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João Félix a-t-il un égo trop grand pour l’Atlético Madrid ?

Steve Van Herpe
Steve Van Herpe Steve Van Herpe est rédacteur de Sport/Voetbalmagazine.

« Je comprends toujours tout, je suis ouvert à tout », fut la réponse surprenante de Diego Simeone lors d’une conférence de presse en décembre dernier. Faut-il comprendre par cette déclaration que João Félix pourrait quitter l’Atlético Madrid dans les prochains mois ? L’entraîneur de l’Atlético n’excluait déjà pas le départ du joueur intrinsèquement le plus talentueux de son noyau dès ce mois de janvier 2022. Il n’a finalement pas eu lieu et le Portugais poursuivra sa route encore au moins six mois au Wanda Metropolitano.

A l’époque de la déclaration ci-dessus, El Cholo avait ajouté que « l’équipe est la chose la plus importante à mes yeux. Et João est un élément important de notre équipe ».

Rien de neuf sous le soleil pour quiconque connaît les principe de Diego Simeone. Le collectif est sacré et aucun joueur ne sera un jour au-dessus dans son équipe. L’Argentin a aussi son mantra du « match par match ». Il refuse de regarder plus loin que le prochain duel. Il demande à ses joueurs de tout donner à l’occasion de cette manche retour de 1/8e de finale de Champions League contre Manchester United, tout comme il exigera de ses ouailles qu’elles s’engagent à fond lorsque l’adversaire s’appellera Levante le week-end suivant.

C’est d’ailleurs exactement ce que l’on reproche à João Félix. Le joueur qui va bientôt fêter ses 22 ans brille dans les grands matchs, mais est souvent transparent contre des adversaires moins prestigeux. « Il ne court pas toujours pour l’équipe, même s’il le devrait et il le sait. Son entraîneur et ses coéquipiers le savent aussi », déclare un insider à The Athletic. Souffrirait-il d’un ego surdimensionné ?

La relation entre Diego Simeone et Joao Felix n'est pas la plus chaleureuse du monde.
La relation entre Diego Simeone et Joao Felix n’est pas la plus chaleureuse du monde.© iStock

Frustration

Dans le camp du Portugais, arrivé de Benfica pour 127 millions d’euros en 2019, on regarde les choses sous un angle différent. Prenez par exemple le match aller des 1/8e de finale de la Ligue des Champions contre Manchester United. João Félix donne rapidement l’avantage à l’Atlético avec une tête brillante. Les hommes de Simeone s’offrent ensuite d’autres possibilités de doubler la mise sans parvenir à les concrétiser. Quinze minutes avant la fin du match, l’entraîneur argentin remplace son jeune attaquant portugais. Ce dernier semble clairement mécontent de cette décision car il voulait quand même marquer ce deuxième but. Dans les dernières minutes, Manchester United recolle au score grâce à Anthony Elanga . Non seulement, les Colchoneros se rendront en Angleterre ce mardi sans but d’avance, mais ils ne sont une nouvelle fois pas parvenus à garder leurs filets inviolés au Wanda Metropolitano. La défense de fer qui faisait autrefois la marque de fabrique de l’Atlético Madrid, n’a pu garder le zéro en C1 qu’à deux reprises sur les deux dernières saisons…

« Nous avons un sentiment mitigé sur ce match », déclarait João Félix, élu homme du match, devant les caméras après la rencontre. « Nous avons toujours eu le contrôle du jeu et ils ne se sont pratiquement pas procurés d’occasions. Mais la seule qu’ils ont eu… Eh bien, c’est le football…. »

Frustration

Ce scénario s’est également déroulé lors des deux saisons précédentes. João Félix était l’homme le plus dangereux de son équipe en Ligue des champions, mais le résultat n’était finalement pas au rendez-vous à cause de la faillite du collectif. Ces échecs provoquent de la frustration chez le jeune homme né à Viseu. João Félix, qui se distingue par son talent naturel, ne semble pas avoir le profil pour se fondre dans une équipe plutôt « travailleuse » et collective. Ce côté individualiste ne l’aide pas à nouer une bonne relation avec Diego Simeone. De quoi se demander si son avenir se situe encore chez le tenant du titre en Espagne alors que son contrat court encore jusqu’en juin 2026 ?

L’attaquant lusitanien reste en tout cas sur une bonne série avec cinq buts inscrits lors de ses cinq derniers matches. Il a trouvé le chemin des filets contre Osasuna, Manchester United, le Bétis Séville et Cadiz. Des adversaires de niveau différents, lui à qui l’on reprochait de choisir ses combats. On est aussi frappé par une statistique étonnante. Quatre de ses cinq goals sont tombés dans les sept premières minutes de ces rencontres. La preuve qu’il peut commencer un duel en étant concentré dès le coup d’envoi. Mais est-ce pour autant la preuve qu’il a enfin compris certains reproches ? Les semaines qui arrivent permettront de répondre (en partie) à cette question.

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