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Eddy Merckx : « Je ne sais pas comment Armstrong a pu en arriver là »

Les aveux de dopage de Lance Armstrong, lors de l’interview d’Oprah Winfrey diffusée jeudi soir, ont fait réagir un grand nombre de personnalités sportives.

Très proche de Lance Armstrong durant toute la carrière de l’Américain, Eddy Merckx s’est dit très déçu après les aveux d’Armstrong. « Depuis le rapport de l’USADA, j’imaginais bien que les choses allaient mal tourner pour lui, ma déception était déjà énorme à l’époque mais elle l’est bien davantage maintenant », a expliqué Eddy Merckx sur le site du quotidien Le Soir. « Il a avoué, c’est dur à entendre. J’étais pourtant assez proche de lui, il m’a souvent regardé dans le blanc des yeux si on discutait de dopage, c’était évidemment un grand ‘non’. »

Lance Armstrong a avoué avoir eu recours à l’EPO, aux transfusions sanguines, et à la testostérone affirmant aussi qu’il est impossible pour lui de gagner le Tour sans dopage. « C’est un scandale pour les autres coureurs, les autres vainqueurs que d’affirmer cela », a ajouté Eddy Merckx. « C’est tellement facile et hypocrite. La période Armstrong a été difficile pour le cyclisme, cela est arrivé après l’affaire Festina, on a découvert l’EPO etc. mais ce n’est pas une raison pour dire qu’on ne peut pas gagner le Tour sans dopage. Quand les coureurs d’aujourd’hui entendent cela, ils doivent être contents ! Je le répète, je suis extrêmement déçu, je n’avais rien vu venir. Je ne sais pas comment il a pu en arriver là, mentir à tout le monde et tout le temps ».

Greg LeMond : « Armstrong a détruit toute personne qui a réussi dans le cyclisme »

Ancien vainqueur du Tour de France et farouche opposant de son compatriote Lance Armstrong, l’Américain Greg LeMond a avoué avoir été énervé par les aveux de Lance Armstrong.

« Armstrong a détruit toute personne qui a réussi dans le cyclisme. Je suis énervé quand j’entends dire que vous ne pouvez pas gagner le Tour sans dopage. Regardez Andy Hampsten (NDLR : vainqueur du Giro 1988), il y avait aucune chance qu’il soit sur un programme de dopage », a expliqué LeMond sur le site spécialisé Cyclingnews.com.

Vainqueur de la Grande Boucle en 1986, 1989 et 1990, LeMond a remis en cause, une nouvelle fois, le talent naturel « moyen » du l’ex-sextuple vainqueur du Tour déchu. Il va même plus loin. « Si Armstrong avait donné à Floyd Landis et Tyler Hamilton la même chose qu’il prenait, il n’aurait jamais gagné. Ils l’auraient battu », a ajouté encore Greg LeMond.

Walter Godefroot : « Rien de neuf sous le soleil »

Walter Godefroot, le manager des anciennes équipes Telekom et T-Mobile de Jan Ullrich, avoue n’avoir pas vraiment suivi l’affaire Armstrong.

« Je m’apprêtais à aller skier ce matin », déclare Godefroot ce vendredi. « Je suis aux sports d’hiver en Autriche. Je n’ai pas suivi l’affaire Armstrong. De ce que j’en ai appris jusqu’à présent, il n’y a rien de neuf sous le soleil. Ce n’est pas vraiment une surprise. Je vais maintenant profiter de mes vacances et je lirai et regarderai tout en temps voulu ».

Hein Verbruggen : « Une théorie du complot jamais vérifiée »

Le Néerlandais Hein Verbruggen, président de l’Union cycliste internationale pendant le règne de Lance Armstrong, n’a pas entendu dans les aveux de dopage de l’Américain qu’il était question « de complot » avec l’UCI, a-t-il déclaré vendredi.

Souvent dépeint comme un fidèle soutien d’Armstrong, accusé par certains (l’ancien coureur Greg Lemond notamment) d’avoir couvert le Texan, Verbruggen a noté « avec satisfaction » que, dans sa confession, Lance Armstrong « a nié » avoir été protégé par l’UCI. « Après des années de méfiance, je suis heureux (de constater) que cette théorie du complot n’était en fin de compte rien de plus qu’une théorie jamais vérifiée », a déclaré Verbruggen. « Ceux qui (nous) avaient accusé ou soupçonné sont sans doute déçus (par les déclarations d’Armstrong) », a-t-il ajouté.

« Jamais rien n’a été caché », a assuré l’ancien patron du cyclisme mondial ajoutant que « sous (sa direction) l’UCI avait toujours lutté contre le dopage ».

Verbruggen s’est ensuite réjoui des aveux de l’ancien coureur. « C’est une bonne chose que Lance Armstrong ait finalement admis le dopage. Ce n’est pas une surprise qu’il l’ai fait », a-t-il affirmé.

