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Equipe nationale recherche binationaux, pas sérieux s’abstenir

Stagiaire Le Vif

Alors que le football français débat et se déchire sur le revirement de situation dans le dossier Nabil Fekir, la Belgique n’échappe pas au  » marché  » des binationaux. Convoités par la sélection congolaise, nos deux Diablotins, Mpoku et Batshuayi, ont décidé de faire leur coming out, afin d’éviter un imbroglio à la Fekir.

En France, le débat du moment se nomme « Nabil Fekir ». L’ailier lyonnais, grande révélation de la saison de l’Olympique Lyonnais, est un homme très convoité. La sélection algérienne de Christian Gourcuff, s’est tout de suite montrée intéressée par le pied gauche de Fekir. Depuis le début de saison, il préférait jouer la montre et se laisser le temps de la réflexion. Le problème, c’est que son talent crève l’écran. Alors que la sélection algérienne naviguait en solitaire depuis le début de saison, la fédération française est entrée dans la danse, en vue de l’EURO 2016 sur ses terres. Et force est de constater qu’elle a rempli sa mission : Nabil Fekir portera la tunique bleue à l’avenir.

Les choix de sélections de ces binationaux ne nous regardent pas. Il y a tellement de facteurs à prendre en compte, le jeune peut vite avoir la tête qui tourne s’il n’est pas bien entouré. Quand l’avis de la famille, des proches rentre en ligne de compte, la donne se complique. Vais-je me mettre ma famille et mes origines à dos ? Quel meilleur choix pour ma carrière ? Ce sont des questions légitimes pour des binationaux. C’est un choix difficile qui est, en plus souvent, sujet à des débats polémiques, en rapport avec le lien d’attachement. On se souvient des propos malheureux de Willy Sagnol, entraineur de Bordeaux, en 2013 sur le sujet : «  À la rigueur, bon débarras. On a besoin de joueurs qui ont envie de porter le maillot bleu, qui rêvent de porter le maillot bleu et qui sont excités de porter le maillot bleu. C’est ça qui fait des grandes équipes et ce sont ces grandes équipes qui peuvent faire rêver les gens. (…) Je pars du principe qu’un joueur qui, à un moment donné, choisit une autre sélection que la France, c’est un joueur sur qui on n’aurait jamais pu compter dans les moments difficiles. Il nous aurait lâchés à un moment donné ».

« Il s’est montré très convaincant »

Mais ce qui a déclenché cette polémique « Fekir », c’est le revirement extrême du Lyonnais, du jamais vu à ce niveau. Nabil Fekir appelle Christian Gourcuff vers 13h pour s’entretenir : porter la tunique des fennecs algériens l’intéresse, mais il n’est pas encore décidé à 100%. Le problème, c’est que trois heures plus tard, Nabil déclarait qu’il se rétractait et optait pour l’équipe de France. Didier Deschamps, le sélectionneur français et son agent Jean-Pierre Bernès, n’y sont pas étrangers. Les deux compères ont mis un sacré coup de pression au jeune Lyonnais. Assez pour prendre une décision définitive dans l’après-midi. De son propre aveux, Fekir déclara : Il s’est montré très convaincant et m’a dit qu’il comptait sur moi. J’ai très envie de participer à l’Euro 2016″. Mais l’histoire fait tâche, dans les deux pays concernés. Changer d’avis si vite et le tout par voie de presse, était assez maladroit.

« Mettre fin à toute ambiguïté »

Chez nous, c’est un peu l’inverse qui vient de se produire. Deux de nos diablotins les plus talentueux, Paul-José Mpoku et Michy Batshuayi, ont communiqué leurs choix, sans faire de vagues. Mitchy Batshuayi, sous le feu des projecteurs depuis ses récentes prestations olympiennes, a déjà posé le choix de sa future sélection, « afin de mettre fin à toute ambiguïté. » Il a posté sur Twitter les raisons de son choix : « Je suis né en Belgique, c’est le pays dans lequel j’ai grandi, au sein duquel j’ai été formé. J’ai eu la chance et la fierté de porter les couleurs des Diables Rouges depuis un certain nombre d’années maintenant. Ma décision s’inscrit donc dans la continuité de cette vie d’homme et de sportif. » Sa communication est efficace puisqu’il affirme son choix, en dehors de toute tempête médiatique.

Et pourtant, le sélectionneur du Congo, Florent Ibenge, est en tournée en France et en Belgique pour séduire les joueurs aux origines congolaises. « Si des jeunes d’origine congolaise jouent avec la France ou la Belgique, on les soutient aussi car le choix leur appartient. On les pousse à faire du mieux possible mais on leur demande de bien choisir. Pas comme ceux qui ont été bloqués en faisant un seul match, avec la France (N’Zogbia) ou la Belgique (Pelé Mboyo) « . Mpoku, l’autre cible du sélectionneur, attend toujours un signe de Wilmots. Mais à 24 ans, le temps presse pour Paul-José. « Pour le moment, les chances que je choisisse le Congo augmentent. Cela me ferait bien sûr plaisir de jouer pour la Belgique mais le Congo insiste. Le sélectionneur Florent Ibenge m’a dit récemment : ‘Si tu es prêt, appelle-moi’. » Ces paroles du médian de Cagliari démontrent bien tout le démarchage que les fédérations doivent entreprendre pour espérer attirer quelques talents dans leurs filets. Mais à l’inverse de Fekir, ces choix n’ont pas fait les choux gras de la presse. Sans doute parce que ces deux joueurs ont eu une communication claire, exposant leurs motivations de manière sincère. Mais la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain, surtout en football.

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