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Kouyaté :  » Coulibaly a risqué sa vie pour moi ! « 

Cheikhou Kouyaté, l’Anderlechtois le plus précieux des derniers play-offs, nous a reçus chez lui pour évoquer sa nouvelle vie outre-Manche. L’occasion également de revenir sur une histoire folle d’agent véreux et une opération commando d’Elimane Coulibaly.

Aujourd’hui au top dans l’un des plus grands championnats du monde, le Sénégalais Cheikhou Kouyaté n’a pas été épargné par les difficultés en Europe.

C’est un certain Philippe Kontostavlos qui vous permet de découvrir l’Europe avec un premier test en Grèce…

Il m’a repéré pendant un match où j’étais au top avec l’équipe nationale junior. Mon président de l’époque m’a dit : « Ton père est malade, c’est toi qui dois le soigner. Ta mère doit arrêter de travailler à cause de toi. Donc essaie de réussir en Europe, que tes parents soient fiers de toi.  » Les tests en Grèce et en France se sont mal déroulés pour diverses raisons, et alors que Philippe m’avait fait dormir chez un inconnu où je n’osais bouger de mon canapé que pour aller aux toilettes, mon président sénégalais m’a téléphoné. Il m’a dit que j’allais partir à Bruxelles en première division, c’est mon actuel agent qui a réglé le transfert. Deux ans plus tard, je signais à Anderlecht qui m’a directement prêté à Courtai. Là-bas, il a fallu attendre un derby contre Zulte Waregem pour gagner ma place. J’ai été homme du match, j’ai gagné l’amour des supporters, c’est la première fois que des hommes me faisaient des bisous, les gens étaient fous et à partir de là je ne suis plus sorti de l’équipe. Un jour contre le Standard, on avait perdu mais j’avais bien joué donc Laszlo Böloni est venu me voir et m’a dit : « T’as encore combien d’années de contrat toi ici ?  » – « Je suis un joueur d’Anderlecht… » – « Merde ! « 

Quelque temps plus tard pourtant, Philippe est revenu…

Tout allait bien, on parlait de moi, et tout à coup, à la fin d’un entraînement à Courtrai, deux gardes armés viennent me trouver avec Sven Kums en nous « invitant » à les suivre. Arrivés près de la voiture, ils nous poussent dedans et je vois Philippe qui commence à rire : « Ça va, tu vas bien ?  » Je lui demande directement ce qu’il veut, il répond : « Tu crois qu’on peut m’échapper si facilement toi ?! Si tu es là aujourd’hui c’est grâce à moi » alors qu’il s’était enfui à l’époque. On était dans la merde parce qu’il me réclamait 30 000€ pour avoir volé son ami qui m’avait hébergé, je ne lui pardonnerai d’ailleurs jamais de m’avoir accusé de vol. Dans le même temps, Elimane Coulibaly, mon grand frère, a été averti que des gens m’agressaient. Je ne pourrai jamais oublier ce moment où je le vois se mettre à courir, à taper le premier garde : bam, puis l’autre : bam. Philippe voulait arranger les choses, mais Couli s’est énervé et a dit : « Sven et Cheik, dans la voiture ! Et vous, rentrez aussi ! » Je ne les ai plus jamais vus (rires). Le lendemain, j’ai marqué contre Roulers donc Vanhaezebrouck a plaisanté en disant qu’on allait les appeler chaque veille de match. Plus sérieusement, Coulibaly a risqué sa vie pour moi et ça je ne pourrai jamais l’oublier car les gars auraient très bien pu lui tirer dessus.

Un épisode désormais oublié pour l’ex-Anderlechtois qui s’éclate à Londres.

Quel est l’argument-choc qui vous a fait venir à West Ham ?

Avec West Ham et Valence, c’étaient des salaires que je n’avais jamais vus, j’allais pouvoir payer une maison à mes parents. Comme j’avais deux-trois mois pour faire mon choix, je suis retourné au pays. Sur place, Sam Allardyce m’appelle alors qu’il est en vacances en Espagne, il voulait me voir deux jours plus tard à Londres. Quand j’ai dit ça à mon père, je l’ai vu pleurer pour la première fois de ma vie. Il était trop content, donc j’ai pris mon billet pour Londres. Allardyce a écourtéses vacances uniquement pour moi et à Upton Park, j’ai bien compris que les dirigeants n’allaient pas me laisser partir tant que je n’avais pas signé de contrat (rires).

Comment se sont passés les débuts à West Ham ?

Au début j’ai reçu des coups, à l’entraînement, en match… pour comprendre ce que c’est le jeu anglais. Mais tout le monde était sous le charme, j’ai été bien accueilli par les joueurs, notamment Mark Noble ou Kevin Nolan. Ils essayaient de parler un anglais lent pour que je comprenne et si ça n’allait pas, ils appelaient Guy (Demel) ou Momo (Diamé) pour me mettre à l’aise. Ça m’a bien aidé.

Vous avez senti qu’il y avait du changement au club cet été ?

