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« Au Mondial, on ne doit pas craindre le hooliganisme »

À Bruges et à Anvers, on semble assister à une recrudescence du hooliganisme. « La haine est toujours bien présente, mais les hooligans ne reçoivent plus beaucoup l’occasion de s’affronter », affirme Friso Schotanus, qui a écrit un livre sur le sujet.

Friso Schotanus, spécialiste du hooliganisme, à propos de…

…la naissance du hooliganisme : « À partir du moment où le football est devenu populaire en Angleterre et a commencé à attirer de nombreux spectateurs, on s’est battu le long des pelouses. À l’époque déjà, les gens se comportaient de manière – trop – fanatique. J’ai consulté des tonnes de journaux et j’ai trouvé de nombreux exemples d’incidents, où la police montée a souvent dû intervenir. En 1928, un journal a relaté un incident impliquant mon propre club, le PEC Zwolle, durant lequel on a fait usage de couteaux. Déjà à l’époque, il aurait pu y avoir des morts. »

…du rôle des médias : « Ils ont malheureusement agi comme catalyseurs, en effet. Certaines personnes aiment qu’on parle d’elles. À un moment donné, les journaux ont publié des listes mentionnant les arrestations. Plus il y a de violence, plus les gens veulent que leur nom y soit associé. On le constate avec des clubs populaires comme Feyenoord ou le Standard. C’est comme avec les Beatles et les Rolling Stones : si l’on est un petit peu plus violent, on préfère les Rolling Stones, et Feyenoord plutôt que l’Ajax. »

…d’une éventuelle recrudescence du hooliganisme : « Je ne sais pas. Ce genre d’incidents est devenu rare. Et, lorsqu’ils se produisent, ils font directement la une des journaux, alors que dans les années 80, il arrivait fréquemment qu’une station-service soit saccagée et que des bus étaient attaqués. Avec le PEC Zwolle, je l’ai même vécu moi-même : toutes les vitres de notre bus avaient explosé. »

…du tifo où Defour apparaissait décapité :  » Lors d’un Ajax-Feyenoord, on avait aussi pendu une poupée sur laquelle était écrit le nom de Kenneth Vermeer. Bien sûr, c’est terrible lorsqu’on se place dans la tête du garçon. Même si les footballeurs gagnent bien leur vie et pratiquent un métier à risque, je trouve que le tifo de Steven Defour allait trop loin. Cela dit, on ne peut tout de même pas se comporter de manière trop enfantine : infligez une interdiction de stade au coupable, et basta. »

…de la Coupe du Monde en Russie : « Les grands clubs possèdent de véritables machines de guerre, des gens qui se revendiquent de l’extrême-droite, ce sont presque des milices paramilitaires. Ils reçoivent aussi le soutien de la Douma, le parlement russe. J’ai aussi l’impression qu’il existe certains liens avec la fédération de football, pour faciliter l’achat de tickets par exemple. Cette sorte de hooliganisme, c’est presque du crime organisé. En Ukraine, cela existait aussi, mais il n’y a pas eu d’incident lors de l’EURO 2012. Le gouvernement possède apparemment une certaine emprise sur ces hooligans : « Faites ce que vous voulez, mais pas pendant la Coupe du Monde, sinon on vous retire vos privilèges. » Enfin, c’est une déduction personnelle, mais je n’exclus pas l’hypothèse que ce genre d’accord existe réellement. Vladimir Poutine n’a pas intérêt à ce que des images de bagarres lors de matches de football fassent le tour du monde. Dans d’autres grands pays, les faits de violence sont devenus très rares. Maintenant, si l’Allemagne et l’Angleterre s’affrontent au mauvais endroit, cela peut aussi déraper. Mais je ne pense pas qu’il fasse se faire trop de soucis pour la Coupe du Monde en Russie. »

Par Peter Mangelschots

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Friso Schotanus dans votre Sport/Foot Magazine

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