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Dopage: Jalabert « n’a jamais eu le courage d’assumer »

Après l’annonce du contrôle positif à l’EPO de Laurent Jalabert lors du Tour de France 1998, le monde du cyclisme s’interroge, entre accusations et circonspections.

Une surprise, oui, mais pas totale. Telle est la température des réactions après la révélation du contrôle positif à l’EPO de Laurent Jalabert lors du Tour de France 1998. « Je suis déçu par cette nouvelle et triste à la fois d’apprendre que des produits dopants ont pu être utilisés », s’est ému le président de la Fédération Française de Cyclisme (FFC) David Lappartient au micro de France Inter.

Pour Bassons, Jalabert savait

Christophe Bassons se veut moins sentimental et attaque l’homme. Pour l’ancien coureur de la FDJ contraint de quitter le Tour en 1999 sous la pression du peloton, la théorie du « on ne savait pas » brandie comme défense par Jalabert ne tient pas. « Il savait ce qu’il prenait… Je pense que quand vous prenez de l’EPO… l’effet est énorme », s’alarme le Français dans RTL Midi.

« L’essentiel de sa carrière a été fait dans une équipe espagnole médicalisée par le docteur Fuentes et impliquée dans l’affaire Puerto, ça fait mal », appuie sur RMC Pierre Ballester, journaliste auteur de L.A Confidentiel, livre enquêtant sur les coulisses d’Armstrong.

Antoine Vayer confirme et blâme Jalabert d’avoir gardé le silence. « Il n’a jamais eu le courage d’assumer ce qu’il a fait », a soutenu sur RMC l’entraîneur de Festina entre 1995 et 1998 sur.

Virenque est « surpris »

L’ancien coureur Richard Virenque a, lui, dénoncé une nouvelle attaque contre le cyclisme. « Je suis surpris qu’un journal comme L’Equipe sorte une info quinze ans après. En 1998, on a choisi d’essayer d’enrayer tout ça et on est rentré dans le Tour de France. Je ne trouve pas normal qu’on dise que les cyclistes sont dopés. Il est clair qu’il y a eu des problèmes mais pourquoi on n’est pas allé dans le foot ? Pourquoi on n’est pas allé dans d’autres sports ? Dans tous les sports, il y a un laxisme qui existe », a-t-il réagi sur Europe 1.

« Un jour, on va déterrer nos glorieux anciens du siècle dernier pour les fouiller. Je trouve cela ridicule et comme par hasard cela arrive à 4 ou 5 jours avant le départ du Tour de France. Tout cela est dirigé pour salir notre sport », a critiqué Philippe Crépel, ancien agent de Jalabert.

De son côté, David Lappartient refuse ce procès et veut croire que les choses vont dans le bon sens. Cela nous ramène à il y a 15 ans et depuis le cyclisme a radicalement changé, l’exemple français a été copié au niveau international. Il y a encore quelques coureurs dopés dans le peloton, (…) pour autant, le cyclisme n’a jamais été aussi sain et il faut continuer nos efforts ».

« Une lutte qui n’a pas de fin »


« Il est un peu tard pour divulguer plein de choses. », a expliqué sur RMC le champion du monde 1997 Laurent Brochard, coureur chez Festina entre 1995 et 1999. Cette volonté de révéler des affaires passées inquiètent d’ailleurs beaucoup Christophe Bassons. « Ce qui me fait peur c’est que je n’ai pas envie qu’on focalise sur le passé et qu’on ferme les yeux sur le présent », craint-il. « Quinze ans après, on ne réécrit pas l’Histoire », ajoute Daniel Baal, président de la FFC de 1993 à 2001.

Marie-Georges Buffet appelle à continuer le combat. « C’est une lutte qui n’a pas de fin. Tant qu’il y aura de l’argent dans le sport, tant qu’il y aura une envie de gagner à tout prix, il y aura dopage », assure sur Europe 1 celle qui était Ministre des Sports entre 1997 et 2002. « Il faut qu’on fasse un état sanitaire réel du cyclisme » réclame Bassons afin de « purger l’ensemble de ce passé », complète Lappartient.

Le sénateur Alain Néri regrette le manque de sincérité du vainqueur du Tour d’Espagne 1995 devant la commission d’enquête du Sénat sur l’efficacité de la lutte antidopage. « Laurent Jalabert nous a dit très tranquillement que le soir, à la Once, on avait un soin. Est-ce qu’on était dopés? Non, je ne le pense pas. Il s’est parjuré. Il avait l’occasion de dire la vérité devant cette commission. Je regrette qu’il ne l’ait pas dite », a-t-il déclaré sur Europe 1.

Christopher Buet (L’Express.fr)

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