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L’Atalanta, pour Bergame et avec Bergame

« Bergamo Mola Mia ! » « Bergame, ne lâche pas ! » La ville lombarde a été affreusement frappée par le coronavirus et le mot d’ordre s’est affiché partout, jusque sur un t-shirt brandi par les joueurs de l’Atalanta, portés par toute une ville en Ligue des champions.

C’était le 10 mars et l’Atalanta venait de s’imposer 4-3 à Valence pour valider sa qualification pour les quarts de finale de la C1. La maladie était déjà bien présente en Lombardie et faisait ses premiers dégâts.

Après la victoire, Ilicic, Gomez, Zapata, Caldara et les autres se regroupent et exhibent le fameux t-shirt devant les caméras, avec ces quelques mots et cette expression en dialecte local. « Bergame, c’est pour toi. Mola mia ! ».

Le club de son côté envoie immédiatement sur les réseaux sociaux un message pour demander aux tifosi de ne pas se réunir, de ne pas fêter ensemble la victoire. Il y a trop de risques.

En fait, il est surtout trop tard. La Lombardie a été la première à subir la vague de Covid-19 et cette région industrieuse et travailleuse est devenue l’épicentre d’une crise sanitaire mondiale, « une sorte d’immense Tchernobyl regardée avec terreur et suspicion », comme l’écrivait lundi la Gazzetta dello Sport.

Le dernier bilan des autorités italiennes fait état de plus de 35.000 morts dans le pays, dont près de 17.000 en Lombardie. La province de Bergame a été, avec celle de Brescia, la plus touchée. Selon les derniers décomptes, la surmortalité dans la ville et sa province a atteint près de 7000 morts.

Territoire dévasté

En mars, la situation était si grave que les crématoriums locaux ne pouvaient plus suivre le rythme des décès. Les cercueils étaient entassés dans les églises et des camions militaires mobilisés pour les emporter.

« Notre centre d’entraînement est à côté d’un hôpital. Les ambulances passaient toutes les deux minutes. On se serait cru dans un pays en guerre », a raconté l’entraîneur du club Gian Piero Gasperini.

« Ce sont des images qui ont choqué le monde mais qui ont donné la mesure de ce qui se passait dans ce territoire fantastique », a de son côté déclaré le président Antonio Percassi au quotidien local Eco Di Bergamo, dont le cahier nécrologie dépassait les 10 pages au plus fort de la crise.

« Ce territoire a été dévasté, à tous points de vue. Mais tout le monde a su réagir », a ajouté Percassi, richissime homme d’affaires natif de la région et qui a lui-même été joueur de l’Atalanta.

Le club a participé à ce redressement. Les joueurs et la direction ont multiplié les donations pour aider à la construction d’un hôpital de campagne, à laquelle des groupes de tifosi ont également contribué, financièrement et avec leurs bras.

« Je renaîtrai, tu renaîtras »

Petit à petit, la vague a reflué. Mais le virus avait trouvé dans la région un terrain favorable: une récente étude sérologique a montré que dans la province de Bergame, 24% des personnes testées présentaient des anticorps. Dans certaines zones, le chiffre dépasse 40%.

Le football, lui, a également retrouvé sa place, sans supporters, qui ne peuvent toujours pas « retourner à l’Atalanta ». Mais avant chaque match, résonnent au stade les notes de « Rinascero, Rinascerai » (Je renaîtrai, tu renaîtras), une chanson composée pendant le confinement par Roby Facchinetti, un musicien natif de Bergame.

« La situation s’est nettement améliorée. En ce moment nous avons très peu de cas, 15 sur 22.000 tests effectués. Au plan sanitaire, l’urgence est terminée. Il y a un risque pour l’automne mais nous sommes sereins », a jugé samedi le maire de la ville Giorgio Gori, interrogé par la Gazzetta.

Gasperini, lui, sait combien ses joueurs et la ville sont désormais soudés par une traumatisante expérience commune. « Bien sûr, l’équipe est liée à la souffrance de Bergame et cela l’accompagnera sur le terrain », avait-il dit en juin avant la reprise de la Serie A.

« Plus qu’en championnat, je m’attends à trouver cette énergie supplémentaire en Ligue des champions, pour une aventure exceptionnelle. Cette ville mérite une joie hors du commun », avait-il ajouté.

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