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Espagne: l’affaire de dopage Puerto devant la justice

Le procès de l’affaire Puerto, qui a ruiné la réputation du cyclisme espagnol et fait tomber des champions comme Ullrich et Valverde s’ouvre ce lundi. Alberto Contador doit témoigner le 5 février.

Le procès de l’affaire Puerto s’ouvre ce lundi à Madrid, sept ans après le coup de filet de la Garde civile qui avait démantelé un vaste réseau de dopage sanguin, mais n’a abouti qu’à une poignée de sanctions insuffisantes pour laver l’image du sport espagnol.

Même si aucun sportif ne figure parmi les accusés, certains comptent d’ailleurs sur ce procès pour voir le volet sportif de l’affaire renaître de ses cendres, dans la foulée de l’affaire Armstrong, déchu de ses sept victoires sur le Tour de France (1999-2005) des années après les faits.

Le 23 mai 2006, après une enquête de plusieurs mois, la police avait mis la main sur de nombreux produits dopants et quelque 200 poches de sang dans plusieurs appartements de Madrid.
Ce même jour, elle avait arrêté plusieurs responsables – médecins, directeurs sportifs, préparateurs physiques – accusés d’être les organisateurs du réseau.

À partir de lundi, cinq personnes – le sulfureux Eufemiano Fuentes, médecin soupçonné d’être le cerveau du système, sa soeur Yolanda et les anciens directeurs sportifs « Manolo » Saiz (Liberty Seguros), Vicente Belda (Comunitat Valenciana) et son adjoint José Ignacio Labarta – comparaîtront devant la justice.
Le docteur José Luis Merino Batres, inculpé au départ et passant pour « l’expert sanguin » du réseau, a vu son cas « classé provisoirement » pour raisons de santé.

Délit contre la santé publique

Les accusés devront répondre de « délit contre la santé publique » et non d’incitation au dopage puisque l’Espagne n’a adopté une loi antidopage qu’en novembre 2006, six mois après les faits.
C’est d’ailleurs sur cette distinction que pourrait se cristalliser une bonne partie du procès, prévu jusqu’au 12 mars. A deux reprises, en 2007 et 2008, le juge d’instruction avait clos le dossier, en invoquant l’absence de loi antidopage à l’époque des faits et car la faible quantité d’EPO détectée dans les poches de sang saisies ne constituait pas un risque pour la santé. La justice provinciale l’avait obligé à rouvrir l’affaire.

Pour le Parquet – qui a requis contre les cinq accusés deux ans de prison et deux ans d’inhabilitation à exercer leur profession – et pour les six parties civiles, l’enjeu est de prouver que le docteur Fuentes et ses acolytes, en réalisant des autotransfusions à des sportifs afin d’augmenter leur rendement, ont mis en danger leur intégrité physique. Un fait nié en bloc par le docteur Fuentes. Dans son écrit de défense cité par El Pais, le médecin assure que « le sang et le plasma furent toujours conservés dans des conditions idéales » et qu' »aucun des sportifs dans cette affaire n’a été atteint dans son intégrité physique ».

Des assertions que des témoins comme l’ancien cycliste Jesus Manzano, appelé à la barre le 11 février, pourraient réfuter.
Dès 2004, cet ancien coureur de Kelme, une équipe espagnole dont Fuentes était alors médecin en chef, avait dénoncé les pratiques dopantes généralisées dans le peloton, rappelant qu’il avait lui-même subi des autotransfusions de sang frelaté. L’Espagnol Alberto Contador, revenu à la compétition après une suspension de deux ans pour dopage, témoignera, lui, le 5 février.

Seulement six « clients » sanctionnés

Sept ans après les faits, ce procès offre en tout cas au sport espagnol une occasion unique de faire place nette, après la déception qu’avait représenté le volet sportif de l’affaire. Au départ, les enquêteurs avaient en effet affirmé que cette affaire ne concernait pas uniquement des cyclistes. Fuentes en personne avait déclaré au journal français Le Monde avoir eu « d’autres sportifs comme clients: athlètes, joueurs de tennis, footballeurs », avant de se rétracter.

Dans le rapport de la Garde civile était apparue une liste de 58 clients présumés, tous cyclistes, dont seulement six avaient au final subi une sanction sportive: l’Espagnol Valverde, les Allemands Ullrich et Jaksche, les Italiens Basso, Scarponi et Caruso (ce dernier ayant été blanchi par le TAS). Sept ans plus tard, ce procès pourrait relancer les procédures sportives alors que l’Espagne prépare une nouvelle loi antidopage, visant à harmoniser sa législation avec le code mondial antidopage.

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