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L’Atlético Madrid, ou les limites de la méthode Simeone

Exigeante jusqu’à l’usure: la méthode Diego Simeone, qui a mené l’Atlético Madrid au succès pendant huit ans, semble toucher ses limites avant la réception du Lokomotiv Moscou mercredi (21h00), décisive pour la qualification en huitièmes de finale de la Ligue des champions.

Depuis le début de la saison, « El Cholo » Simeone évoque une période de « transition » au sein du club, qui a perdu plusieurs cadres l’été dernier, comme Antoine Griezmann ou Diego Godin. Mais cette phase commence à traîner en longueur: l’Atlético n’a gagné que 6 matches en 15 journées de championnat, et n’a marqué que 16 buts (14e attaque d’Espagne).

En difficulté en Liga (6e avec 26 pts, à 8 pts du leader Barcelone), l’Atlético l’est tout autant en Ligue des champions. Une défaite mercredi contre le Lokomotiv pourrait précipiter les « Colchoneros » vers l’élimination, et la place de Simeone serait elle aussi menacée.

« On est dans une période difficile, et c’est inquiétant, parce que les victoires n’arrivent pas », s’alarmait Saul après la défaite à domicile contre Barcelone (1-0), le 1er décembre.

« L’équipe a tout donné, il faut aussi prendre en compte que nous sommes dans une année de transition… Patience et tranquillité », avait demandé Simeone.

Griezmann, le grand absent

Porté pendant cinq ans par l’adresse de Griezmann (133 buts entre 2014 et 2019), aujourd’hui au Barça, l’Atlético est en pleine reconstruction, après avoir connu 17 départs cet été pour 8 arrivées.

Un mercato mouvementé qui a marqué la fin d’une ère faste chez les « Colchoneros », avec un titre de champion (2014) et deux places de dauphin (2018, 2019) en Liga, une Supercoupe d’Espagne (2014), deux finales de C1 (2014, 2016) et un titre en Ligue Europa (2018).

Avant même le début de l’exercice, Diego Simeone avait prévenu que cette saison constituerait « le plus grand défi » de ses huit années passées sur le banc de l' »Atleti ».

La période est maussade car en l’absence de Griezmann, l’Atlético n’arrive plus à franchir les défenses (16 buts marqués seulement, 14e attaque de Liga).

On attendait beaucoup du diamant Joao Felix (20 ans), transféré de Benfica pour 126 millions d’euros l’été dernier. Mais pour l’instant, il n’arrive pas à se montrer décisif avec l’Atlético… ce qui lui a valu les sifflets du public lors de la réception du Barça.

Pour animer son attaque, Diego Simeone comptait aussi sur sa doublette Alvaro Morata – Diego Costa. Si le premier brille en club comme en sélection, le second, opéré d’une hernie discale cervicale et absent au moins jusqu’en février, n’a plus le rendement phénoménal qui était le sien lors de l’année du titre, en 2014.

« On n’y arrive pas »

Les buts n’arrivent pas, les succès non plus, et cela frustre les joueurs.

« Il nous manque de la chance ou de la précision… Je ne sais pas trop ce qu’il nous manque. Pour gagner des matches, il faut que l’on marque des buts, et on n’y arrive pas », a déploré Koke, le nouveau capitaine madrilène, passablement agacé après le 0-0 concédé à Villarreal vendredi.

Même la si solide défense « rojiblanca », qui reste la meilleure de la Liga (10 buts encaissés), est expérimentale: après les départs de Juanfran, Godin, Filipe Luis et Lucas Hernandez, et les blessures de Giménez et Savic, Simeone a bricolé une défense avec Trippier, Felipe, Mario Hermoso et Lodi (ou Saúl, comme contre Barcelone). Un rideau tout neuf, donc, devant l’excellent gardien Jan Oblak.

A 49 ans, Simeone reste l’icône du Metropolitano et il a souvent bénéficié d’une mansuétude rare ces dernières années lorsque son équipe ratait ses objectifs. Mais si l’Atlético est éliminé mercredi contre le Lokomotiv, lui laissera-t-on le temps de rebâtir ?

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