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Foot « à la Guardiola », prestige et ambition: où en est le Danemark?

Frédéric Vanheule
Frédéric Vanheule Frédéric Vanheule is redacteur bij Sport/Voetbalmagazine.

Preben Elkjaer Larsen estime que le récent changement de sélectionneur du Danemark était nécessaire pour développer un football plus moderne. Les Diables rouges sont prévenus: « Nous ne sommes jamais aussi bons que quand nous ne sommes pas favoris. »

 » Preben Elkjaer Larsen était le Luis Suárez de son temps, une véritable machine à buts. » Ces paroles sont celles de son ancien coéquipier Sören Lerby. De 1977 à 1988, l’avant a inscrit 38 buts en 69 matches sous le maillot du Danemark. En Belgique, Larsen a fait trembler les filets adverses pour Lokeren (1978-1984), avant de faire fureur en Serie A, au Hellas Vérone (1984-1988).

Preben Elkjaer Larsen, ancien goleador de Lokeren.
Preben Elkjaer Larsen, ancien goleador de Lokeren.© GETTY

« Depuis 25 ans, la chaîne payante TV3 m’emploie comme consultant. J’ai le privilège de suivre les matches de Ligue des Champions avec Brian Laudrup« , sourit-il d’emblée dans un néerlandais fluide. « C’est l’avantage d’avoir une épouse flamande! »

LA BÊTE LUKAKU

Son équipe nationale, qui affronte les Diables ce mercredi à Louvain en Ligue des Nations, n’a aucun secret pour l’ancien dribbleur. « Nous avons digéré depuis longtemps notre défaite 0-2 à Copenhague », raconte Larsen. « Au niveau de la qualité, il y avait une différence énorme en septembre. La Belgique était tout simplement meilleure. ( Il éclate de rire) Romelu Lukaku, quelle bête! Roberto Martinez peut aligner deux équipes de même valeur. Nous perdons rarement à domicile. La Belgique a fait exception à la règle, mais cette équipe joue depuis longtemps dans sa configuration actuelle, alors que nous avions un nouveau sélectionneur. Ce n’était que son premier véritable match. Kasper Hjulmand a changé beaucoup de choses et de nombreux joueurs ne savaient pas encore précisément ce qu’il attendait d’eux. »

Nous venons en Belgique pour gagner, ça ne fait pas l’ombre d’un doute.

Preben Elkjaer Larsen

Depuis cette rencontre, le Danemark a réalisé un nul blanc contre l’Angleterre, a battu l’Islande 0-3 et a ensuite réalisé un surprenant 0-1 à Wembley, contre les troupes de Gareth Southgate. « Nous sommes meilleurs quand nous ne sommes pas favoris », poursuit Larsen. « Nous éprouvons plus de difficultés quand nous sommes censés gagner. Nous ne craignons absolument pas la Belgique. La Ligue des Nations est très importante pour le prestige. Les footballeurs sont extrêmement motivés: ils veulent absolument prouver qu’ils ont leur place dans la première division de cette compétition. Nous possédons assez de talents, même si nous sommes un petit pays. Nos joueurs doivent s’expatrier pour progresser. Nous possédons une bonne génération et la levée des U21 est prometteuse. »

Christian Eriksen, ici face à l'Anglais Declan Rice, reste la plaque tournante de la sélection danoise.
Christian Eriksen, ici face à l’Anglais Declan Rice, reste la plaque tournante de la sélection danoise.© belgaimage

PLUS DE POSSESSION DU BALLON

Cet été, malgré une série de 33 matches sans défaite, la fédération danoise de football a décidé de ne pas reconduire le contrat du Norvégien Age Hareide (67 ans), en poste depuis 2016. Sous la direction d’Hareide, l’ancienne Danish Dynamite est passée de la 42e à la dixième place au classement FIFA, en s’appuyant sur un football physique et beaucoup de longs ballons. « Il était nécessaire de développer un football plus moderne et plus attrayant », juge Larsen. « Nous avons trop longtemps misé sur le contre. Hjulmand s’inspire de Guardiola. Il veut faire progresser les joueurs et imposer sa vision. Concrètement, ça veut dire jouer plus haut, avec plus de possession du ballon et de mouvements, avec trois joueurs en défense et deux extérieurs offensifs. Je ne peux qu’approuver. Nous venons en Belgique pour gagner, ça ne fait pas l’ombre d’un doute. ( Sourire) Nous n’allons pas non plus être naïfs ou jouer à visière découverte. Le Danemark est capable de battre n’importe quelle équipe et peut s’appuyer sur une belle tradition contre les grandes nations européennes. Je suis curieux de voir si Hjulmand va augmenter le rendement individuel d’ Anders Dreyer, par exemple. Il n’a encore que 22 ans. Après des passages malheureux à Brighton, St Mirren et Heerenveen, il est revenu au FC Midtjylland. J’aime son style, c’est un dribbleur gaucher qui évolue sur le flanc. Il a un bon tir. J’aimerais découvrir ses limites en Ligue des Champions et surtout en équipe nationale. »

Bien que l’Inter ne détienne pas la grande forme, Christian Eriksen (28 ans) est un régisseur incontournable aux yeux de Larsen, pour son expérience. « Nous possédons un excellent matériel niveau joueurs », constate celui qui a terminé deuxième du Ballon d’Or 1985, derrière Michel Platini. « Le capitaine Simon Kjaer, de l’AC Milan, Andreas Christiansen, de Chelsea, et Kasper Schmeichel, le gardien de Leicester City, sont les leaders de l’équipe, avec Eriksen. Christian est notre plaque tournante, notre principal atout pour augmenter le rendement de l’équipe. C’est un grand professionnel, très modeste, comme la plupart de nos internationaux. Nul ne s’estime supérieur aux autres. ( Il rit encore) Soyez tranquilles: nous n’avons pas de Zlatan. Ce n’est vraiment pas conforme à notre mentalité et ça ne serait pas toléré. »

« Dolberg doit mettre plus de buts »

Avant le match de dimanche dernier contre l’Islande à Copenhague, les deux meilleurs buteurs du Danemark étaient Yussuf Poulsen (26 ans, RB Leipzig) et Martin Braithwaite (29 ans, Barcelone), avec sept buts. « Nous n’avons pas de véritable finisseur pour le moment », relève Preben Elkjaer Larsen, qui place ses espoirs dans les pieds d’un attaquant qui n’a encore que 23 ans.  » Kasper Dolberg possède un énorme potentiel, mais il doit marquer plus de buts. Son efficacité ne reflète pas les qualités intrinsèques qu’il possède. Qualités qui lui ont permis de conduire l’Ajax en finale de l’Europa League contre Manchester United en 2017. Dolberg a un énorme avantage: il est jeune et est encore malléable. Hjulmand va peut-être trouver le moyen de faire de l’attaquant de Nice un joueur de niveau européen. Kasper est brillant, mais pour réussir, un avant doit répondre à un critère: mettre le ballon au fond. » Il éclate de rire une dernière fois. « Je parle d’expérience. »

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