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Götze, le nouveau dieu allemand

« 1:0 Champions du monde! », titrait lundi le quotidien allemand Bild sur une photo pleine page du buteur Mario Götze, « Super Mario » célébré en héros par les médias après le quatrième sacre mondial remporté dimanche par la Nationalmannschaft.

« Vous êtes les plus grands », clamait le quotidien le plus lu d’Europe sur une photo de toute l’équipe s’étalant en double page intérieure d’une édition presque intégralement consacrée à cette « partie héroïque », publicités comprises. « Götz soit loué », osait Bild en jouant sur la proximité phonique entre le nom de l’auteur du but de la victoire et Gott (dieu en allemand. « Merci, Jogi (Löw)! Merci les garçons! Vous nous avez rendus infiniment heureux ».
Presque sobrement, le quotidien berlinois Tagesspiegel avait mis en Une le trophée tant convoité, le tabloïd Berliner Zeitung titrait « Champions du monde », et Die Welt clamait « C’est vrai » en utilisant les couleurs nationales noir-rouge-or que des millions d’Allemands ont agité jusque tard dans la nuit dans tout le pays.

« 1954. 1974. 1990. 2014! L’Allemagne est championne du monde », s’exclamait le site web du Spiegel. « Nous nous inclinons devant l’entraîneur Jogi Löw. Ce titre est son chef d’oeuvre. Concentré, il conduit l’équipe à travers le tournoi. Il reste tranquille après les grandes victoires. Il garde son calme après les matches difficiles », jugeait Bild.

« Götze, le libérateur », titrait l’édition en ligne du Frankfurter allgemeine Zeitung. « Alors pour la première fois, une équipe européenne a remporté un tournoi mondial en Amérique du sud (…) Sur l’ensemble du tournoi, le titre de l’Allemagne est largement mérité ». « En 2006 et 2010, l’équipe était arrivée tout près du but, mais avait échoué en demi-finale. En 2014, l’équipe et son entraîneur étaient mûrs pour le titre », a commenté la FAZ, saluant « peut-être la meilleure génération (de joueurs) de l’histoire du football allemand ».

« Champion du monde! L’équipe nationale allemande a tenu sa promesse. Les concerts de klaxon et défilés de voitures qui ont commencé dimanche soir vont encore monter en puissance jusqu’à la réception de l’équipe à Berlin mardi », estimait le quotidien régional Neue Osnabrücker Zeitung. « Ceux qui voudront pourront toujours déplorer un état d’exception inadmissible, mais ils ne peuvent rien contre la force d’aspiration d’un grand événement footballistique », poursuivait le journal. « Guerre en Israël? Guerre en Ukraine? Affaire d’espionnage? Pour beaucoup, tout cela n’a aucune importance (…) Pour la plupart des gens, le football est un stimulant émotionnel loin du quotidien rationnel ». Le Frankfurter Rundschau,qui avait bouclé trop tôt pour imprimer le résultat, se livrait en ligne à un commentaire sentencieux sur la différence entre sport et politique: « lorsqu’on en reviendra à la routine quotidienne, nous (l’Allemagne, ndlr) devrions réfléchir au fait que le plus fort ne gagne pas toujours, s’il laisse tomber les plus faibles et n’a plus personne avec qui jouer ».

« Que la politique nous intéresse ou pas: ce n’est pas ainsi que l’Allemagne est victorieuse sur le long terme », concluait le quotidien. Le journal régional Kölner Stadt-Anzeiger filait lui aussi la métaphore politico-sportive. « Si le concept de +nation building+ (en anglais dans le texte) n’était pas aussi lié à la construction des nations dans un contexte post-colonial,(…) on pourrait dire que l’Allemagne est en plein dans un tel processus. Les crispations du passé se sont enfin détendues, et pourtant cela ne débouche pas sur un nouveau nationalisme mais plus d’ouverture sur le monde ».

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