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Jean-Marc Bosman : « Je n’ai pas tué le football »

Dimanche, il y aura 24 ans que l’arrêt Bosman a bouleversé le paysage footballistique. Avant cela, Jean-Marc Bosman n’était pas l’homme de l’arrêt, mais seulement un bon joueur belge. Entretien.

Jean-Marc Bosman à propos…

…de la décision d’aller devant la Cour Européenne de Justice : « Je devais signer à l’Olympique Saint-Quentin, en D2 française. Malheureusement, ce club est tombé en faillite. J’ai alors écrit une lettre à tous les clubs français. La plupart m’ont répondu que je serais le troisième ou quatrième choix parce qu’ils possédaient déjà les deux étrangers autorisés. C’est à ce moment-là que nous avons décidé d’attaquer cette clause limitant le nombre d’étrangers devant la Cour Européenne de Justice. Comment expliquer qu’au sein de l’Union Européenne, où la libre circulation des travailleurs est d’application, un Belge – donc originaire d’un état membre – ne puisse pas jouer comme professionnel en France, un autre état membre ? Aujourd’hui, dans toutes les professions, on peut travailler dans n’importe quel état membre. Ce n’était pas le cas à l’époque. »

…de ceux qui l’accusent d’avoir tué le football : « Je n’ai pas tué le football, je l’ai enrichi. Grâce à moi, les clubs gagnent des millions d’euros. Je leur ai transmis la formule magique. Ils ont contourné mon arrêt. C’est désormais du capitalisme pur et dur. Ils devraient me dérouler le tapis rouge, car c’est moi qui leur ai permis de gagner autant d’argent, mais je ne suis le bienvenu nulle part. Ils gagnent des millions, je vis dans la misère. Ce qu’il se passe aujourd’hui, ce n’était pas mon intention. Je demandais simplement la libre circulation des footballeurs européens. La plupart des fédérations ont accueilli tout le monde librement. Mais les joueurs en fin de contrat n’ont réellement été libres que pendant deux ans : de 1995 à 1997. Après ça, les clubs et les fédérations se sont ressaisis. Les footballeurs gagnent beaucoup mieux leur vie aujourd’hui mais ils ne sont plus maîtres de leur sort. Aujourd’hui, les joueurs sont achetés à un très jeune âge , avec l’intention de les revendre plus tard avec bénéfice. 95% des footballeurs, à l’exception des toutes grandes stars, ne choisissent pas où ils joueront. Ce sont les clubs qui décident pour eux, comme à mon époque. Ils peuvent cependant partir à l’étranger. »

…des soutiens dont il a bénéficié : « Marc Degryse et Filip De Wilde ont voulu organiser une action en Belgique mais on ne leur a pas facilité la tâche, pour ne pas dire qu’on leur a carrément mis des bâtons dans les roues. Des internationaux néerlandais, les frères De Boer et Koeman, m’ont chacun offert 2.500 euros. J’ai aussi reçu une belle somme du syndicat des footballeurs, la FIFPro : 300.000 euros. Et Michel Preud’homme m’a autorisé à m’entraîner à Benfica. Un jour, j’ai reçu un coup de téléphone d’une dame que je ne connaissais pas. Elle m’a demandé mon numéro de compte en banque. Son fils venait de signer un beau contrat au PSG et elle estimait que c’était en partie grâce à moi. Elle voulait me verser une petite somme. Dans un premier temps, je ne l’ai pas cru. C’était Véronique Rabiot, la maman d’Adrien qui est aussi son agent. Ils ont versé 10.000 euros sur mon compte et sont venus me rendre visite, ici. »

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Jean-Marc Bosman dans votre Sport/Foot Magazine

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