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Comment le Real choisit ses coaches

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Depuis son retour à la présidence du Real Madrid, le raisonnement de Florentino Perez a presque toujours suivi une logique implacable.

Depuis son retour à la présidence du Real Madrid, le raisonnement de Florentino Perez a presque toujours suivi une logique implacable.

Les critiques ont toujours accompagné les décisions de Florentino Perez, hué par le Bernabeu après la défaite dans le derby. Pourtant, le raisonnement du président du Real Madrid depuis son retour à la tête de la Casa Blanca a souvent suivi une logique implacable. Quand Perez revient au pouvoir à Madrid, le Barça reste sur sa première saison historique sous la houlette de Pep Guardiola. Les Madrilènes ont été balayés 2-6 au Bernabeú, avec Christoph Metzelder, Javi Garcia, Fernando Gago et Gabriel Heinze sur le terrain. Florentino entame donc son mandat avec sa philosophie de toujours : les meilleurs doivent jouer au Real. Il fait signer Cristiano Ronaldo, Kaka et Karim Benzema, et place l’équipe entre les mains de Manuel Pellegrini, réputé pour son beau jeu à la tête de Villarreal.

Le Chilien échoue dans la quête du titre, et le Barça semble toujours invincible jusqu’à ce que José Mourinho et son Inter l’écartent en demi-finale de la Ligue des Champions. Tout paraît alors clair dans la tête de Florentino : le coach portugais doit signer à Madrid. Et tant pis si son jeu ne colle pas aux standards de l’exigeant Bernabeú, car lui seul connaît la recette pour battre le Barça.  » Ils sont allés le chercher pour détruire l’hégémonie du Barça plutôt que pour construire quelque chose « , explique Charly Rexach dans Palabra de entrenador. Avec le Mou, Madrid devient la meilleure machine de contre-attaque du monde, et parvient à reconquérir une Liga face au Barça de Lionel Messi. José a réussi à détruire le Barça. Mais les méthodes guerrières du Special One ont raison de l’unité du vestiaire, et Perez se tourne alors vers le pacificateur qu’est Carlo Ancelotti. Il est temps de construire.

L’Italien bâtit un jeu un peu plus  » positif  » sur les bases installées en trois saisons par Mourinho, et ramène le sentiment de plaisir chez un groupe qui va décrocher la Décima avec un football de plus en plus alléchant. Après le Mondial, Toni Kroos et James Rodriguez débarquent à Chamartín pour franchir un échelon supplémentaire dans le projet de Florentino : son Real ne doit pas seulement être le meilleur, mais aussi le plus beau. Et ça marche, encore. Car pendant les premiers mois de la saison, Madrid propose le plus beau jeu d’Europe, loin devant le Barça encore imparfait de Luis Enrique.

À Anfield, en Ligue des Champions, les nouveaux Galactiques proposent la partition la plus aboutie de l’année. Un chef-d’oeuvre. Le problème, c’est que le rival catalan explose grâce à son trident offensif surpuissant, et que la saison se termine sans trophée. Là, Perez fait une erreur. Il manque de patience alors que son Real a lutté pour tous les titres. Il oublie de comprendre que personne ne gagne des trophées chaque année, et recommence le processus entamé à l’été 2010. Pour détruire le Barça, il choisit la science et le madridismo de Rafa Benitez.

Mais l’Espagnol n’aura jamais la légitimité de Mourinho pour imposer à ce groupe de champions un jeu contre-nature. Sami Khedira et Xabi Alonso ne sont plus là pour instaurer de la rigueur devant la défense, et Benitez manque des atouts majeurs du Special One : le charisme et le palmarès. Mourinho avait pu débarquer en disant à ses joueurs :  » J’ai battu le Barça avec une équipe moins forte que vous, voilà comment on va procéder.  » Mais que peut dire Benitez à un groupe qui jouait mieux que le Barça quelques mois plus tôt ? On ne règne pas sur le vestiaire de Madrid avec une Coupe d’Italie en poche, ni avec une Ligue des Champions vieille de dix ans sur la cheminée…

Par Guillaume Gautier

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