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Jason Denayer, pilier d’un navire instable

Devenu taulier du Lyon de Rudi Garcia, Jason Denayer n’en prend pas moins souvent l’eau avec toute la défense des Gones. Screening du Diable à l’aube de deux grandes échéances qui pourraient donner un tout autre relief à sa fin de saison.

Dans les agoras du quartier Anneessens, dans le centre-ville bruxellois, Jason Denayer n’était pas franchement connu pour sa rudesse aux duels. Plutôt du genre à impressionner ses copains d’enfance pour son agilité balle au pied, l’ado éduqué aux chaussures sans crampon – avant de l’être sans chaussure du tout au sein de l’académie Jean-Marc Guillou – était de ceux qui empile les buts. Surdoué techniquement, mais fainéant aussi. JMG indiquera rapidement au jeune Jason la marche à suivre.

Faire le gros dos

Au Bosuil, face à l'Antwerp.
Au Bosuil, face à l’Antwerp.© belga

Reculer pour mieux grandir. En défense central, les 184 centimètres de Jason Denayer en imposent moins que sa facilité à se sortir proprement des situations les plus embrouillées. Une chance, avec le recul, pour l’OL de Rudi Garcia habitué à subir le jeu comme jamais ces derniers mois. Du temps de Sylvinho, l’ancien entraineur des Gones, Lyon était une équipe adepte du contrôle, du rythme et de l’espace. Sans succès, mais avec des idées, le Brésilien voulait faire de son défenseur belge son premier relanceur. Avec Garcia, au contraire, l’équipe semble vouloir renouer avec l’héritage de Bruno Genesio. Un allant offensif désordonné fait de sortie de défense le plus souvent heureuses. Des résultats, parfois, mais le plus souvent une impression d’absence de maîtrise globale. Et un Jason Denayer qui renverrait cette impression de défenseur emprunté, parfois dépassé.

Les chaussettes baissées ont bons dos. Les lacunes individuelles aussi. Derrière des joueurs en proie aux doutes, c’est toute une équipe qui tousse. Parfois moins précis, le Diable apprend cette saison à vivre au sein d’un onze plus à l’aise quand il fait le gros dos. Le 3-5-2 plébiscité par Garcia est un dispositif taillé pour subir. Fernando Marçal, Marcelo, Denayer ou Joachim Andersen ne connaissent-ils pas que trop bien les discordances d’un système souvent prompt à prendre l’eau à la moindre averse ?

Semaine capitale

Le huitième retour face à la Juventus de CR7 s'annonce crucial pour l'OL et Denayer.
Le huitième retour face à la Juventus de CR7 s’annonce crucial pour l’OL et Denayer.© belga

Les dernières sorties récentes en amical contre l’Antwerp (2-3 et 90 minutes de jeu pour Denayer) et Gand (2-3, 45 minutes de jeu cette fois) l’attestent si bien que les standards continentaux paraissent à mille lieux d’une équipe pourtant seulement à l’aube de ses ambitions. Le fait est qu’en dix jours, les Gones peuvent encore sauver leur saison. Et Jason Denayer aussi. Vendredi, en finale de la Coupe de la Ligue contre le PSG, puis sept jours plus tard, à Lisbonne, dans un huitième de finale retour électrique contre la Juventus.

Vainqueur surprise 1-0 à l’aller, l’OL a prouvé qu’il était, comme toujours capable de se sublimer au moment où l’on l’attend le moins. Brillant contre les grands, tellement assommant contre les sans grades. En cinq rencontres amicales de préparation, Lyon n’est parvenu qu’une seule fois à achever une partie sans prendre de but. C’était contre Nice, début juillet, pour le seul test effectué avec un quatre arrière. Une option visiblement enterrée depuis par Rudi Garcia qui se persuade aujourd’hui du bien fait de vivre dans la peur d’un trois arrière pourtant si peu convaincant.

Contre une très faible équipe de l’Antwerp vendredi dernier, l’OL était apparu amorphe. À titre individuel, Jason Denayer aura lui surnagé dans son duel déséquilibré avec un Dieumerci Mbokani bien trop esseulé pour se battre à armes égales. À 25 ans, Denayer n’en est plus à gagner des points dans des matchs de préparation. Il aimerait par contre continuer de remplir son armoire à trophée. Rendez-vous est pris vendredi au Stade de France en finale de la Coupe de la Ligue, dernière du nom. Et la semaine suivante à Lisbonne, sur la piste aux étoiles. La même, en plus bling bling, que celle de son enfance.

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