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Kassie Missipo (Red Flames): « On est parfois trop gentilles »

Aurelie Herman
Aurelie Herman Journaliste pour Sport/Foot Magazine

C’est ce mardi à 18h que les Red Flames tenteront de relancer une dynamique de victoires, sur le terrain de la Lituanie, une nation que la Belgique avait largement battue 6-0 en novembre dernier. Rencontre avec Kassandra Missipo, numéro 6 pleine d’ambition et d’énergie.

Observes-tu une envie de remettre les points sur les « i » après la défaite en Suisse?

KASSANDRA MISSIPO : Oui, on va affronter une équipe qui n’est pas mauvaise, mais par rapport à laquelle on possède plus de qualités. L’envie est là, car on était très déçues en revenant de Suisse. On savait ce qu’on devait faire, notamment quand elles avaient le ballon, mais sans parvenir à appliquer ces principes de jeu. Comme si on était un peu trop « relax », comme s’il y avait de la retenue dans la construction des actions. Mais on a vu les erreurs qu’on a commises et ce qu’on doit changer. On a également vu qu’on avait réussi à se créer des occasions, qu’on a les qualités pour les battre. Mais on doit faire preuve d’une bonne mentalité. Ne pas avoir peur de commettre des fautes et de construire le jeu. Le 1er décembre, ça va être un beau match (la Belgique recevra la Suisse à Louvain dans le cadre de l’ultime journée de ces éliminatoires, ndlr). Une sorte de finale qu’on doit impérativement gagner, car la Suisse sera là pour ça aussi.

Avez-vous fait preuve de trop de respect vis-à-vis de cette équipe ?

MISSIPO : Oui, peut-être qu’on est trop gentilles, parfois. On doit peut-être se montrer plus dures, sans pour autant blesser qui que ce soit, bien sûr. Montrer qui on est, qu’on est les Red Flames et qu’on ne peut pas faire joujou avec nous. On s’est déjà améliorées. Mais on vise l’EURO, un tournoi de grande envergure. Et ce qu’on a montré contre la Suisse n’est pas suffisant.

Personne n’est invincible ou inarrêtable, pas même les Suissesses.

Kassie Missipo

Cette envie d’aller plus au duel, cela peut aussi venir de toi vu ton jeu et ta position sur le terrain ?

MISSIPO : Oui, j’ai beaucoup d’énergie et une saine agressivité en moi. Je tente de transmettre cela à travers mon coaching. Je refuse d’être passée par mon adversaire. Aux entraînements aussi, je dis qu’il faut être plus solides. Personne n’est invincible ou inarrêtable, pas même les Suissesses, qui évoluent dans de grands clubs. Le tout est de savoir où faire mal à l’adversaire, comment anticiper. C’est pareil pour la Lituanie. OK, en principe, on leur est supérieures, mais il y a toujours des joueuses qui ont des qualités pour changer le cours d’un match.

Face à la Roumanie. Au duel, toujours.
Face à la Roumanie. Au duel, toujours.© BELGA (DAVID CATRY)

À 22 ans, tu es jeune. Tu te vois pourtant comme une leadeuse de cette équipe ?

MISSIPO : L’une d’entre elles. Moi, je suis plus au taquet dans les duels et dans le coaching, mais il y a Tessa qui l’est aussi grâce à ses buts, Janice Cayman, Elena Dhont etc. Tout le monde peut être un leader en fonction de ses qualités.

On sent en tout cas que l’équipe ne veut pas se contenter de se qualifier en tant que meilleure deuxième (les vainqueures des neuf groupes et les trois meilleures deuxièmes vont directement en Angleterre).

MISSIPO : C’est comme ça qu’on arrive au top. On ne peut pas l’atteindre en se disant qu’être deuxièmes, troisièmes est suffisant. On est plus fortes. Quand on voit le match contre la Suisse, elles ont deux grosses occasions, mais les mettent au fond. Nous, on en a eu beaucoup, mais la dernière passe faisait défaut. Si on avait mieux géré cela, on en aurait peut-être mis quatre. On doit être premières du groupe, sur la base des qualités du noyau, mais aussi parce que c’est dans notre mentalité.

