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Espagne: à quoi ressemble la nouvelle Roja?

Improvisé sélectionneur de l’Espagne, le méconnu Robert Moreno aborde son premier grand défi jeudi contre la Roumanie en qualifications pour l’Euro-2020 (20h45/1845 GMT). Avec la volonté d’imprimer sa patte sur la « Roja », mélange de continuité avec l’ère Luis Enrique et d’innovations.

Le jeu: pas de révolution

Après avoir régenté la planète foot le temps d’un triplé historique Euro-Mondial-Euro entre 2008 et 2012, l’Espagne connaît depuis une période de turbulences: elle a connu cinq sélectionneurs en deux ans, dont Robert Moreno, qui a été nommé en juin en remplacement de Luis Enrique (2018-2019), endeuillé par le décès d’une de ses filles.

Mais dès le mois de mars, Robert Moreno, alors adjoint de l’Asturien, assumait l’intérim face à la difficile situation familiale de son mentor et ami. Avec succès: trois matches de qualification à l’Euro, pour autant de victoires, à Malte (2-0), aux îles Féroé (4-1) et contre la Suède (3-0).

Sur ces trois rencontres, la « Roja » est restée fidèle au jeu de passes mâtiné de transitions rapides élaboré par Luis Enrique, qui souhaitait rendre moins prévisible le sacro-saint « toque » espagnol (redoublements de passes).

« Dans l’ensemble, nous allons essayer de parvenir à un jeu similaire à celui que nous avions avant: avoir le ballon de manière intelligente, pas juste pour la possession, et chercher la profondeur quand c’est nécessaire », a déclaré mardi Robert Moreno (41 ans).

Avec un accent mis sur l’efficacité, pour éviter le jeu stérile qui a souvent desservi l’Espagne: « Nous allons avoir l’obsession d’essayer de convertir chaque attaque en situation de frappe », a dit le technicien catalan.

Les joueurs: pas de vaches sacrées

Contrairement à certains de ses prédécesseurs comme Vicente del Bosque (2008-2016), trop fidèle à ses grognards, Robert Moreno assure vouloir mettre de la concurrence à tous les postes.

Sa première liste, dévoilée vendredi dernier, a intégré quelques surprises comme les novices Unai Nuñez (Athletic Bilbao) et Pablo Sarabia (Paris SG), duquel le sélectionneur attend « beaucoup »: « Il peut jouer entre les lignes, offrir des passes décisives et en plus il sait marquer. »

Et les vétérans d’hier n’ont pas de place garantie, a prévenu Moreno, élogieux mais aussi intransigeant au sujet de son capitaine Sergio Ramos.

« Je veux qu’il considère que s’il baisse de niveau, il ne jouera pas », a-t-il souligné. « Il faut qu’il y ait de la concurrence. Quand on pense qu’on est assuré de jouer, cela relâche la pression. Je veux que personne ne relâche la pression. »

De même, au poste de gardien, Robert Moreno promet une rotation entre David de Gea, Kepa Arrizabalaga et Pau Lopez. « La concurrence est une bonne chose », assène-t-il.

Le style: pas dans le moule

En quelques apparitions devant la presse, Robert Moreno a séduit par son franc-parler et sa modestie: les médias ont applaudi mardi quand il a déclaré être prêt à « faire un pas de côté pour retravailler » un jour comme adjoint de Luis Enrique, au nom de l’amitié qu’il lui porte.

Prolixe devant la presse, le Catalan tranche fortement avec l’ironie distante de l’Asturien. Et avec son parcours singulier, celui d’un employé de banque passionné par le football au point d’être devenu entraîneur, il apporte une certaine fraîcheur dans un milieu très codifié.

Ce spécialiste de l’analyse vidéo et des nouvelles technologies, qui a participé à la création d’une maison d’édition consacrée au sport, séduit aussi par sa connaissance tactique très pointue: il est notamment l’auteur d’un livre intitulé « Ma recette du 4-2-2 ».

La seule fois où il a haussé le ton, pour l’instant, c’est au sujet de Media Coach, un logiciel d’analyse vidéo mis au point par la Liga, et dont il a été privé d’accès à cause de la guéguerre entre la fédération espagnole de football (RFEF), et la Ligue professionnelle. Il a réclamé une meilleure collaboration entre les deux instances.

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