KDB vs Eden
Kevin De Bruyne et Eden Hazard, qui s’affrontent pour la première fois de la saison ce week-end lors de Manchester City – Chelsea, sont les leaders offensifs de leur équipe.
La Belgique est comme un puzzle. Les pièces s’assemblent logiquement, et il n’en reste plus qu’une à mettre. En plein milieu. Et pourtant, il nous reste deux pièces en mains. Si la complémentarité d’Eden Hazard et de Kevin De Bruyne fait débat depuis si longtemps sous le maillot des Diables Rouges, c’est parce que les deux hommes vivent dans la même zone du terrain, même s’ils appréhendent cette vie de façon bien différente. Antonio Conte et Pep Guardiola ne connaissent pas ce » problème » national. Ils mettent la pièce belge au coeur de leur dispositif offensif, et leur puzzle devient une oeuvre d’art.
Dans une équipe de Chelsea dont l’identité collait à la rigueur de José Mourinho, Conte a dû changer de système pour bouleverser les habitudes. Sa griffe a permis à Eden Hazard d’explorer d’autres zones que son flanc gauche. Grâce à Marcos Alonso, qui peut arpenter le couloir ou jouer au ballon, Eden a le choix : il peut être ailier quand il le souhaite, se rapprocher de Diego Costa pour devenir un neuf et demi redoutable, ou venir chercher les ballons comme un numéro 10. Une liberté qui a fait exploser ses chiffres : 2,8 tirs par match en Premier League cette saison, contre 1,2 l’an dernier. Hazard s’est rapproché du but (23 de ses 34 tirs dans le rectangle) et fait désormais parler ses dribbles plus souvent entre les lignes (4,3 par match, contre 2,9 l’an dernier). Les appels en profondeur de Costa et Pedro, combinés au jeu peu aventureux de Nemanja Matic et N’Golo Kanté, lui offrent une immense zone à occuper.
À Manchester, Pep Guardiola cherche encore comment utiliser au mieux Kevin De Bruyne. Aligné en pointe contre Barcelone, principalement à cause de sa capacité à générer du danger dans toutes les situations, KDB a également occupé les côtés, mais c’est dans un rôle de milieu intérieur qu’il se sent le mieux. Là, Guardiola lui laisse la liberté de devenir le neuf et demi qu’il était en Bundesliga, tout en l’impliquant plus souvent dans l’élaboration du jeu. De Bruyne est ainsi devenu plus » propre » (82,3 % de passes réussies, là où il était sous les 80 % avec Manuel Pellegrini), sans perdre son omniprésence dans le dernier tiers du terrain puisqu’il est impliqué dans 6,4 occasions par match (3.2 tirs, 3.2 passes-clés). Son mouvement favori est finalement l’inverse de celui d’Hazard, puisqu’il part de l’axe pour chercher le ballon dans les espaces qui se créent sur les côtés. Une habitude qui fait de lui l’un des meilleurs centreurs de Premier League (29 centres réussis cette saison, seul Dimitri Payet fait mieux).
C’est dans ces zones où les décisions se font que Conte et Guardiola ont placé leur Belge. Parce que leur talent peut faire la différence à tout moment, à un endroit du terrain où les différences créent toujours des occasions de but.
Par Guillaume Gautier
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