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Ben Arfa ou l’auto-sabotage

Ce 7 mars, Hatem fête ses 30 ans. S’il sait qu’il est désormais plus proche de la fin que du début, il est encore temps pour lui de rentabiliser un talent indéniable. À condition d’y mettre du sien.

Depuis tout petit, on lui promettait un avenir brillant dans les plus grands clubs d’Europe : Real Madrid, Manchester United, AC Milan … Malheureusement pour Hatem Ben Arfa, cet objectif n’a jamais été atteint et le milieu offensif a dû se contenter de Lyon, Marseille et Newcastle.

Et pourtant, il avait le talent pour y parvenir ! Le natif de Clamart respire le football depuis toujours. Fils d’un ancien international tunisien, il débute au club de Voltaire Châtenay-Malabry dès ses 7 ans. Vitesse, précision, technique hors du commun, autant de caractéristiques adéquates pour le poste d’organisateur de jeu.

Des qualités qui sont d’ailleurs remarquées par plusieurs petits clubs, avant que le Franco-Tunisien n’atterrisse, à 12 ans, à l’INF Clairefontaine, le célèbre centre de formation national français qui a notamment eu pour pensionnaires Thierry Henry, William Gallas ou encore Nicolas Anelka.

Ben Arfa intègre l’INF en étant surclassé au sein de la promotion 1986, rendue célèbre grâce au documentaire « À la Clairefontaine ». D’autres talents comme Sébastien Bassong et Abou Diaby étaient dans la même promo. Ce dernier en est d’ailleurs venu aux mains et aux insultes lors d’une altercation avec Hatem, qui avait déjà visiblement un caractère bien trempé.

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Doué mais timide

Après trois ans de formation à Clairefontaine, le jeune prodige, âgé de 15 ans, est contacté par Saint-Étienne et le Stade rennais. Il décide finalement de rejoindre le centre de formation de l’Olympique lyonnais en 2002, en échange d’une prime de 150 000 €.

L’enfant terrible du foot français est précoce, débutant son premier match de Ligue 1 contre Nice à 17 ans et 5 mois, aux côtés de Florent Malouda et Sydney Govou. Son compteur but reste bloqué jusqu’au 10 novembre 2004 contre Lille en Coupe de la Ligue.

À la fin de la saison, le milieu offensif perd la finale de la Coupe Gambardella, compétition de clubs des U19 français, malgré la présence de Karim Benzema et Loïc Rémy en attaque.

La situation se complique les deux années suivantes sous l’ère Houllier. Malgré une relation saine entre les deux hommes, l’entraîneur français estime que Ben Arfa n’arrivera à maturité qu’à 24 ans, bien qu’il reconnaît le talent du joueur. D’ailleurs, il ne parvient pas à s’imposer comme titulaire parmi de gros calibres tels que Malouda, Wiltord et Govou. Il ne joue donc que 25 matchs de championnat, notamment à cause de problèmes avec le staff. Hatem termine tout de même la saison en étant champion de Ligue 1.

Hatem à l'époque lyonnaise.
Hatem à l’époque lyonnaise.© Dave Winter/Icon Sport

Mais les choses tournent d’une manière complètement différente avec l’arrivée d’Alain Perrin à la tête des Lyonnais. En effet, le numéro 18 trouve enfin sa place dans l’effectif au poste d’attaquant de soutien ou de milieu offensif gauche. Il inscrit 6 buts en 30 journées de championnat et 2 buts en Champions League.

Lyon termine encore champion de France pour la 7e année consécutive (de 2002 à 2008). Il s’agit de la 4e fois d’affilée pour Ben Arfa, qui reçoit le trophée de « Meilleur joueur espoir » de la saison 2007-2008. Cependant, tout n’était pas rose pour Hatem, qui se fait recadrer quelques fois par Alain Perrin car il se « disperse offensivement et abuse de solutions individuelles qui provoquent des pertes de balle ».

Changement d’Olympique

Durant le mercato estival, le milieu de terrain décide de partir pour rejoindre un autre Olympique, celui de Marseille, dirigé par Éric Gerets. L’ancien international belge est réputé pour être un homme de caractère. Il est conscient que le joueur de 21 ans est l’un des plus grands espoirs français, mais l’entraîneur trouve que HBA en fait « trop peu » pour un talent pareil.

La situation s’aggrave quelques mois après lors du Classique contre le PSG au Vélodrome. Gerets demande au Français de s’échauffer mais ce dernier refuse pour protester contre son statut de remplaçant. Le Belge, indigné face un tel comportement, affirme qu’on ne lui a jamais fait ça de sa carrière. Le numéro 20 termine la saison avec les mêmes statistiques que la précédente : 6 buts et 4 assists.

