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« Anderlecht peut tirer des leçons de l’Ajax »

La victoire de l’Ajax sur le Real est une bonne nouvelle pour les représentants des petites nations, déclare Morten Olsen, qui a joué à Anderlecht et a entraîné l’Ajax. Il livre son analyse.

« Je mentirais en disant que j’ai prédit le succès de l’Ajax au Real », déclare Morten Olsen, qui a entraîné l’Ajax durant la saison 1997-1998 et a été un pilier de la défense d’Anderlecht de 1980 à 1986. De sa villa à Beersel, il peut presque apercevoir le centre de formation des Mauves, qu’il continue à suivre attentivement.

C’est moins le résultat que la manière dont l’Ajax l’a obtenu qui est magnifique. L’Ajax domine. C’est ce qu’il y a de plus beau mais aussi de plus difficile. Tout le monde est capable de défendre mais jouer comme l’Ajax est extrêmement complexe. Ça requiert de la clarté, de l’audace et de la patience.

La bonne nouvelle, c’est qu’en cette époque où l’argent semble être le facteur déterminant, un club issu d’une petite nation mais doté d’une vision est encore capable de réussir. C’est la preuve qu’à terme, s’en tenir à sa philosophie, même dans les moments difficiles, est payant.

Mais cette philosophie doit s’étendre à tous les départements du club, à l’école des jeunes, au scouting, qui doit savoir quel type de joueurs il doit détecter. Et cela vaut aussi pour l’entraîneur. »

Quatre critères

« La tactique de l’Ajax s’appuie sur une stratégie claire. Il n’embauche que des coaches et des joueurs capables d’apporter ce qu’il attend d’eux. Je n’avais jamais joué pour l’Ajax mais son style de jeu correspondait à ma vision du football. Sinon, je n’aurais jamais été engagé. Il y a vingt ans, ils tenaient compte de quatre critères pour sélectionneur leurs footballeurs : technique, vista, personnalité et vitesse. Ces critères restent en vigueur.

Attention, il y a de vives discussions en interne à Amsterdam mais la base ne change pas : il faut être bon ballon au pied et intelligent sur le terrain. On peut introduire une variante mais à ses risques et périls. Une fois, j’ai posté un droitier à gauche. Si ça s’était mal passé, ça aurait pu me coûter mon poste car l’Ajax est très critique, bien plus encore qu’Anderlecht. Un jour, nous avons gagné 2-0 mais nous avons été hués, le public n’ayant pas apprécié la qualité du jeu.

Ce qui m’a frappé la semaine passée, c’est comment l’Ajax s’y est pris. Il n’a pas dégagé le ballon au petit bonheur la chance mais avec une bonne dose d’arrogance amstellodamoise, de bluff. Avant mon passage à l’Ajax, je l’ai vu jouer au Real. Un ailier gauche néerlandais de 17 ans jouait comme s’il avait passé toute sa vie à Bernabeu. C’est grâce à la clarté qu’observe le club dès le début de la formation. »

Tous capables de bien jouer

« Il faut du courage pour jouer ainsi mais aussi des qualités. Ce que je veux dire, c’est que les garçons qui ont battu le Real sont tous capables de bien jouer. L’Ajax n’aurait pas réussi s’il avait aligné un ou deux joueurs moins doués.

S’y ajoute un facteur délicat pour beaucoup de clubs belges. Parfois, il faut dépenser beaucoup pour acquérir ce qui manque à l’équipe. L’Ajax en a les moyens car il a obtenu énormément d’argent grâce à la vente de joueurs. »

Un club belge, comme Anderlecht, peut-il en tirer des leçons? Oui, répond Olsen. « Ce succès signifie qu’il ne faut pas des fortunes pour arriver à quelque chose. Une vision claire dans la formation et le scouting ouvre la voie au succès mais pas immédiatement ni chaque saison. »

Olsen poursuit : « Je suis convaincu que Frank Arnesen va mettre au point une structure semblable au Sporting. Mais ça requiert de la patience et c’est un mot qu’on n’aime pas entendre dans le milieu. D’où cette question : Anderlecht a-t-il cette patience? David Neres a coûté douze millions à l’Ajax mais il n’a pas été titulaire immédiatement. Voyez où il en est maintenant. »

Il conclut : « Il faut inculquer une philosophie claire aux entraîneurs, aux scouts et au staff. Anderlecht a déjà une formation de qualité et il s’occupe du scouting. Accordez un peu de temps à Frank. Anderlecht doit patienter. Sinon, il ne pourra pas progresser. »

Par Geert Foutré

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