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Europa League: Villarreal veut aller au bout de son rêve

Frédéric Vanheule
Frédéric Vanheule Frédéric Vanheule is redacteur bij Sport/Voetbalmagazine.

Le club de Villarreal vit un conte de fées: ce mercredi, il disputera la finale de l’Europa League face à Manchester United. Grâce à Unai Emery, le Mister Europe des Amarillos.

Imaginez l’Union Saint-Gilloise en finale de l’Europa League… Avec 50.000 habitants, la commune de Saint-Gilles est comparable en nombre à Villarreal, petite ville de la province de Castellón, au sud de la Catalogne. Les véritables fans connaissent le « sous-marin jaune », qui avait déjà fait parler de lui en 2006, lorsqu’il avait atteint les demi-finales de la Ligue des Champions sous la direction de Manuel Pellegrini. À l’époque, déjà, c’était une surprise. D’autant que le Villarreal CF, fondé en 1923, n’avait rejoint la Primera División qu’en 1998. Actuellement, il lutte encore pour un ticket européen via le championnat d’Espagne. Et il occupe la 22e place au ranking européen, derrière Naples et Leipzig.

La plus grande victoire de ce club, c’est de jouer chaque année en Primera División.

Le président Fernando Roig

Un pari

L’ancien employeur de Juan Carlos Garrido – coach du club de février 2010 à décembre 2011, avant de venir au Club Bruges – impressionne aussi par sa régularité. Bien qu’il soit redescendu en Segunda División en 2012-13, il a vite retrouvé sa place parmi l’élite, atteignant directement le top 6 et l’Europe dès la saison suivante. De plus, il a toujours fourni des joueurs de qualité ( Juan Román Riquelme, Robert Pirès, Giuseppi Rossi, Diego Forlán, etc.) et obtenu d’excellents résultats (demi-finale d’Europa League en 2011 et 2016, quart de finale en 2019). La clé du succès? Bien choisir ses entraîneurs.

Fin juillet 2020, le président Fernando Roig (74 ans) a réussi à convaincre le Basque Unai Emery (49 ans) de signer jusqu’en 2023. À la tête de Pamesa, une entreprise familiale de céramique, il a fait le pari de racheter le club en 1997. Auparavant, il avait déjà investi dans le sport: il soutenait financièrement les clubs de football et de basket de Valence. « La victoire la plus importante de ce club, c’est de jouer chaque année en première division », disait-il voici quatre ans. « Avec une participation à une Coupe d’Europe de temps en temps. Le club est stable financièrement. Dans quelques années, notre centre de formation doit nous fournir les joueurs qui composeront notre équipe première. »

Une proie pour les vautours

Le problème des petits clubs bien gérés, stables et professionnels, ce sont les vautours qui rôdent autour. En 2016, Antonio Cordón Ruíz a été recruté par l’AS Monaco. Il occupait le poste de directeur sportif depuis 2016 et avait notamment découvert Antonio Valencia, Jefferson Montero, Diego Godín, Martín Cáceres, Nilmar, Luciano Vietto ou encore Gabriel Paulista. Pablo Ortells, qui lui avait succédé, a quant à lui rejoint le Real Majorque l’an dernier en compagnie de son bras droit Sergio Moya. Le directeur, Raúl Herrera, qui avait longtemps tenu le centre de formation à bout de bras, a quitté le club en 2020 également.

Unai Emery
Unai Emery© BELGAIMAGE

Le sommet de la pyramide, lui, ne bouge pas. Roig, un homme très pragmatique, est assisté au quotidien par son fils Fernando Roig Negueroles. En février 2016, l’ex-international espagnol Marcos Senna, un médian d’origine brésilienne qui a livré 356 matches sous le maillot de Villarreal, les a rejoints au poste de directeur des affaires institutionnelles. « Nos premiers mois sous Unai Emery ont été spectaculaires », a-t-il déclaré à The Athletic. « Tout le monde est heureux que nous ayons relevé le défi, même si chacun a dû s’adapter à la façon de travailler de l’autre. »

Il est évident que Villarreal a engagé un grand entraîneur. Emery a qualifié Valence pour la Ligue des Champions à trois reprises en quatre ans, il a remporté trois fois l’Europa League avec le FC Séville et a été champion de France avec le PSG. Limogé par Arsenal en novembre 2019, l’ex-médian a vu en Villarreal une belle opportunité, car comme à Valence et à Séville, il ne doit penser qu’au football. On lui a donné les pleins pouvoirs sportifs et de bons joueurs. À lui d’assembler les pièces du puzzle. Emery est également satisfait de pouvoir parler en direct avec la présidence, ce qui n’était pas le cas à Paris ou à Londres.

Le gros avantage d’une bonne gestion financière, c’est aussi de pouvoir faire de bonnes affaires, même en temps de crise sanitaire. Le club a vendu Karl Toko Ekambi (parti à Lyon pour 11,5 millions d’euros), Enes Ünal (ex-Genk, transféré à Getafe pour neuf millions d’euros) et son meneur de jeu fétiche Santi Cazorla (Al Sadd SC, Qatar) tandis que le vétéran Bruno Soriano a mis un terme à sa carrière. Et il a dépensé 16,4 millions pour transférer l’arrière gauche de Watford Pervis Estupiñán. Le médian Dani Parejo est arrivé gratuitement de Valence tandis que le médian défensif français Francis Coquelin n’a coûté que cinq millions d’euros.

Routiniers

Emery a misé sur un 4-3-3 et utilise beaucoup l’analyse vidéo. Son bilan est impressionnant. Il a pris 64% des points (1,93 sur 3), son équipe a inscrit 101 buts et n’en a encaissé que 52, toutes compétitions confondues. Il aime faire appel à des joueurs expérimentés et il a réussi à former un véritable bloc. Le gardien Sergio Asenjo (31 ans), les défenseurs Raúl Albiol (35), Pau Torres (24) et Mario Gaspar (trente), la révélation Alfonso Pedraza (25) sur le flanc gauche, le médian central Manu Trigueros (29), le buteur Gerard Moreno (29) et Paco Alcácer (27) sont les joueurs les plus en vue. Carlos Bacca (ex-Club Bruges), aujourd’hui âgé de 34 ans, a également eu du temps de jeu au cours des derniers mois. Le Colombien en a profité pour inscrire cinq buts.

« Unai Emery nous a mis en confiance, il nous a fait comprendre que nous étions capables d’exécuter ses plans », dit Alfonso Pedraza. « Avec lui, tout est très intense: il tire le maximum de chaque individu. »

Recordmen

Buteurs

1. Giuseppe Rossi: 82 buts (en 191 matches)

2. Gerard Moreno: 81 (183)

3. Diego Forlán: 58 (121)

4. Santi Cazorla: 57 (329)

5. Cédric Bakambu: 47 (105)

Matches

1. Bruno Soriano: 423

2. Mario Gaspar: 403

3. Manu Trigueros: 376

4. Marcos Senna: 356

5. Santi Cazorla: 329

Transferts sortants (en millions d’euros)

1. Cédric Bakambu: 40 (2017-2018, BJ Guoan)

2. Eric Bailly : 38 (2016-17, Manchester United)

3. Pablo Fornals: 28 (2019-20, West Ham)

4. Santi Cazorla: 23 (2011-12, Málaga CF)

5. Samu Castillejo: 21,3 (2018-19, AC Milan)

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