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Divock Origi : la tête et les jambes

Frédéric Vanheule
Frédéric Vanheule Frédéric Vanheule is redacteur bij Sport/Voetbalmagazine.

Loué par Liverpool, Divock Origi (22 ans) revit à Wolfsburg. Le Diable Rouge avoue même avoir un lien particulier avec le club cher à Volkswagen. « Je joue aussi pour Junior Malanda », dit-il.

À la 19e minute, Divock Origi est envahi par de tristes souvenirs. C’est que les supporters du VfL Wolfsburg scandent le nom du regretté Junior Malanda. Le 10 janvier 2015, le médian de vingt ans, qui portait le dossard 19, est décédé dans un accident de voiture. Origi a joué avec Malanda en équipes d’âge de Lille. « Nous nous voyions tous les jours. Nous étions amis » observe-t-il.

Si Malanda appartient au passé de Wolfsburg, Origi est son présent. L’attaquant de Liverpool lui apporte sa classe. Pour 3 millions d’après le VfL, pour 6,5 millions selon les Anglais. Le fils de l’ancien joueur kényan Mike (ex-Genk et Harelbeke) considère ces dix mois en Allemagne comme une occasion de progresser mais il pense aussi à son ami. « Ici, je joue aussi pour Junior » affirme-t-il.

L’international de 22 ans veut que son bref passage soit davantage qu’une parenthèse. Il nie avoir reculé pour mieux sauter. « Ceci n’est pas un pas en arrière. Chacun suit sa voie et Wolfsburg était le club idéal. » L’employeur de Koen Casteels lui offre ce que ne pouvait lui garantir Jürgen Klopp à Liverpool: du temps de jeu au plus haut niveau. Origi s’est adapté sans ambages à la Bundesliga. Il affirme y avoir été préparé puisque le staff de Liverpool est purement allemand et insiste sur l’organisation et un pressing constant.

La concurrence qui règne chez les Reds a mis Origi dans une impasse. Wolfsburg l’avait déjà remarqué en 2014 mais l’avant lillois lui avait préféré Liverpool. Il était resté une saison de plus en France avant de disputer deux saisons en Angleterre, avec des hauts et des bas, des buts et des blessures. En avril 2016, il y a eu ce coup de Ramiro Funes Mori dans le derby. Résultat : une déchirure des ligaments de la cheville.

« C’était terrible », a confié Origi au Guardian. Il était en pleine forme et avait marqué en Europa League contre Dortmund, à l’aller comme au retour. Fragilisé par sa cheville, il avait été remplacé à la 69e de la finale perdue contre Séville (1-3). A l’EURO français, il avait dû se contenter de deux brèves entrées au jeu contre l’Italie et la Suède. D’un coup, sa carrière si prometteuse, entamée au Mondial 2014, connaissait un coup d’arrêt. « Cette blessure est survenue au moment où j’allais atteindre le sommet » rappelle-t-il.

Avec le numéro 14 de De Bruyne

Divock Origi et le numéro 14 que De Bruyne portait à Wolfsburg.
Divock Origi et le numéro 14 que De Bruyne portait à Wolfsburg.© BELGAIMAGE

La saison passée, l’ancien Genkois a participé à 34 matches et inscrit 7 buts. Un bon bilan mais une analyse plus approfondie révèle qu’il n’a été titularisé que 14 fois et qu’il n’a disputé que cinq matches complets. Il a débuté sur le banc à 20 reprises. Insuffisant pour un joueur qui affirme vouloir devenir « un avant de classe mondiale ». « Je sais que la route est longue mais maintenant, je sais comment le système fonctionne. »

Edin Dzeko, Mario Mandzukic et Kevin De Bruyne ont émergé grâce au club de Volkswagen. Origi a besoin d’un tremplin pour retrouver les grâces de Liverpool, auquel il appartient jusqu’en 2019, ou susciter l’intérêt d’un autre club. Origi porte le numéro 14 de De Bruyne et s’est immédiatement distingué. Le Diable Rouge allie vitesse et technique, il a le sens du but. Il est fort de la tête comme des pieds.

Sa tête joue un rôle particulier : c’est par elle qu’il se distingue des autres footballeurs. Il lit des livres, joue du piano, parle déjà quatre langues et compte bien maîtriser l’allemand dans les plus brefs délais, son mot préféré étant Tor (but). « J’ai appris autrefois le français en six mois », avoue-t-il. Il s’intéresse également à la psychologie. Il a entamé des études et envisage de les reprendre au terme de sa carrière sportive. « Si je n’étais pas devenu footballeur professionnel, j’aurais peut-être été psychologue. »

Le VfL Wolfsburg offre une vitrine intéressante à des joueurs comme lui. Le club est en perte de vitesse mais veut retrouver son rang. C’est aussi une équipe qui oscille entre espoir et incertitude. La dimension mentale est cruciale aux yeux de l’entraîneur, Martin Schmidt. Le Suisse, qui a repris le flambeau le 18 septembre, après le renvoi d’Andries Jonker, a signé une série unique de sept nuls. Il demande à ses joueurs de faire preuve de psychologie.

Il possède en Origi un des jeunes avants les plus convoités d’Europe, un élément qui affirme être capable de jouer à tous les postes offensifs. Renvoyé pour la première fois sur le banc sur le banc par le capitaine Mario Gomez, lors d’un déplacement à Schalke comptant pour la dixième journée, l’international (23 caps) a bien réagi, en montrant sa valeur dès qu’il est monté au jeu.

Ce changement a été un coup de maître de Schmidt puisqu’Origi a égalisé dans les arrêts de jeu, sur une passe de Gomez. Il avait déjà marqué du pied droit contre le Werder Brême (1-1) et de la tête à Leverkusen (2-2), sans oublier un but de la poitrine et un assist à Yunus Malli contre le Hertha BSC (3-3). Origi est donc complet. De la tête aux pieds.

« Une fusée »

Marc Wilmots a toujours eu un faible pour Divock Origi. Le sélectionneur de la Côte d’Ivoire, patron des Diables Rouges de 2012 à 2016, en parle au Kicker. « Pour le Mondial brésilien, j’avais besoin d’un remplaçant à Christian Benteke, blessé. Origi possédait toutes les qualités requises pour l’avant-centre: il est rapide, bon technicien, son tir est vif et précis et, en plus, il est bon dans les espaces réduits et apporte de la profondeur. Son problème, c’était la concurrence à Liverpool. Divock est encore très jeune et il a besoin de temps de jeu pour progresser.

Jürgen Klopp a bien fait de le caser à Wolfsburg, qui doit se féliciter de disposer d’un joueur possédant de telles qualités. Divock est très professionnel. Le fait qu’il veut apprendre l’allemand très vite pour bien faire son métier en est la preuve. C’est une qualité que j’estime énormément. Humainement, il est super, très intelligent. Il a compris qu’il devait saisir sa chance à Wolfsburg. Quand il est en confiance et qu’il a assez de rythme, il est une vraie fusée. »

Par Thomas Hiete & Frédéric Vanheule

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