Carlo Bomans : « temps que l’on tire un trait sur toute cette période »

Pour le sélectionneur fédéral Carlo Bomans, on en a assez dit et écrit à propos de Lance Armstrong. « Il est temps que l’on tire un trait sur toute cette période avec des hommes comme Lance Armstrong. Ce petit jeu a duré trop longtemps », selon Carlo Bomans.

« Ce que cet homme a raconté ne m’intéresse plus. Je sais une chose : le cyclisme actuel fonctionne bien. Concentrons-nous là-dessus. Je pense que les gens sont contents des aveux d’Armstrong. Le cyclisme a entretemps pris un virage positif, continuons dans cette direction. Nous devons cependant rester vigilants pour qu’il n’y ait plus de tricheurs. Mais ne devrait-on pas faire cela dans tous les sports ? », conclut Bomans.

Thomas Bach : « trop peu, trop tard »

Thomas Bach, vice-président allemand du Comité international olympique (CIO), a estimé vendredi que Lance Armstrong s’était exprimé « trop peu, trop tard » lors de sa confession télévisée auxEtats-Unis.

« L’interview ne contient aucun fait nouveau, rien qui n’était pas déjà connu à travers le rapport de l’USADA (agence américaine antidopage). Ce que nous avons entendu est nettement insuffisant », a déclaré Thomas Bach. Pour le président du Comité olympique allemand (DOSB), l’ancien coureur texan doit être « interrogé par des experts et ses réponses doivent être complètes ».

Les aveux n’ayant révélé rien de nouveau par rapport au dossier de l’USADA, Bach a considéré qu’il n’y avait « aucune base pour prendre de nouvelles mesures contre Armstrong et le cyclisme ».

Bill Olivier : » La montagne a accouché d’une souris »

Bill Olivier, manager de l’équipe Lotto-Belisol, estime que le cyclisme sera plus propre après les aveux de Lance Armstrong. « On a dit beaucoup de choses, mais peu de choses concrètes sont sorties. C’est ce que j’appelle un show à l’américaine. La montagne a accouché d’une souris », déclare Bill Olivier à Belga. « Lance Armstrong savait ce qu’il devait, et surtout ce qu’il devait dire. L’interiew a été orchestrée, de manière à présenter Armstrong sous un meilleur jour. Nous ne devons pas oublier la vérité dite par le dieux du cyclisme. Il a parfois donné des signaux d’ouverture. Il a en outre dit qu’il ne s’était plus dopé après son come back, car le risque de se faire prendre était trop grand. C’est l’introduction du passeport biologique ».

« En effet, il y a maintenant des meilleurs contrôles, plus ciblés et plus sévères, qui ont pour conséquence que tricher est devenu quasiment impossible. On a resserré les mailles du filet. Celui qui essaie de passer la ligne rouge risque de se retrouver bloqué. Les résultats et les chiffres des coureurs ne mentent pas. Regardez le dernier Tour de France. Les moyennes sont moins élevées qu’avant, malgré le fait que les coureurs ont de bien meilleurs moyens et de techniques d’entraînement. Avant, on voyait des coureurs qui pouvaient placer quatre ou cinq accélérations explosives. Maintenant, les coureurs sont capables de placer maximum deux accélérations de ce genre », poursuit le manager de Lotto-Belisol.

Eric Boyer : « Un homme glacial » pour des aveux « non sincères »

Lance Armstrong est resté cet homme glacial qui a procédé à des aveux non sincères, a estimé Eric Boyer, l’un des animateurs du mouvement « Change cycling now » (Changer le cyclisme maintenant) à propos de la confession télévisée de l’ancien coureur américain.

« Je pensais qu’il aurait plus de sincérité, plus d’humanité », a déclaré Eric Boyer en parlant d’aveux « préparés, travaillés, coachés » qui auront toutefois « des conséquences ». « Il a été acculé par le rapport de l’USADA (agence antidopage américaine). La pression sur lui était insupportable. Il a besoin bien sûr de donner du sens à sa vie, de refaire du sport, du business », a-t-il ajouté en s’opposant à l’un des arguments d’Armstrong, affirmant qu’on ne gagne pas sept Tours de France sans dopage: « C’est une injure pour ceux qui ne se dopent pas ! »

Eric Boyer a estimé que le Texan n’avait procédé qu’à une confession partielle en le comparant à « un iceberg toujours aussi glacial dont les aveux ne sont peut-être que 10 pour cent de ce qu’il a à dire ».

« Le reste ne viendra pas de sa bouche mais ça viendra », a prédit l’ancien coureur français, responsable jusqu’à l’an passé de l’équipe Cofidis, en soulignant qu’Armstrong ne s’était pas étendu sur ses relations avec l’UCI (Union cycliste internationale), Johan Bruyneel, responsable sportif son ancienne équipe, et Michele Ferrari, le préparateur italien qui l’a aidé.

