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Frenkie de Jong, l’ambitieux Néerlandais: « Je peux encore faire mieux »

Les Pays-Bas sont en huitièmes de finale de l’EURO et ils le doivent en partie à un très bon Frenkie de Jong. Entretien avec le maître à jouer des Oranje et du FC Barcelone.

Aux Pays-Bas, on parle depuis des semaines du système de jeu, mais est-ce si important à partir du moment où Frenkie de Jong joue? « Vous savez, je trouve ces discussions amusantes, ça donne une idée de l’importance que les gens attachent au tournoi », dit le milieu de terrain du FC Barcelone, 24 ans. « Les systèmes… L’essentiel, ce n’est pas le nom qu’on leur donne: 5-3-2, 4-3-3… L’important, c’est l’animation. On sait maintenant vers quoi on veut aller. Le 4-3-3, on le maîtrise depuis longtemps. »

Le sélectionneur a déclaré qu’il en avait discuté avec Georginio Wijnaldum, Maarten de Roon et Memphis Depay. Vous n’avez pas pris part à la discussion?

FRENKIE DE JONG: Ce n’était pas nécessaire, le sélectionneur décide de notre manière de jouer.

L’EURO correspond-il à ce que vous en attendiez?

DE JONG: Avant, j’étais devant ma télé avec mon t-shirt oranje, avec des amis et la famille. Ou alors, j’étais à la plaine de jeux. J’étais un grand supporter de l’équipe nationale. Aujourd’hui, je peux moi-même disputer un tel tournoi, c’est fantastique. J’ai déjà joué un EURO avec les U19, à Salonique. Mais ce n’est évidemment pas comparable avec un tournoi adulte. Je vois toutes les publicités à la télévision, elles tournent toutes autour de l’équipe nationale et de l’EURO. Ce serait beau si le pays pouvait vraiment faire la fête, à la fin du tournoi. Je suis très heureux que 16.000 spectateurs aient pu assister au match contre l’Ukraine dans le stade. Revoir du public, c’est fantastique.

Expliquez-nous quelle est la différence.

DE JONG: Quand on a affronté la Lettonie en qualifications pour la Coupe du monde, il y avait 5.000 personnes dans le stade. A priori, on se dit que ce n’est pas beaucoup. Mais quand on pénètre dans l’enceinte, on sent vraiment la différence. Ces gens ont fait du bruit. On a ressenti l’adrénaline. Ils nous ont poussés vers l’avant. Ils nous avaient manqué. Jouer sans public, ce n’est pas pareil. C’est un autre sport. Inconsciemment, on est quand même moins concentrés. Ça se voit aussi à l’intensité, aux échanges avec l’arbitre. Je commençais à m’habituer à l’absence du public. Or, on ne devrait jamais s’habituer à ça.

« On peut rivaliser, mais on n’est pas les meilleurs »

Le sélectionneur a déclaré qu’une demi-finale serait un très beau résultat.

DE JONG: Je suis d’accord avec lui. On a une bonne équipe, mais on n’est pas les grands favoris. Ce dont je suis sûr, c’est qu’on est capables de battre n’importe qui. Pour autant qu’on soit dans un bon jour et qu’on joue en équipe.

Voilà trois ans que vous avez remplacé Wesley Sneijder lors d’un match amical contre le Pérou, et voilà que vous disputez votre premier grand tournoi.

DE JONG: En fait, ça aurait dû se faire après deux ans. Mais le coronavirus est passé par là. Heureusement, le tournoi peut enfin se disputer. Beaucoup de choses se sont passées. Depuis que j’ai intégré l’équipe nationale, j’ai tout joué. Après le Pérou, j’étais titulaire pour affronter la France à Paris en Nations League. Depuis, je ne suis plus sorti de l’équipe. Pendant ce temps, on a grandi en tant qu’équipe, et on a remporté notre poule de la Nations League à la surprise générale, en devançant l’Allemagne et la France. Il y avait une véritable équipe sur le terrain. C’est très dommage que Virgil van Dijk ne soit pas présent à l’EURO. Il rate son premier grand tournoi pour une blessure horrible. Je lui ai téléphoné. En plus d’être le meilleur défenseur du monde, Virgil est notre capitaine, un leader dans le groupe. Je comprends que la santé passe avant tout. À sa place, je n’aurais pas voulu prendre de risques non plus. Heureusement, il y a d’autres défenseurs de talent dans l’équipe, mais il n’empêche que Virgil nous manque, comme joueur et comme leader.

Quelle est la force des Pays-Bas?

