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Tour 2013 – étape 20: une dernière chance de tout exploser

Annecy – Annecy-Semnoz: 125 km. Pour Rodrigo Beenkens, Celui qui a encore des réserves dans cette 20e étape peut toujours tenter le tout pour le tout et essayer de faire exploser le Tour.

Il y a longtemps que le Giro et la Vuelta programment une étape avec une ascension difficile lors de l’avant-dernier jour. Ces dernières années, par contre, ASO ne l’a fait qu’une fois : en 2009, au Mont Ventoux. Les autres fois, c’était soit une étape de plaine, soit un long contre-la-montre qui séparait la dernière étape de montagne du défilé sur les Champs-Elysées. Par contre, l’apothéose au Ventoux s’inscrivait dans la lignée des cols historiques où le Tour se joue depuis 2007: Aubisque (2007), Alpe d’Huez (2008), Tourmalet (2010), Galibier et Alpe d’Huez (2011), Peyresourde/Peyragudes (2012).

Cette année, les organisateurs ont opté pour un col inconnu: l’ascension d’Annecy-Semnoz, dont le sommet n’est situé qu’à 1655 mètres mais n’en est pas moins beau – la vue sur le lac d’Annecy est phénoménale – et pas moins difficile, au contraire : 10,7km d’ascension à 8,5% de moyenne, avec 4km à plus de 9,5%. Celui qui a encore des réserves peut toujours tenter le tout pour le tout et faire exploser le Tour. D’autant que l’étape ne fait que 125km. ASO espère vivre le même scénario que lors des 109km passant par le Galibier et l’Alpe d’Huez en 2011, lorsque Alberto Contador et Andy Schleck s’échappèrent très tôt mais furent dépassés par Pierre Rolland.

Je pense cependant que, cette fois, les cadors attendront l’ascension finale. Le début de l’étape est certes parsemé de quatre cols de troisième catégorie tandis que, dès le 61e kilomètre, les coureurs franchissent le Mont Revard (1463m.) mais celui-ci n’est pas très difficile (15,9km à seulement 5,6%) et, après la descente, il reste 20km de plat avant le début de la dernière ascension. Cela n’invite pas à l’attaque.

Au cours des 99 dernières années, les coureurs du Tour n’ont emprunté qu’une seule fois le Semnoz, qui fait partie du Crêt du Chatillon. Une étape dont on se souviendra puisque c’était en 1998, après l’affaire Festina. Le peloton émincé – toutes les équipes espagnoles s’étaient retirées à cause du dopage – avait gravi l’ascension à son aise en guise de protestation contre les nombreuses perquisitions menées dans les hôtels par la police. Bjarne Riis, porte-parole des coureurs, en avait discuté avec Jean-Marie Leblanc, le patron du Tour: le peloton était d’accord de rejoindre l’arrivée à Aix-les-Bains, mais en groupe. La direction du Tour avait donc décidé d’annuler l’étape.

Le Mont Revard, qui offre une vue fabuleuse sur le Mont Blanc, figurait également au programme de cette étape. Il a d’ailleurs une histoire beaucoup plus riche en matière de cyclisme puisqu’il accueillait chaque année la Classique des Alpes, une course de montagne organisée pour la dernière fois en 2004 et dont le palmarès contient quelques noms connus: Laurent Jalabert (1996 et 1998), Chaba Jimenez (2000), Iban Mayo (2001), Santiago Botero (2002), Francisco Mancebo (2003), Oscar Perreiro (2004).

Felice Gimondi conserve également de bons souvenirs du Mont Revard puisque, en 1965, c’est là qu’il a porté l’estocade à Raymond Poulidor, à l’occasion d’un contre-la-montre. Et ce malgré des ennuis mécaniques. L’Italien a toujours estimé que, sur le plan athlétique, cette victoire était la plus belle de sa carrière.

Eddy Merckx râle toujours lorsqu’il repense à l’ascension du Mont Revard en 1972. Sûr de sa victoire, il avait levé les bras trop tôt et le Français Cyrille Guimard, qui n’avait cessé de l’embêter depuis le début du Tour, l’avait dépassé sur la ligne. Il avait même fallu la photo finish pour départager les deux hommes et Eddy était très énervé. C’est l’une des rares erreurs qu’il ait commises au cours de sa carrière.

Jonas Creteur et Pierre Bilic, avec Rodrigo Beenkens

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