parfait reste la priorité, et dans cette optique, c’est Miralem Pjanic qui aura un rôle prépondérant.

Tactiquement, le Bosnien est la plus intrigante des recrues, il peut être aligné en relayeur dans l’habituel 3-5-2 voire dans un 4-3-3, mais surtout, il est parfaitement capable d’occuper ce poste de trequartista si cher à Allegri. Un classique de ses précédentes expériences qu’il a dû mettre temporairement de côté depuis sa prise de fonction au centre d’entraînement de Vinovo.

De fait, entre sa vision du jeu, son toucher de balle mais aussi son sens du placement, l’ancien giallorosso possède toutes les qualités pour être placé derrière les attaquants dans un 3-4-1-2 qui serait alors une petite nouveauté. Il officierait en tant que rampe de lancement pour le duo 100 % argentin et complémentaire : Paulo Dybala, qui aime redescendre chercher les ballons et Higuain en pointe qui sait dialoguer avec ses partenaires. L’amitié qui lie les deux compatriotes pouvant, en sus, faciliter la mise en place de ce duo.

Ce que la Juve perdra en pressing avec l’éjection de Mario Mandzukic du onze-type, elle le récupérera en buts avec une attaque composée des deux meilleurs planteurs de la dernière saison de Serie A. Et on allait encore oublier Marko Pjaca dont les caractéristiques permettent de passer à trois devant en cas de besoin. Des solutions tranquillement testées durant l’été puisque seul le futur remplaçant de Paul Pogba manque à l’appel dans le roster. Et le fossé avec la concurrence continue de se creuser inexorablement.

Néanmoins, la moyenne d’âge élevée n’est pas le seul bémol de ce fol été, un autre aspect non-négligeable est à prendre en compte, la progressive désitalianisation de l’effectif alors que joueurs et dirigeants ont toujours parlé du socle d’autochtones comme le véritable secret de leurs triomphes. Ils ne sont désormais plus que huit dont les cinq titulaires théoriques qui ont tous franchi la barre des trente ans hormis Leonardo Bonucci (ce sera le cas l’an prochain).

Un ADN génétiquement modifié qui n’inquiète pas franchement les supporters de la Vieille Dame, bien loin de prêter attention à ces considérations en apparence abstraites. Les chiffres de la campagne d’abonnement parlent d’eux-mêmes. 29.300 souscriptions en un mois et demi et quota maximal atteint dès le 2 août, quand les clubs adverses sont contraints de multiplier les offres jusqu’à la fin de saison pour tirer vers le haut le taux de remplissage de leurs enceintes.

L’objectif ultime étant surtout d’occuper les gradins du Millenium Stadium de Cardiff, théâtre de la prochaine finale de Champion’s League, car, et même si ce n’est pas dans la mentalité de la Juventus de crier victoire en avance, le 6e scudetto de rang semble une affaire déjà pliée…

Par Valentin Pauluzzi

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