© BELGAIMAGE

Barcelone: Ronald Koeman prône la patience

Ronald Koeman (58 ans) vit sur un volcan, mais reste étrangement serein. Car le Néerlandais connaît les règles qui régissent le club. « C’est dans ce genre de situations que je donne le meilleur de moi-même. »

Après avoir expliqué pourquoi le Bayern avait une classe de plus que le Barça, Ronald Koeman s’est rendu au restaurant Botafumeiro, où staff et joueurs laissent retomber l’adrénaline après un match. Sa femme Bartina l’y attendait déjà. Un verre de vin a fait quelque peu passer la défaite 0-3. Koeman a ensuite réintégré son appartement à Pedralbes.

Le lendemain, une connaissance lui a demandé s’il avait assisté à la réunion de la direction, tard dans la nuit. Les journaux catalans ne parlaient que de ça. Koeman a interpellé la direction: « Pourquoi ne m’avez-vous pas demandé d’y assister? » On l’a rassuré. Comme d’habitude, Joan Laporta s’est énervé, avant de se calmer et de redevenir le président qui analyse la situation plus froidement. Bienvenue à Barcelone, où les apparences sont trompeuses.

Koeman connaît les lois qui régissent le Barça. « Ici, il faut gagner mais parfois, on est confrontés à des adversaires de plus grande qualité. Tout est tout noir ou tout blanc, en Espagne. L’entraîneur perdant est forcément vu comme surclassé tactiquement par le gagnant. Un penalty dans les arrêts de jeu alors que vous avez été le meilleur pendant nonante minutes? C’est une erreur tactique. Je ne demande ni compréhension ni pitié. J’appréhende les faits tels qu’ils sont. On n’a la paix que quand on gagne. »

« J’ai débarqué dans un club qui exige beaucoup de travail de remise à niveau », poursuit Koeman. « Comme à Feyenoord, Southampton et Everton, qui avaient les moyens d’élargir leur noyau, en équipe nationale et ici. La situation de Barcelone n’est pas comparable: il y a une dette de plus d’un milliard, nos meilleurs joueurs sont partis, on ne peut pas en enrôler d’autres et pourtant, la barre est toujours placée aussi haut. Je savais que le Barça n’était pas en bonne santé financière, mais je n’en mesurais pas la gravité. Laporta non plus. Le club est donc pieds et poings liés par la règle du fair-play financier. Laporta est impuissant. Je comprends ses sentiments, car c’est un supporter. Je ne suis pas non plus ravi d’être étrillé par le Bayern, mais je reste réaliste. Le club allemand aligne notamment Serge Gnabry, Lucas Hernández et Kingsley Coman. Nous nous contentons de nos jeunes. L’année passée, on a perdu 2-8 avec Messi et Suárez, maintenant 0-3 avec beaucoup de jeunes et on est restés disciplinés. On doit se demander comment redresser la situation, ce qu’il faut faire pour réintégrer l’élite européenne. Barcelone piétine pour le moment, mais a toutes les chances de redevenir lui-même. On peut être compétitifs cette saison si on dispose de tous nos joueurs. On est privés de footballeurs dotés de profondeur et du sens du but, comme Dembélé, Agüero et Braithwaite. On a aussi de l’or en barre. Fati a 18 ans, Gavi vient d’avoir 17 ans, comme Alex Baldé, Yusuf Demir a 18 ans et Nico González 19. J’oublie Pedri, âgé de 18 ans. Ils sont bons maintenant, mais ils le seront peut-être moins la semaine prochaine. Par contre, dans quatre ans, plusieurs émargeront à l’élite européenne. »

On peut être compétitifs cette saison si on dispose de tous nos joueurs. »

Ronald Koeman

Koeman pense que Lionel Messi a camouflé tous les problèmes. « Il était très bon et gagnait. Bien sûr, il était entouré de bons joueurs, mais il faisait la différence. Grâce à lui, les autres ont l’air meilleurs qu’ils ne sont. Ce n’est pas une critique mais un constat. Avec lui, les anciens n’ont jamais perdu un exercice contre les jeunes. C’est arrivé une fois et Messi en a été furieux pendant une semaine. J’ai eu un entretien avec lui à son domicile à mon arrivée. J’ai été frappé par la manière dont il se sentait impliqué et son intérêt pour le football. »

Depuis son départ, la pression a diminué. Koeman: « Récemment, j’ai vu Ansu Fati tirer à côté, des trois mètres, par manque de concentration. Ça ne se serait pas produit si Messi avait été là. Il se serait fâché. À part Cruijff, je n’ai encore rencontré personne qui possède son intelligence de jeu. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire