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La saison du Real Madrid sous la loupe: les miracles de Courtois, les deux Ancelotti et un plan B pour Benzema

Steve Van Herpe
Steve Van Herpe Steve Van Herpe est rédacteur de Sport/Voetbalmagazine.

Chaque jour, Sport/Foot Magazine s’intéresse de plus près à un club étranger de premier plan. Nous faisons le bilan de leur saison et nous nous posons la question des défis qui les attendent à l’avenir. Aujourd’hui, nous commençons notre tour d’Europe avec le Real Madrid.

Forces et faiblesses

L’Atlético Madrid a prouvé la saison dernière qu’il n’était pas nécessaire d’être l’équipe la plus prolifique de la Liga pour être sacré champion. Avec seulement 25 buts encaissés, il avait été plus intransigeant sur le plan défensif que le Real (28) et le FC Séville (33). Les Colochoneros devaient en grande partie leur titre à cette arrière-garde solide comme un roc.

Cette saison, le champion n’est pas l’équipe qui a concédé le moins de buts, puisque c’est le FC Séville (avec seulement 30 buts encaissés) , mais celle qui s’est montrée la plus prolifique. La tradition veut que cet honneur revienne depuis de nombreuses années au FC Barcelone. Cependant, avec le départ de Lionel Messi, le Barça a planté 12 roses de moins que son rival merengue, qui a secoué les filets espagnols à 80 reprises en 38 rencontres.

Là où la « Messidependencia » du club catalan a pris des proportions trop importantes ces dernières saisons, la dépendance du Real à l’égard de Karim Benzema a également été problématique par moments cette saison. La Casa Blanca a perdu quatre matchs de championnat au total et Benzema était absent lors de deux d’entre eux en raison d’une blessure.

Lorsque l’attaquant français est absent du pré, il n’y a pas de plan B et Carlo Ancelotti a souvent été contraint de bricoler pour remplacer son numéro 9 fétiche. Ce fut le cas au début du mois de février, lorsque l’entraîneur italien a même essayé de relancer le vilain petit canard Gareth Bale dans le rôle d’avant-centre. Mariano et Luka Jovic sont trop légers, au sens figuré du terme, pour assumer ce rôle de buteur du Real Madrid. Carlo Ancelotti n’est manifestement pas non plus très enthousiaste à l’idée de faire jouer Eden Hazard dans un rôle de « faux 9 ». Il faudra donc absolument trouver une solution à ce problème d’alternatives à Benzema pour la saison prochaine.

Pour se parer des lauriers nationaux, le Real Madrid a aussi pu compter sur les automatismes d’une grande partie du noyau dur, qui s’entraîne ensemble depuis des années. Surtout au milieu de terrain où les Toni Kroos, Luka Modric et Casemiro se trouvent les yeux fermés, eux qui faisaient partie du onze victorieux de trois C1 consécutives. Avec Ferland Mendy et Vinícius, le Real dispose d’un flanc gauche solide. A droite, il n’y a pas de tandem fixe mais Dani Carvajal résout beaucoup de problèmes grâce à son expérience.

Un changement marquant par rapport à la saison 2020/21 est le faible nombre de blessures auxquelles le noyau a été confronté lors de cet exercice. Le retour à Valdebebas du préparateur physique italien Antonio Pintus, l’été dernier n’est pas étranger à cette situation. Il occupait déjà cette fonction lorsque le Real avait fait main basse sur trois Coupes aux grandes oreilles consécutives.

L’entraîneur : Carlo (et Davide) Ancelotti

Lorsque le retour de Carlo Ancelotti (bientôt 63 ans) a été annoncé voici un an, quelques sourcils ont été levés ici et là. Après des passages moins convaincants à Naples et Everton, il semblait être un entraîneur en perte de vitesse.

Mais Carletto avait encore plus d’un tour dans son sac à malice puisqu’il a ramené la Liga à Madrid et que le Real disputera la finale de la Ligue des Champions ce samedi. Il faut cependant aussi nuancer le bilan en précisant que les adversaires directs du Real en championnat ont manqué rapidement de consistance et qu’en Ligue des Champions, le club merengue est passé trois fois tout près de la correctionnelle. Heureusement, « papa Miracoli » a réussi, à chaque fois, à redresser la barre avec de bonnes corrections tactiques et surtout des changements gagnants à l’image de Rodrygo, véritable game changer lors du 1/4 contre Chelsea et surtout lors de la demi contre Manchester City.

Le style à l’ancienne d’Ancelotti est parfaitement complété par le profil son fils Davide, qui est plus à l’aise dans le domaine de l’analyse vidéo et dans l’interprétation des datas. Le père et le fils sont très proches, comme l’a montré leur belle étreinte après l’élimination de Manchester City.

Carlo, le coach à l'ancienne, Davide, l'analyste vidéo et des datas. Le mélange de l'expérience et de la modernité sous le nom Ancelotti.
Carlo, le coach à l’ancienne, Davide, l’analyste vidéo et des datas. Le mélange de l’expérience et de la modernité sous le nom Ancelotti.© iStock

Joueur de la saison : Thibaut Courtois

Nous aurions évidemment pu parler de Karim Benzema, mais un peu de chauvinisme ne fait pas de mal de temps en temps. Thibaut Courtois a maintenu le Real Madrid à flot à de nombreuses reprises cette saison.

Le Trofeo Zamora, un prix que notre compatriote a déjà remporté à trois reprises, ne lui a cependant pas été attribué. Avec 24 buts concédés en 31 matches (0,77 but/match), Bono, le gardien marocain du FC Séville, a obtenu une moyenne légèrement supérieure à celle de notre gardien diabolique (0,81 but par match ou 29 buts encaissés en 36 matches).

