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André Schürrle, la solitude d’un champion

Le football a fait de lui un homme riche, mais aussi, et souvent, quelqu’un de seul. L’ancien international allemand André Schürrle a annoncé mettre fin à sa carrière pro. À 29 ans seulement.

Tout débute pourtant comme dans un conte de fées. André Schürrle n’a que 18 ans lorsqu’il fait ses débuts en Bundesliga, à Mayence. À l’époque, il est tellement nerveux que son coach, Thomas Tuchel, lui explique calmement qu’il n’existe aucune différence entre une rencontre de jeunes et un match en équipe A. « Il y a juste plus de spectateurs », le rassure l’actuel coach du PSG, d’un ton paternel.

C’est le début d’une ascension fulgurante : deux ans plus tard, le jeune homme file au Bayer Leverkusen, où il se retrouve au volant d’une Audi A8 noire. Son père lui demande même s’il n’est pas devenu fou. Mais l’ailier continue son chemin. En 2013, il signe un contrat de cinq ans à Chelsea, où il vit dans un penthouse avec vue sur la Tamise. Il est international depuis trois ans lorsqu’il s’envole en 2014 pour le Mondial au Brésil, entouré des ses équipiers de la Mannschaft. En finale, il se montre décisif : c’est lui qui délivre l’assist à Mario Götze sur l’unique but du match contre l’Argentine. Ça y est, il est champion du monde !

Ce triomphe prend des allures de malédiction. Schürrle revient à Chelsea après seulement 19 jours de vacances, se blesse et cire le banc sous les ordres de José Mourinho. Chelsea s’en débarrasse. Le chapitre suivant s’ouvre à Wolfsburg, mais la valeur marchande de l’attaquant n’a pas baissé. Le VFL débourse 32 millions d’euros, soit dix de plus que ce que Chelsea avait payé au moment de l’arracher au Bayer. Mais quelque chose ne va pas. Et puisque ses entraîneurs ne cherchent pas à savoir pourquoi un joueur de court plus, il engage un coach mental.

Mi-2016, le Borussia Dortmund s’intéresse à lui. Son père lui déconseille de bouger, il veut que le fiston redevienne totalement lui-même à Wolfsburg, mais André ne veut rien entendre. Il désire à tout prix retrouver le top niveau. Et ça passera par le BVB, où travaille alors son coach de l’époque, Thomas Tuchel. L’histoire va virer au drame : il perd tout plaisir de jouer, ne veut pas parler de ses soucis à ses équipiers, de peur de paraître vulnérable. Il n’ose pas courir dans les rues de Dortmund, craignant la réaction des supporters. Le joueur sombre dans la solitude et s’apitoie sur son sort.

En décembre 2016, il est à la croisée des chemins, lorsqu’il rencontre une ravissante Kazakhe, Anna Sharypova. Celle-ci estime qu’André reporte trop la responsabilité de ses échecs sur les autres et pas assez sur lui-même. Voilà qui renforce les doutes du principal intéressé. Il se demande s’il a encore une place dans un milieu cruel comme celui du foot pro. Le Borussia le prête à Fulham, puis au Spartak Moscou. Schürrle, qui s’est entre-temps marié avec Anna et est devenu papa d’une petite fille de deux ans, cherche un sens à sa vie. Il se lève à 5h du matin pour méditer. Et se pose la question : que serait-il sans le football ? Il se cherche une nouvelle identité. L’argent qu’il a gagné lui offre un sentiment de calme.

En pleine période de Covid-19, il a tout le temps de réfléchir. Il ne doit plus s’entraîner, ne plus faire souffrir son corps. Bien qu’il ait filé au Spartak, le stress ne l’habite plus. L’idée de tout plaquer grandit de plus en plus.

Sa décision est prise, malgré un contrat qui courait à Dortmund jusqu’en juin 2021, et qui lui aurait rapporté six millions d’euros de plus. L’Allemagne entière est abasourdie à l’idée qu’un joueur de foot affichant de tels états de service arrête aussi soudainement. Mais après onze ans au plus haut niveau, et 57 caps en sélection, André Schürrle est soulagé. Il veut maintenant prendre un autre chemin et quitte la scène en silence. Les applaudissements, dit-il, il n’en a plus besoin.

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