© iStock

Coops, matchs truqués et saison de folie : portrait de Nottingham Forest, le dernier promu en Premier League

Après 23 ans d’absence, Nottingham Forest est de retour en Premier League. Sous la direction de Steve Cooper, le club est passé du bas du tableau à une place de barragiste pour la promotion.

En 1992, Nottingham Forest est l’un des membres fondateurs de la toute nouvelle Premier League, mais sept ans plus tard, il est relégué de la plus haute division anglaise de football. Pendant des années, la retour parmi l’élite a semblé être une chimère. Par quatre fois, Nottingham a disputé les play-offs, mais a été éliminé prématurément.

Cette année encore, le début de la saison n’a pas suscité l’espoir d’un retour en Premier League. Avec un point pris en sept matches, l’équipe a connu son pire départ en 108 ans, ce qui a valu à l’entraîneur Chris Hughton un licenciement. Il a été remplacé par Steve Cooper.

Le club étant en si mauvaise posture, il s’est vu confier une mission : ne pas être relégué. « Quand je suis arrivé, il nous restait encore trois rencontres à jouer avant la pause internationale. Avec les joueurs, nous avons alors formulé un objectif clair : nous voulions être au-dessus de la zone des relégués avant la pause internationale. Nous avons réussi à atteindre ce but, en prenant sept points en trois matchs, et pendant cette trêve, nous avons pu continuer à travailler avec plus de sérénité », raconte le nouveau mage des Reds.

Tombeur d’Arsenal et de Leicester en FA Cup

Avec le nouvel entraîneur, les craintes de relégation ont rapidement disparu, Forest ne perdant plus qu’une seule fois au cours de ses quinze premiers matchs sur le banc. A la mi-saison, tout le monde pouvait donc respirer à City Ground. Lors de l’hiver, quelques renforts sont arrivés et ont permis à l’équipe de poursuivre sa remontée jusqu’à la quatrième place. Nottingham a ainsi pu disputer les barrages pour la promotion. Lors de ces play-offs, le club a obtenu une place en finale après la séance de tirs au but contre Sheffield United. A Wembley, Forest s’est imposé face à Huddersfield Town sur un but contre son camp de Levi Colwill. Les Reds pouvaient ainsi fêter leur retour dans le plus grand championnat du monde. Ils avaient également réalisé une excellente campagne en FA Cup, puisqu’ils avaient réussi à éliminer Arsenal et Leicester City, tenant du titre, avant de mener la vie dure à Liverpool qui mettra un terme à leur aventure.

null
null© iStock

« Coops »

Selon le capitaine Joe Worrall, l’une des forces de l’équipe réside dans sa persévérance : « Nous n’avons pas peur de souffrir sur le terrain, car nous avons connu des moments difficiles en dehors depuis longtemps. Ensuite, une demi-heure difficile dans un match n’est pas un problème ».

En temps normal, le joueur issu du centre de formation de Forest, et qui a excellé sous Cooper, n’aurait pas dû être capitaine. Mais l’habituel détenteur du brassard, Lewis Grabban, s’est blessé trois mois avant la fin de la saison. C’est donc Worrall qui a repris cette tâche. Pour l’aider, l’entraîneur a discuté avec lui des défis et des exigences du rôle. Il a encouragé Worrall à réfléchir à quel capitaine il voulait être. De cette manière, le coach l’a aidé à travailler sur son leadership et sur la manière de faire prendre conscience aux autres de leurs devoirs.

L’entraîneur a des discussions de groupe ou individuelles avec ses joueurs quasiment tous les jours. Il leur demande parfois leur avis sur le fonctionnement du club. L’entraîneur n’aime pas la hiérarchie, il est donc simplement appelé « Coops » par les joueurs de son noyau, mais cela ne veut pas dire qu’il laisse tout passer. Les joueurs qui s’entraînent mal peuvent s’attendre à un commentaire acerbe de sa part.

Cette méthode de travail s’est avérée payante, car Cooper n’a finalement apporté que quelques modifications aux installations d’entraînement. Il a surtout rapproché les supporters et les joueurs. Par exemple, après chaque match, il va saluer les quatre tribunes de City Ground, mais seulement après avoir discuté avec tous les joueurs. Son rituel avec les fans le met sous les feux de la rampe, mais il préfère voir l’histoire comme un travail d’équipe.

