© belga

Eddy Merckx après le décès de Poulidor: « C’est un grand ami qui s’en va »

Eddy Merckx, légende du cyclisme, quintuple vainqueur du Tour de France, a salué en Raymond Poulidor, décédé mercredi, « un grand ami qui s’en va ».

« C’est une grande tristesse. Pendant ma carrière on était adversaires, mais après je l’ai côtoyé souvent (…) j’ai passé des vacances avec lui, une semaine de neige à Combloux » dans les Alpes françaises, a commenté Eddy Merckx, 74 ans.

« C’est une grande perte, un grand ami qui s’en va », a-t-il ajouté.

Eddy Merckx avait vu Raymond Poulidor encore cette année, en juillet à Bruxelles lors du départ du Tour de France donné dans la capitale belge, a-t-il expliqué.

« On avait passé l’après-midi à regarder à la télévision l’étape du contre la montre par équipes, à trois: Raymond, Alain Courtois et moi », a-t-il souligné.

Poulidor, plus âgé que Merckx, a été en rivalité avec le champion belge sur la fin de sa carrière. Le Français, quasi quadragénaire à l’époque, a notamment fini deuxième du Tour de France 1974, le 5e et dernier remporté par Merckx.

« 74, c’était aussi les championnats du monde à Montréal où je l’ai battu, il était deuxième », s’est souvenu le Belge.

« Un grand monsieur »

Ce décès de « Poupou », annoncé mercredi matin, « c’est une grande tristesse bien sûr », a insisté Merckx, « c’est un grand monsieur qui s’en va, un grand personnage, un monument en France. Il était aimé par tous les Français ».

Héros populaire par excellence et incarnation de l’éternel second, la légende du cyclisme français Raymond Poulidor est décédé mercredi à l’âge de 83 ans, emportant avec lui tout un pan de l’histoire du sport tricolore.

Celui qui était surnommé affectueusement « Poupou » est mort dans la nuit de mardi à mercredi après avoir été hospitalisé début octobre au centre hospitalier de Saint-Léonard de Noblat (centre-ouest de la France), qu’il n’a pas quitté depuis, a annoncé son épouse. Raymond « était très fatigué depuis le dernier Tour de France », avait-elle expliqué peu après son hospitalisation.

Coureur au palmarès remarquable, à huit reprises sur le podium final du Tour de France entre 1962 et 1976, Raymond Poulidor, qui a toujours couru après le maillot jaune, était surtout un champion accessible et laborieux, méritant et malchanceux, des caractéristiques qui ont forgé sa légende tout autant que ses succès au fil d’une carrière terminée à 40 ans passés. Un demi-siècle plus tard, toujours présent au village-départ des étapes du Tour, il continuait à signer des autographes à des admirateurs de tous âges.

Né le 15 avril 1936 dans une famille modeste des Gouttes, hameau d’un petit village de la Creuse (centre-ouest), Masbarraud-Mérignat, Poulidor s’est imposé sur le vélo comme le rival de Jacques Anquetil, sa parfaite antithèse, devenant une figure majeure du sport de la France gaulliste, pompidolienne et giscardienne.

Malgré ses échecs répétés sur le Tour, Poulidor deviendra rapidement « Poupou » pour le grand public, qui appréciait la sportivité et la simplicité du champion.

Plus grand adversaire de Merckx sur le Tour 1974

Son nom est également vite devenu une sorte de marque déposée, une étiquette accolée en France à ceux qui ne savaient pas gagner. Un qualificatif injuste pour celui qui a collectionné 189 succès durant sa carrière. Vainqueur de Milan-San Remo (1961), dès sa deuxième saison chez les « pros » sous la direction d’Antonin Magne, longtemps son mentor, il remporta aussi le Championnat de France sur route (1961), la Flèche Wallonne et le Grand Prix des Nations (1963), le Tour d’Espagne (1964), le Dauphiné (1966 et 1969), Paris-Nice (1972 et 1973).

En 1964, il enleva aussi le Super-Prestige Pernod, désignant le meilleur coureur de la saison. La même année, dans le Tour de France, il livra un duel homérique à Jacques Anquetil sur les pentes du Puy-de-Dôme. Le Limousin parvint à distancer le Normand, mais insuffisamment pour endosser le maillot jaune. A Paris, il s’inclina finalement de 55 secondes.

Il quittera définitivement la compétition à la fin de l’année 1977. Mais avant de tirer sa révérence, il fut le plus rude adversaire d’Eddy Merckx dans le Tour de France 1974 (2e), à 38 ans, avant de monter sur le podium du Championnat du monde à Montréal (2e), toujours derrière le « Cannibale ».

Une fois à la retraite, il resta un personnage incontournable du Tour, cultivant également son incroyable popularité par des activités de consultant et, jusqu’à ces dernières années, des visites à travers la France pour s’occuper des vélos portant son nom.

Contenu partenaire