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La devise de Thomas Tuchel à Chelsea ? « Always change a winning team »

Thomas Tuchel n’est pas le premier entraîneur à prendre un bon départ avec Chelsea, mais il a déjà apposé sa griffe. Sous la direction de l’Allemand, les Blues vont tenter d’éliminer l’Atlético de Madrid en Ligue des Champions et de bien figurer en Premier League.

Thomas Tuchel a pris un excellent départ sur le banc de Chelsea, où il a remplacé Frank Lampard le 25 janvier, seulement un mois après son licenciement au PSG.

Après un 0-0 initial contre Wolverhampton, il a décidé de passer de quatre à trois défenseurs et a refait confiance à des gars comme Marcos Alonso, Antonio Rüdiger ou César Azpilicueta, écartés par Lampard.

Résultat: douze matches sans défaite et une différence de buts de 13-2, toutes compétitions confondues. Autant dire que la tâche de l’Atlético de Madrid s’annonce difficile, d’autant qu’en cinq matches à Stamford Bridge depuis l’arrivée de Tuchel, Chelsea n’a pas encore encaissé.

Éviction programmée

Il n’est pas rare qu’un coach prenne un bon départ à Chelsea. Maurizio Sarri a débuté par douze matches sans défaite en Premier League. Lors de son premier mandat, en 2004, José Mourinho a signé une série de treize rencontres sans être battu en automne. En 2007, Avram Grant n’a perdu que deux fois au cours de ses 34 premiers duels. Carlo Ancelotti (neuf victoires), Guus Hiddink (une défaite en 22 matches) et même Felipe Scolari (douze matches sans défaite) avaient également réalisé d’excellents débuts. Bref, les premières semaines de Tuchel sont prometteuses, mais ne constituent pas une garantie.

Selon The Athletic, Lampard, icône du club de 2001 à 2014, avait déjà signé son arrêt de mort à la fin de la saison dernière. Il voulait écarter quelques joueurs et en transférer de nouveaux, dont Declan Rice, le défenseur central de West Ham, qui, selon David Moyes, vaut plus de cent millions. Mais en 2014, Chelsea l’avait laissé partir gratuitement. À chaque fois que Lampard citait son nom, ses dirigeants se crispaient un peu plus.

L’idée initiale de Lampard, causée par l’interdiction de transfert dont le club avait été frappé, était de faire confiance à des jeunes du club et de bien les encadrer: Abraham, Mount, Hudson-Odoi, James, etc. représentaient l’avenir de Chelsea. Les étrangers (Rüdiger, Alonso, Azpilicueta, Pedro, Willian…), eux, pouvaient s’en aller. Soutenu par les fans et fort des résultats obtenus la saison dernière (une qualification pour la Ligue des Champions et une finale de FA Cup), Lampard se sentait invincible.

Mais Chelsea est un club étrange. Lors du mercato, Lampard a réclamé Aubameyang et on lui a donné Werner. Il voulait Rice, mais a dû se contenter de Thiago Silva. Selon The Athletic, des six gros transferts de Chelsea (un investissement de plus de 200 millions d’euros), seul Ben Chilwell (Leicester City) était vraiment un homme de Lampard. Il était clair qu’il avait intérêt à gagner.

On reprochait surtout à Lampard de ne pas communiquer. Petr Cech, conseiller de la direction, tentait de jouer les pompiers de service auprès des joueurs et de leurs agents.

Heureusement, les résultats plaidaient en faveur de Lampard. Chelsea a remporté son groupe de Ligue des Champions et, le 5 décembre, il a même pris provisoirement la tête de la Premier League. Mais quatre défaites, une victoire et deux nuls plus tard, il était dehors. L’échafaud était prêt depuis longtemps et l’arrivée de Tuchel sur le marché n’a fait qu’accélérer les choses.

Thomas Tuchel
Thomas Tuchel

Encore rien de fait

Les bons résultats obtenus par Lampard doivent donc permettre de relativiser la bonne série de Tuchel. La différence, c’est que l’équipe est désormais plus solide défensivement. En perte de balle, elle joue à cinq derrière, plus deux médians récupérateurs à choisir entre Jorginho, Kovacevic et Kanté.

Tuchel n’a pas d’équipe-type. Une façon de ne pas se faire d’ennemis? Sur ses neuf premiers matches de championnat, il a titularisé vingt joueurs différents et n’a jamais aligné deux fois de suite la même équipe, même après une belle victoire. Lorsque Chelsea s’est imposé 0-1 à Liverpool, tout le monde pensait qu’il ne changerait rien, mais contre Everton, il a remplacé cinq joueurs et a confié un autre rôle à Werner. « Parce que je voulais du mouvement », dit-il. Chelsea l’a emporté 2-0.

Selon The Athletic, Tuchel a hésité à s’engager avec Chelsea, qui ne lui proposait qu’un contrat de 18 mois. Le calendrier chargé lui faisait peur: les Allemands ne sont pas habitués à une telle succession de matches. Après deux bons mois, on peut dire qu’il a acquis le rythme. Et il dispose d’un noyau suffisamment large pour faire tourner.

S’il a relancé les étrangers, il n’a pas sacrifié les jeunes à qui Lampard avait fait confiance. Il communique davantage que son prédécesseur et, de l’aveu même des joueurs, ses consignes tactiques sont plus claires. Celui qui ne les suit pas est remplacé après une demi-heure, comme Hudson-Odoi à Southampton. Mais il reçoit des explications devant tout le groupe.

Tuchel dispose d’un noyau qualitativement plus fort que ceux de Liverpool ou Leicester. Notamment parce qu’à cause du covid, Chelsea n’a pas pu vendre les joueurs dont Lampard voulait se débarrasser. C’est important, car il joue encore sur trois fronts. Et si Abramovich a autant investi cet été, ce n’est pas pour terminer quatrième.

Tuchel n’a donc encore rien gagné. Au PSG, les joueurs en avaient marre de lui. Ziyech et Chilwell jouent beaucoup moins, Abraham pratiquement plus et on parle beaucoup de l’arrivée de Haaland. Havertz n’a pas encore répondu à l’attente et Kepa est toujours sur le banc. Dans un an et demi, Rüdiger et Christensen seront en fin de contrat. Il va falloir prendre des décisions. Dont celle de prolonger le coach. Celui-ci a admis à BT Sport qu’il trouvait étrange qu’on ne lui ait proposé qu’un an et demi de contrat. « Mais même si on m’avait donné cinq ans, on peut me limoger à tout moment . »

Avec Tuchel, les joueurs de Chelsea ont plus de temps à consacrer à leur famille. En Angleterre, les coaches mettent leurs joueurs au vert avant chaque match. Pas lui. Avant le duel face à Newcastle, ils sont arrivés au stade quelques heures avant le match. Et à la mi-temps, alors que le score était de 2-0, Tuchel leur a promis deux jours de repos s’ils gagnaient. Une façon comme une autre de les motiver.

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