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« L’image de la France, c’est Pogba: capable de tout faire à un très haut niveau »

Notre journaliste Guillaume Gautier répond à trois questions sur la première journée de l’EURO. Au menu: l’entrée en scène des favoris, le niveau de jeu et la surprise du tournoi.

1. Quel est le favori qui a fait la meilleure impression sur ce premier match ?

Difficile d’en dégager un, parce qu’on sent que beaucoup d’équipes sont encore en train de monter en puissance. L’Angleterre a vraiment impressionné pendant vingt minutes, mais n’a pas su tenir le rythme imposé aux Croates, par exemple. L’énergie déployée par les Italiens ou les Néerlandais était plaisante, mais on a l’impression que ces équipes sont peut-être déjà à leur plafond de performance, alors que les véritables favoris semblent encore en rodage.

Dans ce registre-là, la Belgique et la France ont marqué des points. Les Diables ont rapidement plié le match, et si on a tendance à minimiser leur succès au vu de la faiblesse des Russes, la situation est rêvée pour Roberto Martínez qui a pu offrir tranquillement du temps de jeu à Eden Hazard assez tôt dans la rencontre. Gagner en s’économisant, ça pourrait être précieux dans une compétition placée au bout d’une saison très longue. Contre des Allemands bien plus coriaces, les Français n’ont pas joué avec le frein à main, mais leur domination physique est impressionnante. Derrière les trois énormes talents qu’ils ont devant, il y a un groupe qui dévore chaque ballon, gagne presque chaque duel et ressort très facilement une fois la possession récupérée. L’image de cette équipe, c’est Paul Pogba : un joueur capable de tout faire à un très haut niveau.

2. Que penser du spectacle proposé par les sélections lors de ces douze premiers matches ?

Forcément, on est loin de l’intensité et de la qualité collective de la dernière finale de Ligue des Champions, qui mettait aux prises deux des plans de jeu les plus élaborés d’Europe. Les sélectionneurs n’ont pas eu le temps de travailler grand-chose ces dernières semaines, et les équipes les plus à l’aise collectivement sont donc celles qui travaillent leur plan depuis plusieurs années, comme la Belgique ou l’Italie.

Le problème de cet EURO, c’est que les confrontations déséquilibrées donnent souvent le même scénario, pas vraiment télégénique : une équipe qui prend le ballon et cherche à trouver la faille, une autre qui ne conteste pas la possession et place le plus de joueurs possible entre la balle et ses filets. Un plan compréhensible, mais regrettable quand il n’est pas accompagné d’au moins une idée offensive pour faire la différence une fois le ballon récupéré, comme on l’a vu avec la Suède ou la Turquie qui envoyaient juste le ballon le plus loin possible devant en espérant que ça se finisse bien. Ces matches-là ne sont pas les plus agréables, sans qu’une des équipes ne soit vraiment à incriminer, et finalement on prend plus de plaisir quand deux nations du même calibre s’affrontent, que ce soit pour un France-Allemagne ou un Écosse-République tchèque. La seule exception a été offerte par l’Ukraine, qui n’a pas eu peur de regarder les Pays-Bas dans les yeux, et n’en a malheureusement pas été récompensée.

3. Au vu du faux-pas de la Turquie, doit-on déjà chercher ailleurs la surprise du tournoi ?

Au-delà du résultat, le plus décevant côté turc était la proposition offerte sur le terrain, avec un plan de jeu inexistant avec la balle. À ce titre, on a vu un séduisant Danemark jusqu’à l’accident de Christian Eriksen, mais la situation émotionnelle de l’équipe sera probablement et logiquement trop affectée pour réussir le grand tournoi auquel cette sélection aurait pu prétendre.

Les prestations de l’Ukraine et de l’Autriche peuvent laisser présager un beau duel dans la foulée des Pays-Bas, et peut-être une étape supplémentaire franchie lors de la phase finale. Les équipiers de Ruslan Malinovskyi sont audacieux et disposent de quelques belles individualités, alors que l’équipe de David Alaba offre quelques automatismes issus de l’école Red Bull, où ont été formés une bonne partie des joueurs, et pourrait dépasser les attentes au décompte final.

Difficile toutefois d’imaginer une équipe « inattendue » atteindre le dernier carré, vu la densité des favoris et outsiders qui ont répondu présent d’entrée de jeu pour la plupart. Le stade des huitièmes de finale pourrait néanmoins être plus piégeux que prévu, là où le déséquilibre des confrontations pourrait obliger certaines grandes nations à assumer le ballon, ce que toutes ne font pas avec plaisir.

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