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« Dans un grand tournoi, le mental est plus important que le talent »

Boulimique du ballon rond, Roberto Martinez n’a pas manqué une miette des événements footballistiques de l’année écoulée. Le sélectionneur des Diables fait le bilan d’une cuvée 2016 marquée par l’EURO, la surprise Leicester ou encore l’hégémonie des clubs espagnols. Extrait.

Le boss espagnol des Diables Rouges a travaillé pendant six mois en Premier League, à Everton. Il connaît donc par coeur les deux plus grands championnats du monde. Le football international n’a plus de secrets pour lui non plus et il a découvert la Jupiler Pro League. Il nous a reçu à l’Union belge, sur fond d’Atomium, pour revenir sur une année 2016 riche en événements footballistiques.

Leicester champion d’Angleterre

 » Le genre d’histoire qui fait que l’on aime le football. C’est rafraîchissant. Le fait que des joueurs moins connus dirigés par un cerveau comme Claudio Ranieri aient pu réaliser cela doit inspirer tout un chacun dans le monde du sport. Je ne pense toutefois pas qu’on reverra cela de si tôt. Et sûrement pas en Premier League. Un an plus tôt, les Foxes avaient failli descendre et, aujourd’hui, ils sont retombés là où on les attendait. Mais ce qu’ils ont fait doit constituer la preuve qu’en football, quand on veut arriver à quelque chose, c’est possible. Bien sûr les grands clubs ont échoué. Ces clubs avaient d’autres obligations – Champions League, Europa League, FA Cup – et ont perdu des points en championnat. Leicester n’avait qu’un objectif et n’a cessé de grandir. La Premier League est plus compétitive que jamais car l’argent donne la possibilité aux clubs de transférer des joueurs de 30 millions et plus « .

La domination du football espagnol dans les coupes d’Europe

 » Les équipes espagnoles sont plus fraîches en fin de saison. Bien plus fraîches que les équipes anglaises, en tout cas. Ce n’est pas un hasard. Je travaille depuis quelques mois avec des garçons qui évoluent dans différents pays et je vois la différence entre ceux qui ont droit à une trêve hivernale et les autres. La Liga est moins compétitive, ça aide. Les grands clubs peuvent se permettre de faire tourner leur effectif. Peu d’équipes pensent pouvoir l’emporter au Camp Nou ou à Santiago Bernabeu. J’ai ressenti cela dès mon premier déplacement à Bernabeu. Sur le terrain, on se sent tout petit. Et plus petit encore lorsque le public se met à crier. En Premier League, si on se donne à 101 %, on a toujours une chance. A Barcelone et à Madrid, on entame le match avec une longueur de retard sur le plan psychologique. La technique est primordiale en Espagne mais ça ne suffit pas. Il faut être au top à tous les niveaux. Les clubs espagnols ont depuis longtemps confiance en leur façon de travailler. Les équipes B évoluent en D2 et c’est l’idéal pour aider des joueurs à s’imposer. Ils sont formés techniquement, tactiquement et physiquement. Mais le plus important, c’est qu’ils acquièrent de l’endurance sur le plan mental et une mentalité de gagneurs « .

L’EURO

 » On se posait beaucoup de questions quant au nouveau format, avec 24 équipes. J’estimais qu’il était très positif que plusieurs pays puissent participer à l’EURO pour la première fois mais ce système permet de se qualifier pour le tour suivant en faisant trois matches nuls. C’est faire la promotion du football négatif et on a vu le résultat: personne ne voulait prendre de risque. Néanmoins, quand une équipe comme l’Islande va aussi loin et bat l’Angleterre, la manière ne compte pas. La fin justifie les moyens. C’est une belle histoire et on oublie tout le reste.

Le pays de Galles est une équipe très bien organisée avec deux joueurs qui étaient dans une forme extraordinaire. De plus, c’était la première fois depuis 1958 que le pays participait à un grand tournoi. Il n’avait rien à perdre et pouvait compter sur deux joueurs de niveau mondial. Je me réjouis de voir le pays de Galles en Coupe du monde car la barre est désormais placée plus haut. Les habitants, surtout, attendent davantage de cette équipe. Pour moi comme pour tous les amateurs de football, la victoire contre les Diables a été une surprise. Le pays de Galles n’avait rien à perdre et on attendait énormément de la Belgique. Je n’ai suivi cela que de loin mais ce fut un choc pour presque tout le monde. Le pays de Galles avait très bien joué jusque là mais on se demandait s’il pourrait reproduire ses dernières prestations. La réponse était donc positive. La Belgique comptait pas mal de blessés et ce match est arrivé à un mauvais moment pour elle. Les circonstances étaient très différentes pour les deux équipes. Plus j’ai analysé ce match, plus j’ai été convaincu de l’importance de l’aspect mental. Dans un grand tournoi, c’est même plus important que le talent. Nous devons en être convaincus et en tenir compte ».

Par François Colin

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