On ne peut pas viser l’étranger sans avoir goûté à la meilleure équipe en Belgique.

Kassie Missipo

Ton transfert à Anderlecht t’a permis de franchir un cap selon toi ?

MISSIPO : Oui. À Gand, j’ai tout vécu : deux Coupes de Belgique, des victoires au sommet. On a tiré la quintessence du potentiel de l’équipe dont on disposait. Je voulais m’améliorer, remporter des prix et disputer la Ligue des Champions. Car pour moi, on ne peut pas viser l’étranger sans avoir goûté à la meilleure équipe en Belgique.

Donc, tu te vois quitter le pays un jour.

MISSIPO : J’ai toujours rêvé d’évoluer dans une équipe du top, devant des tas de supporters. On verra quand ils pourront revenir dans les stades, ceci dit… Je veux réussir à vivre du foot. Je procède structurellement. Il y a plus d’expérience au Sporting. Contre Bruges, on a été menées puis on a finalement gagné (2-3, avec une égalisation signée Missipo, ndlr). Avec Gand, je ne suis pas sûre qu’on aurait réussi à inverser la tendance et à nous imposer. Parce qu’on était jeunes, qu’on manquait d’expérience. Ici, je n’ai jamais eu la crainte de perdre cette rencontre. Maintenant que j’ai obtenu mon diplôme en communication, je peux me concentrer à 100% sur le foot. Je peux apprendre, m’améliorer, tirer le maximum de mes possibilités.

Si on possédait les mêmes moyens que l’Angleterre, par exemple, on serait sans doute dans le top 5 européen.

Kassie Missipo

Cela aide aussi d’avoir plus de Red Flames à Anderlecht (elles sont huit dans la sélection) ?

MISSIPO : Oui, car tu connais mieux les joueuses. Tu sais comment elles aiment être servies, dans les pieds ou plus dans la profondeur. Ça aide aussi en termes d’intensité. Car on joue le top niveau en Belgique, donc tout le monde sait ce que cela implique et il faut être à la hauteur. On essaye toujours d’être les meilleures, de se galvaniser l’une l’autre. Quand on voit ce qu’on produit, c’est du haut niveau, physiquement.

Missipo avait égalisé lors du Topper contre le Club YLA.
Missipo avait égalisé lors du Topper contre le Club YLA.© BELGA (DAVID CATRY)

Que penses-tu de l’annonce de la candidature belgo-néerlando-allemande pour l’organisation de la Coupe du monde 2027 ?

MISSIPO : C’est un super projet ! Mélanger les forces de trois pays intéressants est super. L’Allemagne et les Pays-Bas ont déjà gagné des prix. Nous, on a vraiment du potentiel et je pense qu’on va exploser. À 29 ans, je serai toujours active. Mais c’est génial d’avoir déjà un objectif à plus long terme. Là, je veux d’autant plus m’entraîner, prester parce qu’en 2027, il y a un gros truc à jouer. Si on possédait les mêmes moyens que l’Angleterre, par exemple, on serait sans doute dans le top 5 européen. On fait partie d’une génération où de plus en plus de filles commencent à jouer, il y a plus de qualités. Avant, le vivier était trop étroit. Aujourd’hui, de très bonnes joueuses ne sont pas sélectionnées. C’est positif pour le futur.

Comment vis-tu la recrudescence du corona ?

MISSIPO : On se rend compte que la situation en Belgique est très grave. Beaucoup de gens se retrouvent contaminés. On le voit aussi dans le foot, notamment chez les hommes. Et pourtant, il y a des tests très réguliers et beaucoup de précautions. Dommage pour les supporters, mais heureusement il y a la télé. Je suis déjà contente qu’on puisse jouer. Pendant le confinement, je voulais trop taper dans un ballon, aller au duel et tout ! Mais on ne pouvait que courir, tout le temps. Ce n’est pas pour moi (sourire).

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