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Erling Haaland, un monstre hors norme: sur les traces de sa jeunesse

Les portes de la salle de sport de Bryne, en Norvège, étaient toujours ouvertes, permettant aux gamins de dribbler l’ennui et le rude climat en venant taper dans le ballon. Parmi eux, beaucoup de futurs talents. Et un monstre hors norme: Erling Braut Haaland.

Bryne, c’est la souris qui accouche d’une montagne. La petite cité de 12.000 âmes aux confins de la Norvège a façonné l’étoile montante du football mondial, un colosse de 20 ans qui donne des sueurs froides aux gardiens.

Ce qui risque encore d’être le cas jeudi soir, lors de la finale de la coupe d’Allemagne entre son club du Borussia Dortmund et Leipzig.

C’est dans ce sud-ouest d’un pays, pourtant davantage versé dans les sports d’hiver, que Haaland, couvé du regard par les plus grands clubs européens, a fait ses premières armes.

« Il a toujours marqué », se souvient Alf Ingve Berntsen, qui l’a entraîné dans son enfance. « A 12 ans, il a commencé à jouer avec ceux de 13 ans, il a continué à marquer. Quand il a été retenu en équipe régionale, il a encore marqué. Puis, à 15 ans, il a été convoqué en sélection nationale (cadets, ndlr) et… il a marqué ».

Viking

« On a vu assez rapidement qu’il pouvait devenir un très grand nom. Mais on ne pensait pas que ça se ferait si vite, qu’il serait le meilleur buteur de la Ligue des champions à 19-20 ans » (10 buts cette saison), confie le professeur de sport qui officie dans le lycée régional jouxtant le stade de foot municipal.

Sur le pont décrépit qui se dresse près de l’arène sportive, un slogan: « Une vie, un club ».

Pas de portrait à l’effigie de Haaland, ni de rue à son nom, cela trancherait avec la sobriété des gens du cru.

Mais la toponymie locale laisse deviner que le héros a bien ses racines dans cette région de Jaeren, théâtre jadis d’une épique bataille viking.

Dans cet endroit qui, dit-on, affiche aujourd’hui la plus grande concentration de tracteurs de Norvège, le hameau rural « Braut » diffuse ses odeurs envahissantes d’épandage. Plus loin, la zone industrielle « Håland » aligne des bâtiments rectangulaires sans charme.

Deux noms donnés en héritage au talentueux avant-centre de Dortmund, deux mondes propices aux métaphores: le bulldozer d’un côté, l’usine à buts de l’autre.

« Il marquait tellement »

Né le 21 juillet 2000 à Leeds en Grande-Bretagne où son père Alf-Inge, pro lui aussi, a longtemps joué, Håland – qui a depuis changé son patronyme en Haaland pour le rendre plus digeste à l’international – débarque à Bryne avec sa famille en 2004.

Dans les traces du paternel, le blondinet privilégie le ballon rond à l’athlétisme, sport de prédilection de sa mère, Gry Marita Braut, ex-championne de Norvège d’heptathlon.

C’est ainsi que son chemin va croiser, durablement, celui d’Alf Ingve Berntsen, coach d’un groupe de 40 gamins: 39 garçons – dont ses deux jumeaux – et une fille, future joueuse professionnelle: Andrea Norheim.

« Erling était petit et frêle mais on savait bien que, au vu de ses prédispositions génétiques, il deviendrait probablement un gaillard », se rappelle Alf Ingve Berntsen. « Même s’il était physiquement un peu inférieur aux autres, il marquait tellement de buts qu’on se disait +wow, imagine quand il sera grand et costaud+. »

Ce n’est qu’autour de 15-16 ans qu’Erling fera exploser la toise pour atteindre son 1,94 mètre.

En attendant, il complète les une ou deux séances hebdomadaires d’entraînement en club en retrouvant ses camarades au « Jaerhallen », un terrain de foot couvert, rudimentaire mais ouvert à tous.

« Il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire à Bryne que jouer au football, vous savez », confie Andrea Norheim, ex-attaquante de l’Olympique Lyonnais. « Le week-end, on allait sur le terrain, on n’avait pas besoin de planifier quoi que ce soit, on savait qu’il y avait toujours quelqu’un avec qui on pouvait jouer. »

« Il m’inspire beaucoup »

Même s’il n’était pas chauffé, le bâtiment offrait un abri bienvenu dans un pays où les hivers laissent peu de place au football de rue.

« Le Jaerhallen a permis à Bryne d’accoucher de nombreux talents qui n’auraient pas éclos si cette salle n’avait pas existé », témoigne Stig Norheim, le père d’Andrea, lui-même ancien footballeur de haut niveau.

« Tu pouvais aller t’y entraîner à n’importe quelle heure. Le week-end, les jeunes y allaient à 9 ou 10 heures du matin avec leur casse-croûte et ils y restaient jusqu’à 8 heures du soir », dit-il.

Des heures et des heures d’entraînements auto-organisés, années après années… Les efforts paient: sur les 40 jeunes, cinq – dont Erling et Andrea – finiront par évoluer en sélection nationale.

Enveloppe en plastique de moins en moins hermétique, pelouse synthétique d’origine, le Jaerhallen n’a pas vraiment fière allure mais peut se prévaloir de glorieux états de service.

Profitant des rayons du soleil, des lycéens et lycéennes taquinent le ballon sur le terrain en plein air à côté. Le chauvinisme local se fait discret.

Le meilleur footballeur au monde? Les « Messi » et « Ronaldo » fusent. Le plus prometteur? « Erling »!

« Il m’inspire beaucoup », explique Malin Amilie Liland, apprentie footballeuse de 18 ans. « Qu’il vienne d’un endroit si modeste et joue pour un si grand club… Ça montre que c’est possible ».

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