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EURO 2021: La France et la magie de l’équilibre (analyse)

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Avec un trident offensif plus fort que jamais, la France a finalement plus souvent désorganisé sa défense que celle des adversaires. Autopsie des maux bleus.

Prenez une équipe championne du monde, lors d’un été russe bouclé avec XX buts marqués en sept matches. Ajoutez-y un Karim Benzema devenu le patron de l’attaque du Real Madrid, et un Kylian Mbappe encore plus fort que lors de ses quatre buts plantés à la Coupe du monde. Sur le papier, la recette complétée par Antoine Griezmann, patron des offensives bleues depuis plusieurs années, permet à la France d’asseoir son statut de grande favorite de l’EURO. Sur le terrain, les hommes de Didier Deschamps quittent la compétition dès les huitièmes de finale, battus par une sélection suisse même pas pointée au rang des outsiders.

C’est l’histoire d’un équilibre fragile. De l’une de ces incohérences qui rendent parfois le football insaisissable. Une équipe plus forte individuellement, prétendument complémentaire, et pourtant totalement chamboulée par sa nouvelle réalité. En Belgique, le Gand symphonique d’Hein Vanhaezebrouck s’était retrouvé bouleversé par l’arrivée de Mbark Boussoufa début 2016. Avec Benzema, la France a perdu sa stabilité. Certainement pas à cause de l’attaquant du Real, auteur de quatre buts en autant de sorties lors de cet EURO. Surtout parce qu’il y a tout le reste.

Si l’association avec Mbappé est alléchante sur le papier, rappelant celle de KB9 avec Cristiano Ronaldo au Real Madrid, le buteur du PSG aime de plus en plus recevoir le ballon dans les pieds malgré un don pour les appels en profondeur. Dans un trident où chacun veut la balle, les rôles se floutent et les complémentarités s’effacent, pour n’apparaître que trop occasionnellement. Le temps d’une combinaison qui doit plus au flair individuel qu’au plan collectif. Plutôt que d’aménager son système électrique, la France attend la lumière.

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null© Getty Images/iStock

En losange, en 3-5-2 ou dans un 4-3-3 où les ailiers s’invitent sans arrêt à l’intérieur, Deschamps ne trouve jamais personne pour prendre la profondeur. Pire, son équipe se déséquilibre, parce qu’amener le ballon aux trois attaquants est plus exigeant pour les défenseurs que le plan de 2018, qui consistait en un long ballon vers Olivier Giroud pour franchir le rond central. Et une défense qui se désorganise est une défense qui s’expose. Celle de la France, pas vraiment audacieuse à l’heure de ressortir proprement le ballon, n’a pas amélioré ses carences tout en affaiblissant ses points forts. Un but encaissé contre la Hongrie, deux contre le Portugal, puis trois contre la Suisse, au bout d’un match qui semblait avoir été sauvé par les exploits individuels de Mbappe, Benzema et un impérial Paul Pogba.

Sans repères, les Français ont perdu dans l’aventure un Antoine Griezmann qui avait magnifié le plan de 2018 mais s’est paradoxalement noyé dans cette densité de talents et de jeu. Jamais plus brillant qu’avec Diego Costa ou Olivier Giroud devant lui, le numéro 7 du Barça n’était plus la pièce-maîtresse du jeu bleu. Un symbole des repères évaporés, au même titre qu’un Benjamin Pavard transformé en piston d’occasion ou qu’un Raphaël Varane trop éloigné de ce point de penalty où il avait régné en Russie.

Par Guillaume Gautier

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