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David Neres, « samba king » de l’Ajax

Un raid fulgurant sur l’aile, une « samba » dans la surface et une frappe enroulée imparable: l’oeuvre de Neymar? Plutôt de David Neres, révélation brésilienne de l’Ajax qui a permis au club d’Amsterdam d’espérer une qualification en demies de Ligue des champions, mardi contre la Juventus.

« David Neres est le roi du dribble, le gamin de la rue qui ignorait les appels de sa maman quand venait le temps de rentrer à la maison », s’était enflammé Willem Vissers, éditorialiste foot au quotidien De Volkskrant, au lendemain de la prestation éblouissante de l’ailier brésilien (22 ans) lors du quart de finale aller face à Turin (1-1).

Après l’ouverture du score cruelle de Cristiano Ronaldo juste avant la mi-temps, l’une des nombreuses pépites ajacides qui avaient déjà concassé le Real Madrid au tour précédent, a répondu au quintuple Ballon d’Or sur un exploit individuel dès le retour des vestiaires (46e) pour arracher un nul aussi frustrant que plein de promesses.

De quoi déjà rentabiliser sur deux matches les 12 millions dépensés à l’hiver 2017 par l’Ajax pour l’arracher à Saõ Paulo.

Après plusieurs mois d’acclimatation au foot européen et aux principes de jeu très exigeant du mythique club néerlandais, Neres a explosé la saison dernière dans le sillage des pépites locales Frenkie de Jong (21 ans) ou Matthijs de Ligt (19 ans), avant de confirmer sur la scène européenne cette saison.

Sans les droits TV mirifiques de la Premier League ou l’apport de fonds étrangers comme au PSG ou à Manchester City, la réussite de Neres récompense aussi la stratégie des dirigeants de l’Ajax, plus petit budget (estimé à 100 millions d’euros) des derniers quarts-de-finalistes en lice.

Outre sa philosophie de jeu ambitieuse, son centre de formation réputé et un recrutement avisé pour encadrer ses joyaux avec des joueurs d’expérience, le tandem Edwin van der Sar – Marc Overmars a aussi misé sur le « scouting » de jeunes talents encore inconnus.

Première cape avec la Seleçao

Comme Davinson Sanchez, recruté 5 M EUR en 2016 avant d’être revendu 42 M EUR l’année suivante à Tottenham, Neres incarne la nouvelle plus-value à venir dans la tradition de jolis coups qui remonte même à Zlatan Ibrahimovic et Luis Suarez, au début des années 2000.

« J’ai vu son premier match avec le Sao Paulo FC, contre Fluminense (le 17 octobre 2016). Il avait très bien joué et aidé son équipe à gagner 2-1 même si elle avait encaissé le premier but », confie Ledio Carmona, l’un des commentateurs sportifs les plus respectés du Brésil.

« (Son départ précoce en Europe) reflète la situation économique du pays, la disparité entre le football européen et le brésilien. C’est une tendance à l’heure actuelle et ça va continuer. Douglas Costa (Juventus) a très peu joué avec Gremio, tout comme Allan (Naples) avec Vasco, Richarlison (Everton) avec Fluminense ou Vinicius Jr (Real Madrid) avec Flamengo », ajoute le journaliste de SporTV.

Fort de ses prestations remarquées en Ligue des champions, Neres a profité du forfait de Vinicius Jr (18 ans) pour connaître fin mars sa première sélection avec le Brésil en amical contre la République Tchèque (succès 3-1).

Entré en jeu dans la dernière demi-heure, il s’est rapidement montré décisif en étant impliqué dans les deux buts victorieux de Gabriel Jesus (87e, 90e).

« Je crois qu’il a le potentiel pour être un joueur important pour la Seleçao, mais il faut être patient », estime Ledio Carmona. « Il y a beaucoup d’attentes autour de lui et il mérite d’être testé, mais on ne peut pas encore affirmer à coup sûr qu’il sera un joueur incontournable pour l’équipe nationale. »

Avec la superstar Neymar et le « crack » Vinicius, bientôt de retour de blessure, les places risquent d’être en effet très chères pour participer à la Copa America au Brésil cet été (du 14 juin au 7 juillet). Même si l’Ajax et Neres s’offrent un nouvel exploit en C1 ?

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