Courtois n’est pas seulement l’homme de la saison en raison de ses performances en Liga, mais aussi grâce à ses arrêts miraculeux effectués en Ligue des champions. Aucun gardien de la compétition n’a fait mieux que lui en termes de parades (77,8 % contre 51,8 % pour Alisson le gardien qu’il affrontera en finale) et personne n’a eu à subir plus de tentatives au but que lui. Sur les quatre demi-finalistes, Courtois avait paré 50 tirs sur 63, alors qu’Alisson n’avait dû s’interposer qu’à 14 reprises sur 27 tentatives adverses. Le dernier rempart de City, Ederson, (a arrêté 15 tirs sur 29). Seul le joueur de Villarreal Geronimo Rulli (56 tirs dont 41 arrêts) se rapproche du ratio de Thibaut Courtois.

En Ligue des Champions, aucun des quatre gardiens demi-finalistes n'a dû faire face à autant de tentatives de tirs. Courtois a aussi réalisé de nombreux arrêts miraculeux et déterminants, à l'image de ce pénalty stoppé devant Lionel Messi qui a sans doute changé tout le parcours européen du Real Madrid.
En Ligue des Champions, aucun des quatre gardiens demi-finalistes n’a dû faire face à autant de tentatives de tirs. Courtois a aussi réalisé de nombreux arrêts miraculeux et déterminants, à l’image de ce pénalty stoppé devant Lionel Messi qui a sans doute changé tout le parcours européen du Real Madrid.© Getty Images/iStock

La coupe aux grandes oreilles est à peu près le seul trophée de club qui n’est pas encore exposé dans la vitrine de notre numéro un national. On lui a récemment demandé : « si vous pouviez faire un voyage dans le passé, quel serait-il ? » Sa réponse a été immédiate : « La finale de Lisbonne en 2014. Pour arrêter cette balle. »

L’Atlético était alors en finale de la Ligue des champions avec Courtois, 22 ans, dans les buts. Il menait 1-0 jusqu’à ce que Sergio Ramos reprenne victorieusement, de la tête, un corner dans le temps additionnel. Lors des prolongations, l’Atlético fatigué a été un oiseau pour le chat merengue (4-1). Ce samedi, Courtois, qui a aujourd’hui 30 ans, aura droit à une deuxième chance sur la pelouse du stade de France, à Paris.

L’avenir

Le refus de Kylian Mbappé a été un véritable coup de massue pour le Real Madrid. La superstar française de 23 ans était considérée comme la figure centrale du nouveau Real Madrid. Peu importe qui viendra ensuite au Bernabéu cet été, il sera toujours considéré comme un second choix.

C’est peut-être une bonne nouvelle pour Eden Hazard, qui voit disparaître un concurrent sérieux. L’attitude positive et pleine d’espoir de Carlo Ancelotti envers notre compatriote ces dernières semaines est certainement aussi un bon signe. Dans le système actuel du Real Madrid, cependant, seul le flanc droit semble être une option pour le Brainois. Nous ne voyons pas Vinícius Júnior et Karim Benzema perdre leur place dans le onze de départ de sitôt. Sur l’aile droite, Hazard peut certainement rivaliser avec Rodrygo, qui malgré des buts capitaux ces dernières semaines, excelle surtout dans un rôle de supersub. Marco Asensio est aussi un concurrent potentiel, mais il n’est pas non plus indiscutable dans le onze de base.

Avec le départ de Gareth Bale, il y aura déjà un concurrent en moins sur le plan offensif, même si Gallois a surtout joué les utilités cette saison. Luka Jovic et Mariano Díaz semblent également être sur le départ. Cela suggère que le Real essaiera de trouver une doublure pour Benzema et sans doute un ailier pour permettre à Vinícius de garder sa fraîcheur plus longtemps. A moins qu’Eden Hazard ne puisse endosser ce rôle…

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En transférant gratuitement Antonio Rüdiger, le club royal s’est déjà assuré les services d’un défenseur solide en vue de la saison prochaine. L’Allemand de 29 ans vient de Chelsea et doit renforcer un axe central défensif qui manque de possibilités en cas d’absence d’un des deux membres de la paire David Alaba-Eder Militão. Si Nacho Fernandez ne s’est pas mal débrouillé chaque fois que l’on a fait appel à ses services, il n’est pas un joueur sur lequel on voit comme un titulaire à Valdebebas. Jesús Vallejo n’a joué que 353 minutes cette saison, ce qui laisse penser qu’on ne lui fait pas beaucoup plus confiance.

À l’arrière droit, le Real possède deux trentenaires avec Dani Carvajal et Lucas Vázquez (et Nacho le dépanneur polyvalent), mais il a besoin de renforts à gauche. Marcelo, que l’on peut difficilement encore qualifier de rival de Ferland Mendy, devrait faire ses adieux à Bernabéu après 16 ans.

Dans l’entrejeu, la Sainte Trinité Kroos-Casemiro-Modric, également connue sous le nom de Triangle des Bermudes, va encore être associée une année supplémentaire. Le Croate approche de la fin de carrière et l’Allemand a déjà laissé sous-entendre que cette saison pourrait aussi être la dernière de sa carrière. Mais ce n’est pas vraiment un problème car Federico Valverde (23 ans) et Eduardo Camavinga (19 ans) ont été assez présent cette saison. Isco, dont le contrat expire, peut (enfin) partir et l’on ne sait pas encore ce qu’il adviendra de Dani Ceballos.

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