Steve Cooper, le coach de Nottingham, se fait appeler simplement
Steve Cooper, le coach de Nottingham, se fait appeler simplement « Coops » par les joueurs de son noyau.© iStock

À Nottingham, l’entraîneur a mis en place une équipe capable de jouer dans plusieurs systèmes tactiques et de pratiquer parfois un beau football offensif. Mais ce qui est encore plus important, c’est la confiance en soi qu’il a insufflée à de nombreux joueurs. Brennan Johnson, par exemple, s’est épanoui sous la houlette de son nouveau coach, alors que Hughton pensait qu’il n’était pas assez bon pour le club. Avec dix-huit buts et dix passes décisives, il est soudainement devenu d’une grande importance pour le club.

Djed Spence a été écarté par Middlesbrough, avant d’exceller sur le flanc droit des Reds sous la direction de Cooper. D’un joueur qui manquait de discipline, il est devenu un phénomène convoité par plusieurs cerlces de Premier League. En janvier, Nottingham a même rejeté une offre de 20 millions pour son ailier.

La confiance était au coeur de la réussite de l’équipe et, selon Max Lowe, prêté par Sheffield United et qui s’est confié à The Athletic : « Nous n’avons peur de personne. Je n’ai pas eu d’adversaire dont j’avais peur. Nous croyons que nous pouvons battre nos adversaires et c’est pourquoi nous marquons beaucoup. Nous continuons toujours et ne changeons pas d’approche ».

Le fait que les joueurs loués ne veulent pas retourner pas dans leur club d’origine en dit long sur la façon dont l’équipe est constituée et sur l’influence de l’entraîneur. Dans les hautes sphères du football du football anglais, le travail de Cooper a été loué. Jürgen Klopp himself a même estimé que ce n’était pas lui, mais l’entraîneur de Nottingham Forest qui aurait dû remporter le prix de l’entraîneur de l’année. Une belle preuve de reconnaissance.

Evangelos Marinakis, le propriétaire de Nottingham Forest, a une réputation sulfureuse.
Evangelos Marinakis, le propriétaire de Nottingham Forest, a une réputation sulfureuse.© iStock

Matches truqués

L’autre personnage majeur de l’histoire de Nottingham Forest est le propriétaire grec Evangelos Marinakis. Il y a cinq ans, il a racheté le club, avec l’ambition de remonter en Premier League. Pour cela, il a réalisé plusieurs investissements dans les joueurs, le stade et les équipements. Pour le retour au sein de la plus haute division du football anglais, il a déjà promis un budget pour tenter de transférer certains joueurs de haut niveau.

Mais entre-temps, il y a une certaine agitation, car la FA enquête pour savoir s’il ne devra pas vendre ses parts dans le club. Le Grec est également propriétaire de l’Olympiakos et en 2017, des accusations ont été portées contre lui pour avoir truqué des matchs dans le championnat grec et pour trafic de drogue.

Il avait été autorisé à acheter Nottingham Forest, mais maintenant la FA enquête pour savoir si les faits qui lui sont reprochés pourraient conduire à une condamnation en Angleterre. Si c’est le cas, il devra vendre ses parts, ce qui porterait un terrible coup aux ambitions du club traditionnel anglais.

Rappelons que Nottingham Forest, fondé en 1865, a remporté le championnat anglais en 1978. Paradoxalement, c’est sur la scène européenne qu’il s’est le plus illustré avec deux victoires en Coupe des clubs champions (1979 et 1980). Tout le monde a aussi en mémoire, pour rester dans le domaine des matches truqués, de la fameuse demi-finale de la Coupe UEFA de 1984 où le président d’Anderlecht Constant Vanden Stock aurait prêté de l’argent à l’arbitre espagnol de la manche retour, Guruceta Muro. Les Bruxellois avaient remporté leur match à Bruxelles 3-0 après la défaite 2-0 à City Ground. Treize ans plus tard, des révélations remettront en cause ce résultat.

Notons enfin que Nottingham Forest possède deux Coupes d’Angleterre à son actif.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire