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André Gomes : « Je ne prends aucun plaisir sur le terrain »

Dans un monde où il ne fait pas bon se montrer fragile, André Gomes, le médian portugais du FC Barcelone, exprime ouvertement ses doutes et ses angoisses. Extraits.

André Gomes à propos…

…de son état d’esprit actuel: « Je ne me sens pas bien. La situation actuelle a même un impact sur ma vie privée. J’éprouve des difficultés à ne pas ramener mes problèmes à la maison. Je me renferme sur moi-même. Je ne veux plus parler pour ne pas raviver les blessures. C’est difficile à expliquer mais aussi très simple à comprendre. Je ne me sens tout simplement pas bien sur le terrain, je ne m’amuse pas. Mes amis disent que je joue avec le frein à main. Le pire, c’est que j’en suis conscient. Je sais que je suis capable de beaucoup mieux et que c’est ce que les gens attendent mais je n’y arrive pas. Les six premiers mois ont été assez bons, puis ça a changé. Ce n’est peut-être pas le bon mot mais c’est un peu devenu l’enfer parce que j’ai commencé à ressentir davantage de pression. Attention: je supporte la pression, mais pas celle que je m’impose. »

…de la différence match/entraînements : « À l’entraînement, je suis très calme. Bien sûr, il y a des jours où je suis moins en confiance et ça se voit à l’entraînement aussi. Si j’ai joué un match la veille ou l’avant-veille, ça me trotte encore en tête et je n’arrive pas à tourner la page. Mais en match, par contre, je ne me sens jamais bien. »

…de la pression qu’il s’impose : « Je ne m’autorise aucune erreur, ça augmente la pression. Chaque touche de balle doit être parfaite. Or, en football, il ne faut pas trop réfléchir, il faut jouer en mode pilote automatique. Tout a été défini avant et il faut juste l’appliquer, faire tourner l’équipe, faire son boulot. Et moi…Peut-être que je ne prends aucun plaisir parce que je réfléchis trop, je me laisse envahir par des pensées négatives. Je ne dois pas trop réfléchir, ce n’est pas bon. D’abord parce que je ne pense pas à des choses positives et ensuite parce que, pendant que je pense, je n’agis pas. J’ai donc toujours un temps de retard. Et bien que mes équipiers me soutiennent pratiquement toujours, je n’arrive pas à m’exprimer comme ils le souhaitent. »

…de ses pensées négatives : « Il m’est arrivé plus d’une fois de ne pas vouloir sortir. De peur qu’on me reconnaisse. Avoir honte de sortir, vous imaginez… Comme je vous l’ai dit : j’ai du mal à séparer ma vie professionnelle de ma vie privée, avec ma famille. Je n’ai pas de moments pour moi et plus je reste à la maison, plus les pensées négatives s’accumulent. Quand on se rend compte de ça, on n’est pas loin du gouffre et, inconsciemment, on veut sauter. C’est ridicule car je ne suis pas une victime, au contraire. Les gens qui ont un cancer, eux, ils souffrent… »

…de la Coupe du Monde à venir : « C’est un rêve d’enfant qui se réalise. Ou plutôt : la moitié d’un rêve car l’autre moitié, c’est d’être champion du monde. Même si je suis habitué à ce niveau, ça me stresse quand même un peu. Je joue pour mon pays, 11 millions de Portugais dépendent de moi… »

Par Aitor Lagunas

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