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Tour 2013 – étape 5: un premier sprint royal ?

Cagnes-sur-Mer – Marseille: 228,5 km. Il y a gros à parier qu’on reverra Mark Cavendish et les contestataires de son règne dans un exercice de haute voltige.

On quitte le pays d’Auguste Renoir pour celui de Marcel Pagnol, un peintre pour un écrivain. Le scénario idéal, celui dont rêvent les organisateurs, c’est un sprint royal qui ravirait les habitués du Vieux-Port. Il y a gros à parier qu’on reverra Mark Cavendish et les contestataires de son règne dans un exercice de haute voltige. Leurs équipes savent calculer, parfois au millimètre, pour qu’une échappée s’éteigne en vue de la dernière banderole. Ces machines reprennent une minute par tranche de 10km et l’affaire est entendue, c’est tout un spectacle. Plus que Cavendish, un serpent comme le Jova de la grande époque, André Greipel a besoin de toute une structure autour de lui. On le voit dans les 300 derniers mètres : il ne sort jamais du néant à la surprise générale.

Autrefois spécialistes des grands emballages, les Belges gagnaient des tonnes d’étapes avec des gars comme Rik Van Looy, Eric Leman, Walter Godefroot, Roger De Vlaeminck, Freddy Maertens, Eddy Merckx et tant d’autres. Le Cannibale ne terminait jamais un sprint massif au-delà de la huitième place. En Belgique, cette race est en voie de disparition. Cette spécialité semble avoir plus de succès en Angleterre et en Allemagne, où la piste est aussi plus prisée que chez nous.

Une victoire d’étape vaut son pesant d’or en retour publicitaire. On ne voit pratiquement plus de coureurs capables de s’extraire de la meute à un kilomètre du finish et de résister jusqu’au bout, à la Fabian Cancellara. Un coureur belge est entré dans la légende en démarrant près de la flamme rouge: Willy Teirlinck. En 1972, il s’imposa de la sorte à La Grande-Motte, à Pontarlier et à Paris.

Mais il est impossible de parler de Marseille sans évoquer la légendaire étape de 1971. Entre Grenoble et Orcières-Merlette, Luis Ocaña s’empare alors du maillot jaune : Merckx est-il battu pour la victoire finale ? Tout le monde croit qu’on vit un changement d’époque. Merckx ébranle Ocaña dès l’étape suivante, Orcières-Merlette-Marseille, 251km. Dès le départ, c’est toute l’équipe qui attaque, Eddy en tête. Rinus Wagtmans, remarquable acrobate, fonce. L’équipe Molteni rappelle la Faema (Faites Attention Eddy Merckx Attaque) : ce furent 212km de folie, une échappée comme on n’en avait jamais vue. Désarçonné, Ocaña misa sur des alliances dans le peloton. A Marseille, l’Espagnol limita la casse à 2’12 » mais savait déjà que Merckx n’en resterait pas là.

Il y a très peu d’images de cette arrivée : les techniciens n’avaient pas eu le temps d’installer leur matériel sous la pluie. Le maire de Marseille, Gaston Defferre, n’était pas content du tout non plus car il n’avait pas eu le temps de venir jusqu’au podium pour féliciter le vainqueur du jour, Luciano Armani et surtout Merckx. On raconte que la ville de Marseille hésita ensuite plusieurs fois à recevoir une arrivée du Tour de France.

Par Jonas Creteur et Pierre Bilic, avec Rodrigo Beenkens

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