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Treizième étape: Saint-Girons – Foix

Tout le monde se souvient du « Tour de huit secondes » de 1989, le plus passionnant de tous. Cette édition variait la longueur des étapes : six étapes plates, voire vallonnées, faisaient plus de 240 kilomètres mais les cinq principales étapes de haute montagne ne comptaient pas plus de 133 kilomètres. Parmi elles, l’étape de Villard-de-Lans (91,5 km).

Auparavant, on avait sporadiquement programmé des étapes courtes, comme en 1895, avec deux demi-étapes de montagne en un jour, de 52 et 83 kilomètres, par l’Aubisque et le Soulor. Mais jamais encore tous les passages des cols n’avaient été aussi courts qu’en 1989. Cela avait eu un impact sur la distance totale de la Boucle : 3.285 kilomètres, le Tour le plus court de tous les temps. Seule l’édition 2002 accuse encore huit kilomètres de moins. Une rupture radicale, deux ans après le Tour 1987, le plus long depuis 1970, avec 4.231 kilomètres, au grand déplaisir des coureurs. Depuis, on n’a jamais dépassé cette distance.

Le parcours less is more de 1989 a induit une trame à s’en ronger les ongles. Malheureusement, les années suivantes, on a fait fi de cette approche rafraîchissante. Le Tour a été rallongé de quelques centaines de kilomètres et, surtout, les courtes étapes de montagne ont disparu : jusqu’en 2011, soit pendant 22 ans, il y en a eu une de 125 kilomètres (Alpe d’Huez, 1991) et six entre 140 et 150 kilomètres. C’est tout. Nous ne prenons pas en compte l’étape raccourcie à cause de la neige de 1996, vers Sestrière. Elle avait été remportée par Bjarne Mister 60% Riis. En 1992, le Tour a même choisi les extrêmes avec ce trio dans les Vosges et les Alpes : Mulhouse (249,5 km), Saint-Gervais (267,5 km) et Sestrière (254,5 km). De quoi se ruer sur l’EPO.

UN CHIFFRE ROND

Ce n’est qu’en 2011 que l’ASO a compris, grâce à la Vuelta : elle a programmé une étape de 109 kilomètres passant par le Galibier et L’Alpe d’Huez. D’emblée, on a eu droit à du spectacle avec Alberto Contador et Andy Schleck. Depuis, les courtes étapes montagneuses sont devenues habituelles, généralement par deux : en 2012, La Toussuire (145 km) et Peyragudes (144 km), en 2013 Le Semnoz (125 km), en 2014 Pla d’Adet (124 km) et Hautacam (145 km), en 2015 La Toussuire (138 km) et L’Alpe d’Huez (110 km), en 2016 Saint-Gervais et Morzine (146 km).

Cette année, toutes les étapes de montagne dépassent les 180 kilomètres, pour atteindre 214,5 kilomètres dans celle de Peyragudes, à une exception : cette étape-ci, qui compte exactement 100 kilomètres. Ce chiffre rond est délibéré pour mettre en valeur la traversée de l’Ariège. Depuis que le Tour a renoncé, en 1990, à organiser deux demi-étapes par jour, le règlement de l’UCI ne l’autorisant plus dans les épreuves WorldTour, aucune étape en ligne n’a été aussi courte, hormis celle des Champs-Élysées en 2011 (95 km).

LA PEUR D’OCAñA

Les coureurs ne franchiront quand même pas la ligne en sifflotant. Le tracé ne compte pas un mètre de plat et un quart de la distance est en pente raide, avec le col de Latrape (5,6 km à 7,2 %, 1 km à 10,6%), le col d’Agnes (10,2 km à 8,1 % – début juin, il y a eu un glissement de terrain mais la route devrait être réparée avant le début du Tour) et, en pièce de résistance, le sommet à 27 kilomètres de l’arrivée : le Mur de Péguère. Les six premiers kilomètres ne présentent qu’une moyenne de 5,5 % mais ensuite, c’est un mur : trois kilomètres à successivement 13 %, 12,6 % et 11 % avec un pic à 18 %.

C’est tellement raide qu’en 1973, le maillot jaune Luis Ocaña est parvenu à convaincre le patron du Tour, Jacques Goddet, de rayer cette côte : le peloton devait la descendre. C’était trop dangereux. L’Espagnol n’avait pas oublié sa chute au col de Menté en 1971, qui lui avait fait perdre le maillot jaune au profit d’Eddy Merckx.

Le Mur de Péguère a effectué ses débuts au Tour en 2012. Sandy Casar l’a franchi en tête, devant GorkaIzagirre, Peter Sagan et Philippe Gilbert, qui formaient le groupe de tête. Malheureusement, le dernier kilomètre était parsemé de clous et les crevaisons ont été légion, Cadel Evans en étant la principale victime. En guise de protestation, le maillot jaune Bradley Wiggins a neutralisé la course jusqu’à ce que tous les coureurs aient repris leur place.

Pour éviter une répétition de l’incident et surtout une nouvelle collision avec un motard – le Mur est très étroit -, Christian Prudhomme a décidé de n’autoriser aucun spectateur le long de la pente. Il ne faut absolument pas gâcher ce qu’il appelle l’étape champagne. En ce 14 juillet, à Contador, toujours bien en jambes, ou à Romain Bardet, de sabrer le champagne.

Aucun spectateur ne sera autorisé dans le Mur de Péguère : il ne faut surtout pas qu’un incident vienne gâcher l’étape champagne.

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