Arrive ensuite Didier Deschamps, ancien joueur de l’OM. L’enfant terrible du foot français est irrégulier et ses performances s’apparentent tout doucement à des montagnes russes. Il est alors obligé de céder sa place à Bakari Koné ou Mathieu Valbuena. Lors du mercato d’hiver 2009-20010, Ben Arfa cherche un nouveau club, sans succès.

Le jeune prodige se réveille durant la seconde partie de saison avec des prestations plus convaincantes, en inscrivant 7 buts et délivrant 3 passes décisives, toutes compétitions confondues. Mais la mentalité n’est toujours pas présente chez le Franco-Tunisien. Lors du match retour des huitièmes de finale de l’Europa League contre Benfica, il entre en jeu dans les dernières minutes et se fait exclure quelques secondes après pour avoir frappé un adversaire. Par la suite, le médian de 23 ans retourne sur le banc marseillais.

Ce comportement agaçait Deschamps, au point que les deux hommes « ne se disaient presque plus bonjour à la fin », explique Jean-Claude Dassier, ex-président du club. « Didier estimait qu’il n’était pas assez pro sur la durée. Faire des coups de génie par intermittence, ça ne fait pas une carrière ». À 23 ans, Hatem remporte tout de même son 5e championnat et une Coupe de la Ligue en prime.

Fiasco anglais

La saison suivante, Ben Arfa part en prêt à Newcastle. Il ouvre son compteur lors de sa première titularisation avec les Magpies. Deux semaines plus tard, Nigel De Jong (Manchester City) accueille le nouvel arrivant d’un tacle ravageur. Résultat : double fracture tibia-péroné de la jambe gauche et six mois d’absence.

Malgré sa blessure, Newcastle officialise son transfert définitif lors du mercato hivernal. Le Français reprend les entraînements en avril 2011 mais ne joue plus aucune rencontre de la saison. Lors des trois exercices suivants, l’attaquant ne dépasse jamais les 30 matchs toutes compétitions confondues.

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Alan Pardew est l’entraîneur qui a dirigé HBA le plus longtemps (quatre saisons). Et c’est la même rengaine qu’avec ses précédents mentors : une bonne relation au début, qui termine invariablement en eau de boudin. L’Anglais l’a souvent laissé sur le banc pour « manque de discipline » et son jeu « trop individualiste ».

2014, nouvelle équipe, nouveau prêt : direction Hull City de Steve Bruce. Une année éclair pour le numéro 34 des Tigers. Trois mois après son arrivée, il est écarté du groupe car « il ne mérite pas d’être dans l’équipe. Avec lui, on doit toujours tout discuter », s’énerve le coach.

Retour au pays et renaissance

Hatem revient en France au mois de janvier pour rejoindre Nice et Claude Puel. Cependant, la FFF n’homologue pas son contrat car il a déjà joué des matchs officiels avec deux clubs (Newcastle et Hull). Or il est interdit de jouer pour trois équipes différentes sur une même saison. Le joueur de 27 ans doit donc patienter jusqu’à l’entame de l’exercice 2015-2016 pour faire ses premiers pas sous le maillot niçois. Dans le Sud, Hatem est immédiatement dans son élément et il retrouve un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis des plombes. Le Parisien se découvre même des qualités de buteur insoupçonnées et frappe à 17 reprises en 34 journées.

Ben Arfa sous le maillot niçois.
Ben Arfa sous le maillot niçois.© Agence Nice Presse/Icon Sport

Puel n’a eu aucune difficulté à le gérer : « Je suis toujours affectif avec mes joueurs. J’ai une approche différente avec chacun, si un joueur a besoin que je lui parle davantage, je vais me rapprocher de lui dans le dialogue. Et Hatem est comme ça ».

Après sa bonne saison niçoise, le PSG achète l’actuel numéro 21 du club de la capitale. Il peine à s’imposer au début, jugé « trop individuel et pas assez défensif » au goût d’Unai Emery. Un refrain bien connu. Il faut dire que la concurrence est rude avec Verratti, Di Maria, Pastore ou encore Matuidi dans l’effectif. En 22 apparitions en Ligue 1 (seulement 5 titularisations), HBA n’a pas trouvé le chemin des filets et semble cantonné à un rôle de joker. S’en contentera-t-il encore longtemps ?

Par Lorenz Blanco (st.)

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