Eric Boyer s’est indigné également de la réaction de l’UCI présidée par Pat McQuaid suite aux aveux d’Armstrong., qu’il a qualifié de « scandaleuse ». « Je n’accuse pas l’UCI de complicité. Mais ils (McQuaid et son prédécesseur Hein Verbruggen) se sont trompés. Ils ont choisi d’accompagner Armstrong dans sa pratique du cyclisme. Ils ont pourtant eu suffisamment d’alertes pour ne pas le faire mais ils ont fait ce mauvais choix », a accusé Eric Boyer.

Philippe Gilbert : les aveux d’Armstrong ? « Pas mon problème »

Comme il l’avait expliqué lors de la présentation de son équipe, BMC, la semaine dernière à Nazareth, près de Gand, Philippe Gilbert estime que les aveux de Lance Armstrong ne le concernent pas. « Toute cette affaire n’est pas mon problème », a répété le Liégeois.

Alors qu’il s’apprête à disputer le Tour Down Under en Australie dès dimanche, Philippe Gilbert a expliqué qu’il n’avait pas regardé l’interview de l’Américain à la télévision. « Je me suis entraîné 4 heures et je trouve ça le plus important. Qu’est-ce que je dois dire ? Toute cette affaire n’est pas mon problème. J’espère maintenant que tout cela est fini, que tout le monde est content et que nous pouvons reparler de la course. Je n’ai pas l’intention non plus de regarder la deuxième partie samedi. Je n’ai pas le temps pour ce show », a réagi Philippe Gilbert depuis l’Australie sur le site du Standaard ce vendredi.

Djokovic : « Armstrong est une honte pour le sport »

« Lance Armstrong est une honte pour le sport », a déclaré le N.1 mondial de tennis Novak Djokovic ce vendredi en marge de l’Open d’Australie. « Ce serait ridicule de sa part de nier l’évidence car il y a eu des milliers de preuves comme quoi il a été contrôlé positif. C’est une honte pour le sport d’avoir un athlète comme lui. Il a trahi le sport. Il a trahi beaucoup de gens dans le monde entier avec sa carrière, avec son histoire », a affirmé le Serbe après sa qualification pour les 8e de finale.

« On devrait lui enlever tous ses titres. Il a mérité de souffrir. Comme beaucoup de gens, j’ai perdu confiance dans le monde du cyclisme. Je suivais avant. Tous ces grands champions, Marco Pantani, maintenant Lance Armstrong…. il y a eu tellement de scandales », a ajouté Djokovic.

« Les joueurs de tennis sont parmi les athlètes les plus propres », a-t-il développé. « Moi ça ne me dérange pas d’être testé 10, 20 ou 30 fois par an. Les règles antidopage sont devenues plus strictes. Tant que c’est pareil pour les autres joueurs, ça me va. »

McQuaid : « pas de collusion entre l’UCI et Lance Armstrong »

Le président de l’Union cycliste internationale (UCI), Pat McQuaid, a souligné que les aveux d’Armstrong étaient « un pas important en avant sur la longue route pour réparer les dommages que cela a causé au cyclisme et pour restaurer la confiance dans le sport ».

« Lance Armstrong a confirmé qu’il n’y avait pas de collusion ou de complot entre l’UCI et Lance Armstrong. Il n’y avait pas de contrôles positifs qui ont été camouflés et il a confirmé que les dons faits à l’UCI étaient destinés à soutenir la lutte antidopage », a ajouté le président de l’UCI dans un communiqué.

« Il est assez troublant de le voir décrire une série d’infractions dont l’usage du dopage durant sa carrière, diriger une équipe, dopé, usant de l’intimidation, mentant constamment et produisant une prescription médicale antidatée pour couvrir le résultat d’un test, » raconte encore Pat McQuaid.

La fondation Livestrong « déçue » qu’Armstrong ait « trompé les gens »

La fondation contre le cancer Livestrong fondée par Lance Armstrong s’est dite jeudi soir « déçue » que le coureur cycliste ait « trompé les gens pendant et après sa carrière de cycliste ».

« Nous, à la fondation Livestrong sommes déçus par les informations selon lesquelles Lance Armstrong a trompé les gens pendant et après sa carrière de cycliste, y compris nous-mêmes », a indiqué la fondation dans un communiqué, tout en disant sa « gratitude » au sportif pour son engagement contre la maladie.

USADA : Armstrong a fait « un petit pas dans la bonne direction »

Le président de l’Agence américaine antidopage (USADA) Travis Tygart a estimé jeudi que Lance Armstrong avait fait « un petit pas dans la bonne direction » en avouant s’être dopé mais qu’il devait désormais témoigner sous serment pour montrer sa sincérité.

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