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Une victoire sur un vélo de dame: retour sur le Paris-Roubaix d’il y a 75 ans

Jacques Sys
Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Ces prochains jours, nous reviendrons sur les éditions marquantes de Paris-Roubaix. Aujourd’hui, on va évoquer l’Enfer du Nord de 1947, voici 75 ans. C’était la deuxième victoire d’un certain Georges Claes, un Brabançon qui a connu un épisode particulier cette année-là.

La carrière de Georges Claes est intimement liée à Paris-Roubaix. C’est également le nom qu’il donnera au café qu’il ouvrira après sa carrière, à Kerkom, commune située entre Louvain et Tirlemont. Claes a participé à la classique française pour la première fois en 1944. Il fait partie d’une échappée de onze coureurs et a accepté une proposition de l’Italien Jules Rossi, qui lui promet 10 000 francs (250 euros) s’il ne dispute pas le sprint. Mais la manoeuvre de Rossi échouera puisqu’il s’inclinera contre Maurice De Simpelaere. Claes, qui a terminé sixième, ne verra jamais l’argent promis. Une histoire qui le hante encore.

Georges Claes a remporté Paris-Roubaix pour la première fois en 1946. Il était parti pour Paris en train de nuit, un voyage de six heures passé sur des bancs en bois. À Paris, il a dormi avec trois autres coureurs dans une petite chambre mansardée. Pendant la course, on n’a pas eu l’impression qu’il restait sur une journée aussi peu reposante la veille. Claesa reçu de l’argent pour prendre le départ pour la première fois de sa carrière. Après la course, il est reparti dans le train de nuit et était de retour chez lui le lundi.

En 1947, il y a 75 ans, Georges Claes a de nouveau remporté l’Enfer du Nord et c’est sans doute sa victoire la plus mémorable. Les conditions météorologiques étaient si mauvaises qu’à un moment donné, il a envisagé d’abandonner dans la ville suivante et de prendre le train pour rentrer chez lui. Mais comme il avait peur de tomber malade dans ses vêtements mouillés, il ne l’a pas fait et a commencé à remonter les concurrents les uns après les autres jusqu’à ce qu’il casse son cadre à 50 kilomètres de l’arrivée. Sur le coup, Claes était proche du désespoir, mais un spectateur lui a donné un vélo de femme. C’est sur cette monture de fortune qu’il a pu aller décrocher la victoire. En 1994, lorsque Johan Museeuw arrivera au départ avec un cadre spécial de vélo de dame, il ne connaîtra pas le même succès.

Georges Claes aurait bien aimé réaliser la passe de trois en 1948. Là encore, il se retrouve dans un groupe de tête en compagnie de Rik Van Steenbergen. Ce dernier a demandé à Claes ce qu’il obtiendrait s’il l’aidait à gagner. Claes a mentionné un montant que Van Steenbergen a immédiatement doublé. Mais le Grand Rik avait d’autres adversaires sur sa route pavée et s’imposa finalement lui-même sans un coup de main. Claes terminera sur la troisième marche du podium. Le Brabançon est resté un homme très modeste tout au long de sa vie. Lorsqu’il est décédé à l’âge de 74 ans, le texte de sa carte funéraire résumait parfaitement sa vie : « Après une vie caractérisée par le dévouement, la simplicité et la bonté tranquille, il nous a quittés. »

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