Oui beaucoup. Ils ont embauché Teddy Sheringham, un monument du foot anglais, pour s’occuper des attaquants et qui m’a notamment aidé à mieux trouver le chemin des filets. Il me répète sans cesse que le plus important, c’est de cadrer. Et puis le fait de s’offrir le stade olympique montre que le club a des ambitions. Dans deux ans, West Ham va jouer pour le Top 4 je pense.

Au mois de juillet vous faites connaissance avec le foot anglais en recevant un tacle les deux pieds en avant, mais en août vous êtes élu joueur du mois par les supporters. Quelle transition parfaite !

J’aime les défis donc quand je suis arrivé, j’ai dit à Sam Allardyce :  » Coach, vous n’allez pas le regretter.  » Il m’a répondu :  » J’espère bien « , parce qu’il avait écourté ses vacances. Avant, à Anderlecht, quand l’entraînement était fini, je repartais. Ici ça a changé : avant l’entraînement chez moi je fais des abdos, de la musculation et quand je reviens c’est pareil, maintenant je travaille plus. Mon premier match amical pour West Ham, j’ai été élu homme de la rencontre par les supporters. Et la première journée de championnat, c’était directement un derby contre Tottenham…

À Anderlecht, un jour qu’un journaliste vous parlait d’Angleterre, vous aviez dit  » Imaginez : jouer contre Rooney…  » C’est désormais fait et vous lui avez même mis un superbe but !

Il y a huit ans au Sénégal, on parlait de Rooney en rêvant, et là il est réalisé ce rêve. En plus, j’ai failli donner la victoire à mon équipe… Par contre, je n’ai pas parlé avec lui à la fin du match parce que mon anglais n’est pas top, j’ai échangé mon maillot avec Marouane Fellaini (sourire).

Vous avez une belle anecdote à raconter à propos de Londres ?

La voiture que le club m’a donnée n’a pas roulé 10 minutes sans avoir son premier accident, à cause de la droite et la gauche (rires). Dieu merci j’ai pris un trottoir vide, mais les roues étaient explosées.

Par Emilien Hofman, à Londres

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Cheikhou Kouyaté dans votre Sport/Foot Magazine

Droit de réponse de Philippe Kontostavlos

« Après lecture de cet article paru dans Sport/Foot Magazine, en date du 8 avril 2015, j’ai pris connaissance de l’interview de Cheikhou Kouyaté, totalement mensongère et surréaliste.

Certes, je conçois que ma réaction est tardive, j’avais décidé d’ignorer de tels propos aussi faux que malveillants mais des proches m’ont poussé à réagir car ce jeune homme oublie d’où il vient et quel fut mon rôle .

Je suis effectivement parti à Dakar, afin de trouver de jeunes joueurs à fort potentiel. Mon ami et correspondant Zam Ndiaye m’accueillit et m’accompagna dans cette aventure.

À l’époque il était loin  »d’être au top en sélection » comme il le prétend, car c’est lors d’un match de junior avec son club Yego, qui évoluait en troisième division, ce club étant partenaire de l’AS Saint Etienne qui ne l’a pourtant jamais invité ou envisagé de le signer, que je le découvris.

Il vivait chez son président, entraîneur et… conseiller dans des conditions spartiates.

Avec Zam nous avons investi sur les frais de déplacement, billets d’avion pour le Maroc, afin d’obtenir le visa pour la Grèce, puis après 4-5 jours d’attente décollage pour la Grèce ou le club de Yannina l’attendait.

À cette époque il évoluait au poste d’attaquant, et malgré de bonnes prestations le club ne donna pas suite…

Départ pour la France, essais à Nancy, Auxerre, avec toujours la même réponse négative. Avec Zam nous avions décidé de limiter les frais , un ami accepta de l’héberger et je peux assurer qu’il fut, comme durant toute cette aventure, dans un confort et une liberté totale.

Son président me fit part d’un intérêt de Toulon de le voir. Ce club évoluait en National, je refusai car le gamin n’était pas armé pour jouer tout de suite à ce niveau surtout au poste d’attaquant qui au départ était le sien…

Nous partîmes à Sedan, mais son président envoya un courrier à Sedan afin d’annuler l’essai…

C’est au retour à Paris, quelques jours après, que mon ami m’appris que Cheikhou s’était sauvé en volant même un blouson lui appartenant.

Mon erreur fut de ne pas lui avoir fait signer un mandat mais Zam qui était le garant ne pouvait s’imaginer une telle issue…

Après tout ce que nous avons fait pour lui… Voilà le remerciement…

Quand à cette soi-disant rixe en Belgique, cela tient de la fiction. Dans ce cas, si les faits étaient réels, pourquoi n’a-t-il pas porté plainte auprès de la police ?

Nous étudions la possibilité de l’attaquer en justice pour diffamation.

Pour tout vous dire, je reste persuadé que Cheikhou est un bon petit. Il a agi sous influence en se sauvant.

Par contre maintenant qu’il a réussi grâce à ses mérites, se réfugier dans le mensonge et la calomnie ne l’honore pas.

C’est triste.

Je doute qu’il soit fier de ce qu’il nous a fait, et c’est une histoire entre lui et sa conscience… »

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