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La Juve, tout ça pour ça?

Tout ça pour un quart de finale ? En allant chercher Cristiano Ronaldo et ses cinq Ligues des Champions l’été dernier, la Juventus Turin avait d’autres ambitions qu’une élimination au mois d’avril, qui aura forcément des conséquences sur son projet sportif et économique.

Furibards la saison dernière après avoir cédé au même stade contre le Real Madrid de… Ronaldo, joueurs, entraîneur et dirigeants de la Juventus ont cette fois fait profil bas. Le meilleur a gagné et c’était l’Ajax Amsterdam. Tout le monde l’a vu et reconnu.

« L’Ajax a totalement mérité de se qualifier », a ainsi déclaré le président turinois Andrea Agnelli avant d’éteindre immédiatement l’idée d’une possible crise au sein de son club.

« Depuis cinq ou six ans, la Juventus figure de façon stable parmi les huit meilleures équipes d’Europe et nous devons poursuivre ce parcours », a-t-il dit.

En recrutant Ronaldo pour plus de 100 millions d’euros et plus de 30 millions de salaire annuel, la Juve pensait pourtant pouvoir monter d’un cran.

Le Portugais a fait sa part en championnat, où les Bianconeri pourraient décrocher dès samedi un 8e titre consécutif (19 buts), comme en Ligue des Champions, avec son fantastique triplé contre l’Atlético Madrid et ses buts à l’aller et au retour contre l’Ajax.

Allegri reste

« Je regarde l’ensemble du tableau. Nous sommes sur le point de gagner un huitième scudetto d’affilée, on a remporté la SuperCoupe, nous étions 43e au classement européen et aujourd’hui nous sommes cinquièmes, toujours présents en phase finale de la C1 », a rappelé Agnelli.

Mais la Juventus a des ambitions européennes plus que nationales et le projet Ronaldo ne concernait pas la SuperCoupe et un énième scudetto sans suspense.

La cible était bien plus haute, c’était le sacre européen, une quête contrariée depuis 1996 au fil de cinq défaites consécutives en finale. « Nous sommes passés du rêve à l’objectif », avait d’ailleurs affirmé Agnelli en début de saison.

L’échec de mardi aurait du coup pu marquer la fin d’un cycle, celui de Massimiliano Allegri, en poste depuis cinq ans. Le Toscan a connu de grands succès et ses inspirations tactiques ont souvent porté la Juve, comme contre l’Atlético au tour précédent.

Mais mardi, il a semblé impuissant face à un football simple, rapide et moderne, alors que les difficultés physiques des Italiens posent également question.

Là encore, le président n’a pas laissé le doute s’installer. « Ça sera avec Allegri sur le banc, bien sûr. Il a encore un an de contrat. On a un groupe jeune et fort, y compris au sein du staff. On réessaiera la saison prochaine », a assuré Agnelli.

Avec Allegri et Ronaldo, donc. Mais la Juventus devra trouver des idées pour redynamiser un effectif dont certains membres ont montré des limites (Dybala, Bernardeschi).

Dans le rouge

Du point de vue économique également, l’élimination de mardi est une mauvaise nouvelle, comme en atteste l’effondrement de l’action mercredi à la Bourse de Milan.

La Juventus reste tout de même un club en bonne santé, mais qui a consenti un très lourd investissement avec Ronaldo. Et cet investissement pèse sur le bilan, logiquement annoncé dans le rouge pour 2019 après déjà une perte de 19 millions en 2018.

Marketing, billetterie, sponsoring: l’arrivée de la superstar portugaise a pourtant déjà contribué à la hausse du chiffre d’affaires. Mais CR7 n’est là que depuis neuf mois et la machine à créer des revenus ne tourne pas encore à plein régime.

Le club piémontais avait par ailleurs tablé sur une hausse des revenus liés à la C1. Avec cette nouvelle élimination en quarts, elle n’a été que marginale, une douzaine de millions d’euros selon les estimations de la presse italienne.

Il faudra donc trouver d’autres ressources, notamment de sponsoring, où la présence de Ronaldo reste un atout considérable. En décembre, le club avait ainsi annoncé la prolongation de son contrat avec Adidas pour 51 millions par an, plus du double de ce que versait jusqu’alors la firme allemande. Le partenariat avec le sponsor maillot Jeep pourrait lui aussi être revu à la hausse.

Au bout du compte, l’élimination de mardi ne met pas la « Vieille Dame » en péril. Douze ans après avoir été reléguée en Serie B dans l’affaire du Calciopoli, la Juve a montré sur le terrain et dans les livres de compte qu’elle était redevenue un grand club européen. De ceux qui n’ont pas le droit d’échouer.

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