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Pas de corruption mais un traitement de faveur pour Armstrong

L’Union cycliste internationale (UCI) n’est pas coupable de corruption mais ses anciens dirigeants ont accordé « un traitement préférentiel » à Lance Armstrong, affirme un rapport d’une commission indépendante publié lundi.

« Il y avait un échange tacite de faveurs entre les dirigeants de l’UCI et Lance Armstrong et ils ont présenté un front commun contre quiconque oserait l’attaquer », explique le rapport de cette commission qui a travaillé durant treize mois. Si aucun nouveau scandale n’est mis au jour, la commission (CIRC) dresse un tableau à charge sur la très grande proximité des anciens présidents de l’UCI, surtout le Néerlandais Hein Verbruggen, avec l’ex-septuple vainqueur du Tour.

« L’UCI l’a vu comme le choix idéal pour la renaissance de ce sport après la scandale Festina (du Tour 1998) », estime la CIRC. Tant par sa nationalité américaine qui « a ouvert un nouveau continent pour le cyclisme » que par son statut de survivant du cancer qui lui a permis de devenir rapidement « une star mondiale ».

Des règles ont été enfreintes

Les trois enquêteurs établissent aussi qu’à plusieurs reprises, l’UCI n’a pas respecté ses propres règles. Entre autres sur les certificats médicaux établis a posteriori pour justifier l’utilisation de corticoïdes, pour le Français Laurent Brochard lors de son titre mondial en 1997 et pour Armstrong dans le Tour 1999.

La commission a reconnu une absence de preuve sur deux autres affaires. D’une part le lien supposé entre le faux contrôle positif du Tour de Suisse 2001 et l’achat par l’Américain de matériel antidopage offert à l’UCI, d’autre part l’éventuel financement par Armstrong, pour partie, du rapport Vrijman commandité par l’UCI en 2005 et censé enquêter sur les révélation de dopage le concernant.

Il reste que le Texan, écarté du sport de compétition en 2012 après sa suspension par l’agence antidopage américaine (Usada), a bénéficié des années durant d’un traitement de faveur de la part de la fédération internationale. Par exemple, la possibilité de recourir en 2009 dès le Tour Down Under en Australie avec quelques jours d’avance par rapport au règlement.

En somme, résume le rapport long de 227 pages, « la direction de l’UCI ne savait pas faire la différence entre le héros Armstrong, le septuple vainqueur du Tour survivant du cancer et modèle pour des milliers de fans, et le coureur Armstrong, doté des mêmes droits et obligations que tout autre cycliste professionnel ».

L’Usada veut des poursuites envers l’UCI

Le patron de l’Agence américaine antidopage (Usada) Travis Tygart a réagi dimanche à la mise en cause des anciens dirigeants de l’Union cycliste internationale (UCI) en espérant qu’ils soient traduits en justice. « Selon la commission indépendante, l’UCI a conspiré pour que ce qui avait été vendu publiquement comme un rapport indépendant soit réécrit par l’avocat d’Armstrong et son agent afin de cacher son recours au dopage », a indiqué Tygart dans un communiqué de l’Usada.

« L’Usada va se mettre en relation avec l’actuelle direction de l’UCI pour obtenir les preuves de cet incident sordide afin d’être sûr que les violations au règlement antidopage liées à cet incident fassent l’objet d’une procédure judiciaire », a-t-il poursuivi.

Tygart qui a rédigé le dossier d’accusation de dopage qui a conduit à la suspension d’Armstrong en juin 2012, a également noté que le rapport avait mis en évidence que Pat McQuaid avait tenté « de faire échouer » la procédure de l’Usada. « L’objectif de McQuaid, par ses actions, était d’empêcher que la vérité concernant Armstrong éclate et que la complicité de l’UCI ne soit pas mise en évidence », a-t-il regretté.

Le patron de l’Usada a salué le travail accompli depuis son élection en 2013 par le nouveau président de l’UCI, Brian Cookson. « Le rapport de la commission d’enquête est un premier pas déterminé pour aller au-delà des échecs passés et l’Usada est déterminée à continuer à travailler avec l’UCI pour un cyclisme propre », a-t-il conclu.

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