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Football : Après le racisme, le sexisme s’invite dans le débat anglais

Stagiaire Le Vif

La situation des femmes dans l’industrie du football anglais est loin d’être rose, comme le prouve plusieurs enquêtes. Comme dans de nombreux domaines, il reste beaucoup de chemin à parcourir pour espérer une équité de traitement dans l’univers du ballon rond.

En Angleterre, le football est roi. Depuis quelques temps,certaines voix s’élèvent pour le muer en discipline reine. C’est en tout cas ce qu’a souhaité la Ministre anglaise des sports , Helen Grant, en appuyant largement une campagne visant à lutter contre le sexisme dans l’industrie du football. Le point de départ de cette opération ? Une vidéo où l’on peut voir et entendre des supporters de Manchester United prendre à partie le médecin de Chelsea, Eva Carneiro. D’autres scènes similaires ont été captées à Manchester City ou à Arsenal. En tout, l’association « A women in football » a relevé plus de 13 incidents depuis le début du championnat.

Une étude anglaise réalisée sur l’ensemble de la saison 2013-2014 a révélé que deux tiers des femmes présentes dans l’industrie du football ont été victimes de faits sexistes, et environ 90% des femmes ont été témoin de sexisme, sans toutefois le rapporter, par crainte de ne pas être prises au sérieux.

La lutte contre les discrimination faites aux femmes passe au second plan, c’est ce qui dérange en Angleterre. Les incidents contre les femmes ne sont pas traités aussi sérieusement que pour le cas d’abus racistes, comme le relève un porte-parole de Chelsea au Guardian, en soutien à leur médecin, au club depuis 2011. Il en veut pour preuve que lors des deux incidents à l’encontre d’Eva Carneiro, sur la pelouse d’Old Trafford et de l’Emirates, les plaintes ont été rejetées.

Les journalistes du Guardian s’interrogent alors :  » Comment la nouvelle génération féminine d’arbitres, médecins ou de coachs va-t-elle être attirée par cet univers si l’on ne fait rien pour résoudre le problème à la source ? »

Chasse gardée

On dit souvent que le football est un sport fait par et pour les hommes. Dans le football féminin, les préjugés ont la peau dure. Pourtant, il y a de plus en plus de femmes licenciéesd’arbitres, de médecins et même d’entraineurs féminines pour une équipe masculine. Les chiffres de la Premier League ont revéles que pour les grosses affiches du championnat, 23% des spectacteurs se relevent être des spectatrices.

D’ailleurs, dans une des actions menées par « Everyday sexism project », bon nombre de plaintes font état des mêmes situations : les filles sont souvent rejetées quand elles veulent jouer au football, que ce soit dans les écoles ou les parcs publics.

Clermont foot, le précurseur hexagonal

Pourtant, certaines mentalités progressent. En France, l’annonce du 7 mai 2014 du club de Ligue 2, Clermont Foot, fait l’effet d’une petite bombe. Helena Costa, illustre inconnue, sera l’entraineuse principal du club à partir de la saison prochaine. Sa nomination étonne. Une femme dans un vestiaire d’homme, c’est une première en France. Pourtant, l’aventure de la Portugaise tournera court. Helena Costa défraiera la chronique en posant sa démission le 24 juin. A l’origine de ce départ inatendu, des tensions persistantes entre Costa et son directeur sportif, Olivier Chavanon. Il ne répondait pas à ses e-mails, avait décidé de ne pas la consulter pour les éventuels transferts et pour courroner le tout, il avait effectué lui-meme la sélection de l’équipe pour les matchs amicaux de pré-saison. La décision de trop pour la néo-entraineuse.

La réaction du président à l’encontre d’Helena Costa, Claude Michy, fera couler pas mal d’encre. « C’est une femme. Elles sont capables de nous faire croire un certain nombre de choses (…) Elle a un problème de confiance. » Avouant lui même être « macho » au site So Foot, il réfutera les accusations de sexisme en arguant que si c’était véridict, il aurait alors choisi un homme pour entrainer. Il enfoncera le clou en officialisant l’arrivée d’une seconde femme à la tête de l’équipe, Corinne Diacre, ancienne internationale tricolore. Nul ne sait si le président tenait vraiment à ce qu’une femme prenne les rennes de son équipe, ou si l’objectif principal était de réaliser un coup marketing, faire parler de son club. Cela a tout de même permis de rendre compte de la complexité des relations hommes-femmes dans l’univers footballistique.

Florilèges

Si en Angleterre le débat bat son plein, d’autres pays sont concernés par ce sexisme primaire. En France, il y a aussi des acteurs qui usent et abusent de remarques sexistes. Laurent Blanc par exemple, l’entraineur du PSG, avait récemment répondu en 2013 à une journaliste suédoise en conférence de presse : « Une femme qui parle de tactique, c’est beau. Je trouve ça fantastique. Vous savez ce que c’est en plus, le 4-3-3 ? ». Réponse de l’intéressée : « C’est mon travail de savoir ce que c’est. »

Meme dit sur le ton de l’humour, ce genre de phrase agasse. Et pas seulement la gente féminine. Pour preuve, quand le grand patron du football, Sepp Blatter dit : « Laissons les femmes jouer dans des vêtements plus féminins comme dans le volley-ball. Elles pourraient, par exemple, avoir des shorts plus serrés. Les joueuses sont jolies, (…) et elles ont déjà des règles différentes des hommes, comme le fait de jouer avec un ballon plus léger », c’est tout le football qui a mal.

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