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Tour 2013 – étape 9: la montagne de tous les dangers

Saint-Girons – Bagnères-de-Bigorre: 168,5 km. Avec cinq cols, cette étape promet de belles bagarres… et maints dangers.

Avec cinq cols, cette étape promet de belles bagarres. Entre la dernière difficulté et l’arrivée à Bagnères-de-Bigorre, les coureurs devront négocier une longue descente de plus de 30km. Après avoir dépensé tant d’énergie durant toute la journée, ce n’est jamais un exercice facile. Les cols de Menté et d’Aspet seront abordés et rappellent des événements tragiques. En 1971, Eddy Merckx continue son travail de sape pour récupérer la tunique jaune détenue par Luis Ocaña.

« Le combat, le vrai, s’engagea dans le col de Menté, celui du Portet d’Aspet n’ayant donné lieu qu’à des escarmouches tactiques », lit-on dans la presse française et un livre d’Henri Quiqueré. « Un combat livré dans un four à chaux, cette chaleur invraisemblable et impitoyable qui précède les orages d’apocalypse de la montagne en été. Une fois, deux fois, dix fois, Eddy se dressa sur les pédales pour s’en aller. Une fois, deux fois, dix fois, Luis courba l’échine mais revint dans la roue ennemie. Il semblait certain que ce ne serait pas pour aujourd’hui qu’il céderait. C’est à l’amorce de la descente que la pluie rencontra la course. Des trombes d’eau, un rideau de hallebardes. Avec, quelques hectomètres plus bas, le drame. Eddy dérape dans un virage, Luis qui le suit chute également. L’un et l’autre se relèvent. Eddy, plus prompt, repart, Luis va en faire autant quand surgit Joop Zoetemelk qui le percute de plein fouet. C’est la tragédie. Luis est emmené en hélicoptère vers l’hôpital de Saint-Gaudens. Eddy poursuit la route. A Luchon, on lui tend un micro : – Alors Eddy, cette fois, c’est gagné. Eddy le toise d’un mépris que l’on ne mesure pas et murmure en s’éloignant déjà : – Non, c’est perdu. »

Le lendemain, le Cannibale refuse de porter le maillot jaune. Le Col du Portet d’Aspet fait penser à la chute mortelle du regretté Fabio Casartelli le 18 juillet 1995. Champion olympique sur route à Barcelone en 1992, il n’avait que 24 ans. Les chutes graves en montagne ne se comptent pas. En 1951, la scène reste célèbre : le Néerlandais Wim Van Est bascule dans un ravin en descendant l’Aubisque. On le repère 60m plus bas et il est remonté à l’aide d’une corde de boyaux. En 1960, Roger Rivière peut envisager la victoire finale à Paris. Le destin en décidera autrement. Une chute dans la descente du col du Perjuret brise son rêve, sa carrière et sa colonne vertébrale.

C’est dire si le danger est présent partout dans la montagne. La saveur du jour sera probablement différente par rapport à celle de la veille. La descente vers Bagnères-de-Bigorre permettra peut-être à l’un ou l’autre favori de résorber un retard encaissé dans les cols de la journée. Marcel Janssens a gagné à Bagnères-de-Bigorre en 1959. On peut toujours rêver d’un deuxième succès belge dans cette belle ville.

Jonas Creteur et Pierre Bilic, avec Rodrigo Beenkens

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