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Hangar à bus, bureaux, mariages collectifs : les fonctionnalités méconnues des stades du Mondial brésilien

Stagiaire Le Vif

Après chaque Coupe du Monde vient l’heure du bilan. Le résultat de la finale indique 1-0 pour l’Allemagne face à l’Argentine, mais le vrai perdant, c’est le Brésil et ses Brésiliens. Le tournoi, qui fut une réussite sur le plan sportif, a laissé quelques cadavres derrières lui, appelés « éléphants blancs » dans le jargon. Comprenez des stades flambants neufs et ultra-modernes, qui ne sont pas ou peu exploités.

« On ne peut pas comparer les Coupes du monde. Chacune a sa particularité mais celle-ci, d’un point de vue du terrain, a été exceptionnelle. La barre est placée très haut pour la prochaine« , a affirmé Sepp Blatter, le président de la Fifa, au lendemain de la finale Allemagne-Argentine. S’il y a bien un point qu’on ne peut discuter, c’est la qualité du football. Mais pour un évènement qui réunit le gratin mondial du ballon rond, c’est un minimum. La barre aurait été placée très haute pour le prochain mondial 2018 en Russie ? C’est vrai. Avec quelques 15 milliards d’euros dépensés, 90% au moyen d’argent public, la Coupe du Monde au Brésil est devenue l’édition la plus chère de tous les temps. Alors que son budget initial était de l’ordre de 3 milliards d’euros.

Le mouvement social qui a commencé pendant l’année 2013 avait des revendications simples. Il faut d’avantage investir dans les transports, logements, l’éducation ou les soins de santé. Au lieu de ça, le gouvernement brésilien a couvert presque exclusivement les frais liés à l’évènement. Mais c’est bien la FIFA qui a engrangé les quelque 3 milliards d’euros de bénéfices. Et devinez qui paie l’addition ? Les Brésiliens.

Comme pour chaque évènement sportif d’envergure, les couts liés aux infrastructures sont ceux qui pèsent le plus dans la balance. Et comme (presque) chaque fois, de l’argent est dépensé dans des projets faramineux, souvent non-rentables. Le Brésil n’échappe malheureusement pas à la règle. Comme pour le bilan de la situation des stades en Afrique du sud après la Coupe du Monde 2010, la situation brésilienne est catastrophique. Si le sujet vous intéresse, on vous conseille de jeter un coup d’oeil au rapport accablant de Solidar Suisse, un organisme humanitaire helvète.

Le plus beau hangar à bus du pays

L’exemple le plus criant est le cout de rénovation et d’entretien du stade Mané Garrincha de Brasilia. Rénové pour plus de 400 millions d’euros, il est le plus souvent presque vide. Le meilleur club de la ville, le Brasilia FC, est pensionnaire de division 2. Au maximum de l’affluence, il peut réunir 10 000 personnes, alors que l’enceinte compte 72 000 places. Ce stade avait fait parler de lui il y a quelques semaines car on apprenait qu’il allait falloir plus de 1000 ans aux brésiliens pour rembourser le stade… Information confirmée par l’Office des comptes publics de Brasilia. Ce sont des générations de Brésiliens qui vont devoir supporter le poids de cette dette, pour seulement un mois de compétition. D’après le média brésilien UOL esporte, faute de pouvoir rentabiliser les infrastructures, les parkings du stade sont désormais utilisés pour stocker les 400 bus de la ville. Il faut dire qu’avec des couts de maintenance estimés à 200 000 euros par mois, il vaut mieux trouver une utilité, même dérisoire, à ce stade. L’Etat brésilien est dans l’obligation de diversifier ses sources de revenus. Des mariages de masse, très populaire chez les classes moins aisées, ont été organisés sur la pelouse et dans les salons du stade. Et récemment, trois secrétariats d’Etat du Distric Fédéral ont élu domicile au stade Mané Garrincha tandis que des bureaux ont été installés pour 400 employés.

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Manaus, Nautico, Cuiabá : même combat

Le stade Mané-Garrincha n’est pas le seul à attirer l’attention des observateurs brésiliens. Quel est le point commun entre les stade de Manaus, Nautico et Cuiaba ? Ils ont accuilli uniquement quatre matchs du mondial brésilien. Pour des dépenses cumulées de plus d’un milliard d’euros. La où le stade de Brasilia bénéficie d’une exposition importante vu le statut de capitale, les trois stades cités ont été construits dans des villes de moindre envergure. « Les villes hôtes Natal, Cuiaba ou Manaus se sont vues attribuer des millions de reais en investissements urbains pour les stades et leurs alentours, alors que moins de 40% de ces villes sont couvertes par les services d’assainissement! », s’indigne João Sette Whitaker Ferreira, architecte-urbaniste et économiste à l’Université de São Paulo. Remplir ces stades relève presque de la mission impossible, car les clubs de football de ces villes sont loin d’être des foudres de guerre et attirent quelques milliers de supporters, tout au plus. Par exemple, le club fanion de la ville de Manaus évolue … en 4e division !

Le football et la Coupe du Monde est une fête qui se partage, mondialement. Dommage que les couts astronomiques du tournoi ne seront uniquement pris en charge par les contribuables brésiliens, faute d’investissement du secteur privé. La FIFA a néamoins laissé un héritage durable au peuple brésilien. Quatre beaux éléphants blancs, qui risque d’encore faire rougir de rage le peuple brésilien, et ce pour longtemps.

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