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Allemagne-Italie: Neuer et Buffon, les gardiens du temple

Si Allemagne-Italie en quart de finale de l’Euro-2016 fait saliver tous les amoureux du football, le duel à distance Manuel Neuer-Gianluigi Buffon est un délice sans égal pour amateurs de gardiens de buts, tant ils incarnent la perfection à leur poste.

Très peu de joueurs atteignent avant la fin de leur carrière le statut de légende vivante. A 38 ans, Gianluigi Buffon est de ceux-là.

Son incroyable carrière couvre 20 ans au plus haut niveau. Elle n’est peut-être pas finie, car il se voit bien disputer le Mondial-2018 et imiter l’autre légende des gardiens italiens modernes, Dino Zoff, champion du monde à 40 ans en 1982.

Il deviendrait alors le seul joueur de foot à avoir disputé six Coupes du monde.

Au fil des ans, Buffon s’est taillé une place au panthéon de ce poste, aux côtés des Gordon Banks, Sepp Maier ou Lev Yachine, même si, contrairement au portier soviétique, il a échoué de peu dans sa quête d’un Ballon d’Or.

C’était en 2006 et son coéquipier Fabio Cannavaro l’avait devancé, malgré une parade inoubliable sur une tête de Zinédine Zidane en finale de Coupe du Monde.

« Honnêtement, je ne pense pas que cela ait été une injustice de ne pas le gagner. Si je ne l’ai pas gagné c’est que je n’ai pas fait assez, c’est uniquement de ma faute », a jugé Buffon, toujours modeste.

Neuer, le « moderne »

Neuer, désigné troisième meilleur joueur du monde il y a deux ans, derrière les intouchables attaquants Ronaldo et Messi, ferait presque figure de jeunot avec ses 30 ans et trois mois.

Une impression renforcée par son visage presque juvénile à côté de celui, bien plus buriné, de son aîné.

Ses 69 sélections pèsent aussi bien peu à côté des 160 de Buffon, mais l’Allemand n’est arrivé qu’à 23 ans dans les cages de sa sélection, contre 19 ans pour Buffon.

Côté palmarès en sélection nationale: une Coupe du Monde partout (2006 pour Buffon, 2014 pour Neuer), une finale d’Euro perdue contre l’Espagne – respectivement 2012 et 2008 – et un championnat d’Europe Espoirs en 1996 côté italien, 2009 côté allemand.

Les deux confrères, dont le chemins ne se croisent jamais au cours du match, ont des styles assez distincts.

Buffon excelle sur sa ligne et contrôle totalement les abords immédiats de ses cages quand Neuer est beaucoup plus offensif et « moderne » puisqu’il est doté d’un excellent jeu au pied et ne dédaigne pas les escapades hors de sa surface pour soulager sa charnière centrale.

« Il n’y a que des détails qui les différencient », assure Andreas Köpke, l’entraîneur des gardiens allemands et lui-même ancien international à ce poste.

Tous deux invaincus, puisque Sirigu gardait les cages italiennes lors de la défaite sans conséquence contre l’Eire (0-1) en troisième match de poule, « ils ne sont pas importants que dans leur cage », souligne Köpke.

« Atroce déception »

« Par la façon dont ils dirigent la défense depuis leur but ou même en dehors du terrain, ce sont des personnages très importants dans leur équipe », analyse-t-il.

Les deux rivaux se sont déjà affrontés cette saison, à la faveur d’un quart de finale épique de Ligue des champions remporté par le Bayern Munich de Neuer sur la Juve de Buffon (2-2/4-2 a.p.).

« J’ai commis une erreur énorme: après (l’égalisation au match retour à) 2-2 je me suis laissé submerger par une atroce déception », a avoué Buffon, en confessant être un peu sorti du match.

L’Allemagne ne s’attend pas à bénéficier de telles largesses.

« On doit vraiment tirer son chapeau à Gigi Buffon pour le niveau auquel il joue encore et le calme qu’il dégageait pendant le match contre l’Espagne… », complimente un Köpke admiratif.

Un sentiment qu’il éprouve aussi pour son protégé en sélection: « Il veut toujours progresser, il est toujours prêt à s’entraîner davantage ».

Quant à savoir si « Manu » pourra égaler la longévité de « Gigi »… « Pour le moment, il a été préservé de toute blessure grave. Si tout se passe bien, il devrait encore jouer très longtemps à haut niveau. Au Bayern, il n’a pas tant de travail que ça, ça compte presque comme des demi-matches », plaisante Köpke.

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