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Rencontre avec le médecin de l’équipe Lotto-Soudal: « Je suis heureux lorsqu’ils franchissent la ligne d’arrivée sains et saufs »

La troisième semaine du Tour de France est celle des jambes lourdes, des corps meurtris et des morts vivants. Servaas Bingé, le médecin de l’équipe Lotto-Soudal, essaie de mener l’expédition vers Paris à bon terme.

Servaas Bingé à propos…

…des problèmes rencontrés dans la troisième semaine de course : « Des problèmes aux fesses, tant au niveau de la peau que des enflures ou des abcès. Il faut voir les coureurs réenfourcher leur vélo pendant la dernière semaine, ils ont beaucoup de mal à trouver une position qui leur offre encore un peu de confort. L’épuisement et la fatigue constituent évidemment aussi un problème : le corps a tout donné et n’en peut plus. Les coureurs peuvent perdre un kilo et demi de muscles pendant ces trois semaines, simplement parce que leur corps n’a pas le temps de récupérer. Il y a des coureurs qui n’ont plus faim, qui ne sont plus capables d’avaler quelque chose. Il faut alors se faire une raison : si un coureur ne sait plus manger, il ne tiendra plus très longtemps. Et puis, il y a des garçons qui sont complètement vidés. Qui doivent abandonner durant la troisième semaine parce qu’ils ne sont plus capables de fournir les efforts nécessaires. Parfois, aussi, ils abandonnent parce qu’ils n’ont plus la force mentale de se remettr

e en selle. »

…de la récupération : « Un coureur peut franchir la ligne en étant trois ou quatre pourcents plus léger à cause de la déshydratation : dans ce cas-là, on est déjà à un point où le corps ne fonctionne plus correctement. Comme on ne peut pas administrer de perfusion, on doit travailler avec des stratégies de boissons énergisantes. On opère de façon individuelle, en fonction du poids du coureur et du liquide qu’il a perdu. En course, ils doivent boire jusqu’à six litres, et le soir, ils doivent parfois encore ajouter trois litres supplémentaires. En plus de ça, un coureur doit ingurgiter entre cinq et huit mille calories par jour. »

…de la sécurité : « Aujourd’hui, lorsque j’assiste à un sprint, je regarde le danger potentiel. Ce n’est qu’après que la passion reprend le dessus et que j’espère que nous gagnerons. Au sein de l’équipe, j’insiste davantage sur la sécurité. On a donné un cours de réanimation à tous les coureurs. En course, avant (avant l’accident de Stig Broeckx, ndlr), je me serais toujours tu, mais aujourd’hui il m’arrive de dire : on ne peut plus prétendre à la victoire, ne prenons pas de risques. Inutile de rouler à 80 km/h. Et je suis toujours heureux lorsque tout le monde a franchi la ligne d’arrivée sain et sauf. Parfois, à l’arrivée, un coureur est dans tous ses états, mais je parviens désormais à relativiser les prestations (il rit). »

Par Loes Geuens

Retrouvez l’intégralité de l’interview du médecin de l’équipe Lotto-Soudal dans votre Sport/Foot Magazine Spécial Compétition

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