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A la Juve, la révolution Sarri est pour plus tard

Coriace souvent, brillante parfois, victorieuse toujours: la Juventus de Maurizio Sarri ressemble comme deux gouttes d’eau à la Juventus éternelle et à celle de son prédécesseur Massimiliano Allegri, avec lequel la rupture de style annoncée est finalement assez subtile.

Avec Allegri, la Juventus a gagné cinq championnats et quatre Coupes d’Italie en cinq ans, disputant au passage deux finales de Ligue des Champions. Si le club turinois a choisi d’en rester là, ça n’est donc pas pour un problème de résultats.

Et si la « Vieille Dame » a misé sur un entraîneur dont le style de jeu, le « sarrisme », est tellement identifié qu’il a intégré les pages d’une institution italienne comme l’Encyclopédie Treccani, c’est bien pour proposer un autre type de football à son public.

Au bout du compte pourtant, les temps de passage sont les mêmes. La Juventus a inscrit le même nombre de points en championnat que la saison dernière à la même époque et elle reproduit des schémas anciens: gagner avec un but d’écart – sept fois sur ses neuf succès championnat et Ligue des Champions confondus – et la meilleure défense de Serie A.

Au milieu de ces triomphes étriqués, surgissent tout de même quelques séquences de formidable football, rapide, à une touche, comme l’action du but de Gonzalo Higuain lors de la victoire (2-1) face à l’Inter. Les observateurs alors s’extasient: « Ah, voilà le sarrisme ! ».

150 ballons

L’entraîneur, lui, est trop expert pour tomber dans ce genre de piège. « Ceux qui s’attendent à voir une Juventus qui ressemble à mon équipe de Naples seront déçus », avait-il averti dès le début du championnat.

« Cette équipe a des caractéristiques et il est normal de jouer en fonction de ces caractéristiques », a-t-il encore répété après un match nul 1-1 à Lecce.

« Ce qu’on voit de sa Juventus, c’est qu’il n’a pas les joueurs pour proposer un certain type de football. Alors il se concentre lui aussi avant tout sur les résultats », a résumé lundi Fabio Capello, glorieux ancien du banc turinois.

Sarri (60 ans) savait surtout parfaitement que la mise en oeuvre de ses idées prendrait du temps. Il en a tout de même lancé quelques-unes. Sa défense joue plus haut que celle d’Allegri et Miralem Pjanic, qu’il aimerait voir « toucher 150 ballons par match », est plus que jamais au coeur du jeu.

Mais, catapulté dans un environnement habitué depuis des années à gagner et à le faire à sa façon, sans doute parfois un peu austère, Sarri a eu l’intelligence de ne pas tout renverser et de s’installer dans les souliers un peu usés mais confortables de son prédécesseur.

Style Juve

Il s’est ainsi appuyé sur l’existant, choisissant par exemple Sami Khedira et Blaise Matuidi pour son milieu de terrain quand tout le monde attendait Aaron Ramsey et Adrien Rabiot.

Autrefois réfractaire au turn-over, il s’y est en partie converti à Turin. « Je pense que c’est extrêmement important. Si je ne le faisais pas avant, c’est que l’effectif ne me le permettait pas », a-t-il ainsi expliqué le week-end dernier.

En dehors du terrain aussi, l’ancien coach de Chelsea a su s’adapter au fameux « Style Juve », limitant au maximum les excès de langage en conférence de presse et passant du survêtement à un look « casual-chic » plus conforme aux habitudes locales.

Sa tabagie s’est aussi faite plus discrète, conséquence peut-être de la pneumonie dont il a souffert en début de saison.

Alors, la Juve n’aurait-elle finalement pas plus transformé Sarri que l’inverse ? Pas sûr, car au fond, même à Turin, Sarri reste ce technicien qui s’est construit dans les petits clubs toscans et les divisions inférieures du calcio.

Il l’a rappelé samedi après avoir battu le Torino. « Mon premier Derby remporté ? Ah non ! J’ai gagné trois fois Sangiovannese-Montevarchi ! »

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