DE JONG: L’esprit d’équipe. Il y a aussi beaucoup de qualité dans le groupe, mais si on prend les joueurs individuellement, on ne fait pas le poids face à d’autres pays. On peut rivaliser, certes, mais on n’est pas les meilleurs. Notre force, c’est l’unité. Si l’ambiance reste bonne et si on peut se reposer sur le collectif, je suis convaincu qu’on peut aller loin dans ce tournoi. Notre mission est de devenir champions d’Europe.

« Koeman m’a fait confiance dès le premier jour »

Vous avez joué le plus de minutes de tous les joueurs en Europe: plus de 5.400. Le sentez-vous?

DE JONG: J’ai eu des crampes contre l’Ukraine, alors que je n’en avais jamais souffert avant ça. C’était peut-être le stress aussi, je ne sais pas. Ça a été une année très chargée, c’est vrai, mais de là à dire que je suis fatigué… Non, je n’irai pas jusque-là. La fatigue, c’est un mot qui revient souvent. Après une deception, comme le fait d’avoir raté le titre, on la ressent davantage. Heureusement, j’ai pu prendre un peu de repos à la fin de la saison. J’ai aussi pu rejoindre le rassemblement de l’équipe nationale plus tard que les autres joueurs. Même si le repos a été court, c’était bon de pouvoir un peu recharger les batteries.

Est-il logique que votre deuxième saison au FC Barcelone ait été meilleure que la première?

DE JONG: Durant ma première saison, j’avais pratiquement tout joué aussi, mais mon rendement n’avait pas été aussi important. Cette saison, je me suis davantage mis en évidence, mais je pense que je peux encore faire mieux.

Vous avez joué à différentes positions. Votre rendement s’en est-il ressenti?

DE JONG: Non. Peu m’importe quel rôle l’entraîneur me confie, même si ma place de prédilection se situe dans l’entrejeu. Mais je peux me débrouiller en défense également. Tout est une question de confiance. Je m’en suis rendu compte l’année dernière. L’entraîneur croit très fort en moi. Les médias et les fans se sont également montrés positifs.

Ronald Koeman attend plus de vous.

DE JONG: Lorsqu’il venait d’arriver à Barcelone, j’ai eu une entretien avec lui. « Frenkie, tu es un transfert important pour le club », m’a-t-il dit. « Tu viens de l’étranger et tu dois être capable de faire la différence. Montrer que tu apportes quelque chose en plus. » Il m’a fait confiance dès le premier jour, mais a ajouté une part de responsabilités. C’est une pression supplémentaire. En fait, j’étais d’accord avec lui. Je le répète: durant la première saison, je ne pouvais pas me plaindre de mon temps de jeu, mais je devais apporter davantage.

Avez-vous craint que Koeman soit limogé à Barcelone?

DE JONG: J’ai suivi les événements à distance, mais je suis évidemment heureux qu’il reste. Cet entraîneur m’a fait confiance dès le moment où j’ai débuté en équipe nationale.

Que vous a-t-il dit lorsque vous avez rejoint le camp d’entraînement des Pays-Bas?

DE JONG: Il m’a souhaité bonne chance. Ça reste quand même encore un peu son équipe, il a encore travaillé avec la plupart des joueurs. « J’espère que vous serez champions », a-t-il ajouté. Ça tombe bien, c’est notre ambition.

Entretien tiré de Voetbal International

« C’est incompréhensible! »

Pourquoi Barcelone n’a-t-il pas remporté le titre en Espagne?

FRENKIE DE JONG: On peut diviser notre saison en deux. Avant l’hiver, on a perdu trop de points. Il y avait des raisons à cela: les tensions autour du club, etc. Mais après, on a trouvé notre rythme. On a commencé à mieux jouer, on n’a plus perdu et on a remporté la Copa del Rey. On s’est rapprochés de l’Atlético de Madrid. À un moment donné, l’écart n’était plus que de deux points, et je me suis dit que c’était possible! C’est alors que Grenade a débarqué au Camp Nou. Si on avait gagné, on aurait pris la tête. Au repos, on menait 1-0. On a eu l’occasion de doubler l’écart, on avait le match en mains. Mais, au coup de sifflet final, c’était 1-2. Je n’ai toujours pas trouvé d’explication. C’est incompréhensible.

Ça vous a coupé dans votre élan?

DE JONG: On a encore gagné à Valence, puis est arrivée la confrontation directe avec l’Atlético. On était dans l’obligation de l’emporter, c’est tout de même différent que lorsqu’on est en tête et que l’on peut se contenter d’un match nul. On a partagé face à une équipe difficile à manoeuvrer. Après, on a encore perdu des points. Le ressort était cassé.

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