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Cet EURO 2012 aux deux visages…

L’EURO 2020 a suscité de nombreuses interrogations. Mais pareilles incertitudes ne sont pas nouvelles.

Nous avons suivi l’EURO 2012 en Pologne et en Ukraine. Le tournoi avait suscité de nombreuses questions. Les deux pays étaient-ils capables d’organiser une pareille compétition? Parviendraient-ils à se libérer du hooliganisme et du racisme? Devait-on craindre des attentats en Ukraine, des sursauts de nationalisme? Les extrémistes de droite qui terrorisaient le championnat dans les deux pays allaient-ils saisir l’occasion de gâcher cet EURO? Peu de tournois se sont déroulés dans une telle ambiance étouffante d’incertitude.

On s’attendait à de sévères mesures de sécurité. À des contrôles interminables à la frontière. Comme maintenant lors du déplacement de la presse à Saint-Pétersbourg. Un journaliste expérimenté l’a qualifié de voyage le plus difficile de sa carrière. À cause du Covid. Il a fallu rentrer en anglais des formulaires rédigés en russe. Ou l’inverse. Les formalités ont duré des heures.

Rien de tout ça en Pologne. On passait la frontière en voiture sans le moindre contrôle. L’atmosphère était détendue. La Pologne voulait utiliser cet EURO comme catalyseur d’un meilleur avenir, mais la presse n’en pipait pas mot. Elle préférait se moquer de Joanna Mucha, la ministre des Sports, qui s’était ridiculisée quand, assistant à la finale de la Coupe, elle avait demandé comment on procédait au tirage au sort des finalistes. La Pologne n’a pas profité de cet EURO. Du moins pas loin des villes. On pouvait y manger à des prix ridiculement bas, comme nous l’avions découvert le premier jour: un poulet rôti, une salade et un demi-litre de bière revenaient grosso modo à six euros. Pour deux personnes.

Le passage de frontière entre la Pologne et l’Ukraine allait-il être aussi aisé? On avait évoqué un scénario-catastrophe, avec une attente de 24 heures. Mais il y avait une bande spéciale pour l’EURO. Détenions-nous des armes ou des drogues, avait demandé une douanière polonaise avec un charmant sourire? Non? Alors, on recevait un bonbon. Un peu plus loin, les douaniers ukrainiens. Ils étaient moins aimables. Il fallait montrer tout un tas de papiers, mais ça n’avait pas duré plus d’une demi-heure.

L’EURO en Pologne et en Ukraine fut une expérience spéciale. Deux pays au visage différent. L’Ukraine grise et morne, même si ses rues étaient enjolivées par les belles femmes qui y flânaient. La Pologne, avec de nombreuses belles maisons et des buildings rénovés, un pays au visage occidental, même s’il avait aussi un côté plus sombre auquel on était confronté dès qu’on se retrouvait, par hasard, dans un quartier ouvrier. Des mendiants surgissaient, de pauvres diables revêtus de loques, au regard désespéré, en quête de quelques sous. Cette image restait toutefois dissimulée au monde. Ça aussi, c’est monnaie courante durant les tournois, comme au Brésil ou en Afrique du Sud.

Et le hooliganisme tant redouté? Il n’y a eu qu’une confrontation, quand la Pologne a joué contre la Russie. Le déploiement des forces de l’ordre était tel que Varsovie ressemblait à une ville qui se prépare à une invasion, en pleine guerre. De fait, des gens s’étaient empoignés et battus.

Nous avons assisté à beaucoup de matches en Pologne et en Ukraine, à des entraînements et à des conférences de presse, tout en effectuant des interviews. Du nouveau sélectionneur belge, par exemple, dans le lobby de l’hôtel Ibis de Varsovie. Marc Wilmots, qui venait d’être engagé en remplacement de Dick Advocaat, avait raconté vouloir travailler tranquillement, sur le long terme. Il regorgeait d’assurance. Il n’avait pas d’expérience? « Qu’est l’expérience, en fait? », avait-il demandé. Et quand on lui avait dit qu’il devait trouver un nouvel attaquant, en juin 2012 donc, Wilmots avait répondu: « Nous en avons un: Romelu Lukaku. Il faut juste qu’il joue pour acquérir du rythme, ce qui n’est pas le cas. »

Et la finale de ce tournoi? À Kiev, l’Espagne a battu l’Italie et la vie a repris son cours.

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